«Le Sénat recommande au gouvernement d’anticiper en prenant des mesures appropriées pour maintenir la stabilité du cadre macro-économique afin de protéger le pouvoir d’achat de la population». C’est en ces termes que s’est exprimé le mercredi 15 mars dernier, le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, alors qu’il procédait à l’ouverture solennelle de la session ordinaire de mars 2023, dans la salle des Conférences internationales du Palais du peuple.
A en croire le président de la Chambre haute du Parlement, le conflit entre la Russie et l’Ukraine représente une autre menace majeure pour l’économie mondiale et de nombreux pays africains sont directement touchés, à part les répercussions socio-économiques de la pandémie de Covid-19 dont l’Afrique ne s’est pas encore totalement remise. «Ce conflit entre la Russie et l’Ukraine a un impact sur la sécurité alimentaire en Afrique, tant en disponibilité que sur le plan de certaines cultures vivrières, notamment le blé et le tournesol par exemple», a dit le speaker du Sénat, ajoutant que c’est ce qui «engendre des incertitudes croissantes sur les marchés financiers mondiaux et les systèmes de chaîne d’approvisionnement».
Sur le plan national, la Chambre haute a fait une série de recommandations au gouvernement central, notamment au sujet de la dépréciation du franc congolais. «Je recommande au gouvernement d’user de ses instruments pour stabiliser le franc congolais qui, malheureusement se change aujourd’hui à un taux supérieur à celui pour la fin de l’exercice budgétaire. Alors que la loi des Finances 2023 a fixé le taux de change moyen à 2.021,94 fc pour 1 dollar américain et le taux de change fin période à 2.034,84 fc pour un dollar américain», a-t-il martelé. En effet, conformément aux articles 115 du Sénat et 82 du Règlement intérieur du Sénat, la rentrée parlementaire a eu lieu le mercredi 15 mars dernier à la Chambre haute du Parlement.
Dans son discours d’ouverture, le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, a fait le tour d’horizon général de la situation de la RD-Congo. La situation politique du pays, le pouvoir d’achat de la population, la sécurité à l’Est du pays, le phénomène Kuluna, le taux de change, les élections, les 9èmes Jeux de la Francophonie, les droits humains, la réforme de l’Administration publique, le retour de RD-Congo dans le concert des Nations sous Félix-Antoine Tshisekedi, sans oublier l’économie et l’environnement. Bref, rien n’a été laissé au hasard. C’était soit pour interpeller le gouvernement et lui faire en même temps des recommandations en vue d’une prise en charge responsable, soit pour l’encourager à aller de l’avant pour des réformes déjà engagées.
Auparavant, l’orateur a souhaité bon retour dans l’hémicycle à tous ses collègues sénateurs après les vacances parlementaires passées dans leurs circonscriptions électorales respectives où, a-t-il osé croire, chacun d’eux a pu s’enrôler. Il a stigmatisé le comportement de certains membres de la classe politique RD-congolaise qui se croient déjà en pleine campagne électorale, alors qu’on n’est encore qu’à la phase de l’identification et de l’enrôlement des électeurs.
Avant de placer les sénateurs devant leurs responsabilités en définissant les missions qui sont les leurs tout au long de cette session de mars 2023, le speaker de la Chambre haute a fait de tristes annonces concernant un certain nombre de décès intervenus dans les rangs des élus des élus. Il s’agit d’abord de la mort tragique, en date du 22 février dernier, du sénateur Flory Ntumba Mbuyi, à la suite d’un incendie survenu à son appartement. A ce décès s’ajoutent ceux des sénateurs honoraires Léon Engulu Baangampongo, Rémy Kalulu et Masela Laka Ngaliema Pascal.
«C’est également l’occasion de rappeler les pertes en vies humaines de nos frères et sœurs, victimes de différents massacres à l’Est de notre pays, mais aussi du chavirement de la baleinière H/B papa Boketshu survenu dans la nuit du 17 au 18 janvier 2023 sur la rivière Lolanga, faisant 72 morts et 67 disparus», a-t-il compati.
En mémoire de toutes les personnes décédées, Modeste Bahati a invité à garder une minute de silence, non sans avoir présenté en son nom et en celui de tous ses collègues sénateurs, les sincères condoléances aux familles éprouvées. Après cette page de malheurs, l’orateur a ouvert une autre, essentiellement constituée des événements heureux. C’est le cas, a-t-il dit, des visites mémorables enregistrées au début de cette année. Le président du Sénat a commencé ce chapitre par le séjour du Saint Père, le Pape François à Kinshasa, du 31 janvier au 17 février, avec comme message «Tous réconciliés en Christ».
Il a ensuite évoqué la visite du chef spirituel et représentant des Adventistes du 7ème jour ayant célébré un culte d’actions de grâce au Palais du peuple. Ensuite, le président de la Chambre haute du Parlement a planché sur la visite du Président français Emmanuel Macron «venu appuyer le peuple RD-congolais dans sa noble lutte contre le pillage de ses ressources, la tentative de balkanisation et la guerre injuste à lui imposée par le Rwanda et ses alliés maquillés sous l’appellation du M23». A ce titre, l’orateur n’a pas omis de souligner sa récente mission en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg «où j’ai exhorté mes hôtes de hausser le ton pour exiger au Rwanda, par toutes les voies possibles de cesser les opérations macabres qu’il mène sur le territoire RD-congolais». S’agissant des missions dévolues aux sénateurs en cette session de mars 2023, «la présente session est en ordre principal consacrées aux activités législatives, c’est-à-dire l’examen et l’adoption des projets et propositions de lois».
