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RDC : Fraude dans le commerce extérieur, Paluku évalue à USD 5 milliards le manque à gagner

«La RD-Congo est capable de produire localement tous les produits interdits d’importation», a rassuré Julien Paluku, ministre du Commerce extérieur, lors d’un briefing spécial co-animait, mercredi 14 août à la RTNC 3, avec son collègue de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe. «Plus jamais question d’importer des produits quand leur production locale est suffisante», a-t-il insisté au cours de cet échange avec les professionnels des Médias qui a eu comme thème central: «Les mesures de protection de la production locale, opportunité, enjeux et perspectives».

Le porte-parole du gouvernement a, lors de sa prise de parole pour ouvrir le feu, rappelé la décision prise dernièrement par le ministre Julien Paluku interdisant l’importation des bières et autres boissons de la Zambie vers la RD-Congo et la réaction directe de ce pays voisin allant jusqu’à la fermeture de ses frontières avec le Congo-Kinshasa. La Zambie, au lieu d’aller si loin, aurait dû à son tour prendre une mesure de réciprocité, en s’interdisant par exemple l’importation de la RD-Congo d’un autre produit. Julien Paluku a expliqué les raisons qui ont poussé la RD-Congo à interdire l’importation de certains produits venant de la Zambie, faisant savoir que l’accord de l’Organisation mondiale du commerce -OMC- définit, par exemple, la manière dont les marchandises peuvent entrer dans un pays, et dont un pays sauvegarde sa production lorsqu’il sent que celle-ci est menacée.

Pour le patron du Commerce extérieur, le gouvernement RD-congolais tient à la protection de la production locale d’autant plus que certaines pratiques utilisées par les pays voisins privent au pays beaucoup de ses recettes. S’agissant de ces pratiques, lesquelles font échapper à la RD-Congo plusieurs sommes d’argent par an, Julien Paluku en a cité quelques-unes. Et en premier lieu, le phénomène de fractionnement des marchandises. 

Sur ce point, les Etats voisins de la RD-Congo pratiquent le transbordement de marchandises, c’est-à-dire, les containers quittent un point X avec comme destination finale la RD-Congo. Mais seulement avant d’arriver dans ce pays, ils passent par plusieurs autres pays voisins qui ouvrent ces containers et soutirent des produits, faisant en sorte que ces marchandises qui arrivent en RD-Congo bénéficient du régime transfrontalier, soit par moto, par trottinette, ou par le moyen des personnes vivant avec handicap. Conséquences: les pays qui ont ouvert ces containers bénéficient de taxes alors que la RD-Congo perd énormément de recettes.

«Nous perdons jusqu’à 5 milliards USD à cause du phénomène de transbordement. Le pays perd des recettes qui pouvaient même être affectées à la construction des routes», a déploré Julien Paluku. En deuxième lieu, il s’agit du phénomène de dumping qui consiste en ce qu’une firme étrangère vend des produits à des prix artificiellement bas sur le marché voisin. Cela se produit parfois lorsque certains pays subventionnent injustement des produits ou que des entreprises ont produit en excès et vendent leurs produits à prix réduit sur d’autres marchés. En troisième lieu, c’est la subvention de l’Etat. L’Etat subventionne l’agriculture pour baisser le coût de vie de la population locale, mais seulement ils prennent ces marchandises et les renvoient en RD-Congo à un prix hors toute concurrence. 

«Toutes ces raisons nous ont poussés à prendre des mesures de sauvegarde lorsque nous avons constaté que la production intérieure était menacée», a expliqué Julien Paluku. Et d’ajouter: «lorsque nous avons pris ces mesures de restriction, il y avait des containers qui étaient déjà sur la mer, à eux on a accordé 30 jours de moratoire pour vérifier. Cela pour éviter de voir certains produits être placés sur cette liste de restriction». Il a insisté sur le fait que ces mesures sont celles d’un État moderne car, «on ne peut continuer à être des dépotoirs des pays voisins qui envoient en RD-Congo des produits qui ne peuvent pas être consommés chez eux».

Comme pour réitérer son appel concernant l’agriculture, a poursuivi Julien Paluku, «le gouvernement revient aux fondamentaux avec l’agriculture qui doit devenir un moteur du développement de la RD-Congo». Incitant les opérateurs économiques à s’investir dans l’agriculture, il les invite à lui faire parvenir leur mémo contenant les obstacles qui les empêchent d’œuvrer dans ce domaine, comme ça, il enlève ces obstacles. 

Par ailleurs, Paluku Kahongya est également revenu sur l’organisation de l’AGOA en RD-Congo en 2025. D’après lui, l’AGOA est une politique américaine qui permet aux pays subsahariens d’exporter aux USA. L’avantage, c’est commercer avec les USA; c’est aussi une façon de pousser les pays africains à booster leurs économies. «Nous y sommes allés avec l’ambition de décrocher l’organisation de l’AGOA en RD-Congo. Nous avons décliné notre argumentaire en plusieurs points notamment le fait que l’Afrique centrale n’avait organisé ces assises qu’une seule fois; la RD-Congo est un pays francophone; les arguments liés à la lettre de la Première ministre de prendre en charge toute l’organisation de ces assises; l’Aéroport international de N’Djili a une capacité d’accueil avec 11 compagnies. Nous avons des hôtels qui peuvent contenir les invités», a expliqué le ministre du Commerce extérieur, présentant également les retombées de sa visite de travail aux États-Unis. 

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