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Patrick Muyaya sur la condamnation du M23 par la France: «c’est un pas de géant franchi»

Pour beaucoup, la condamnation du M23 par la France est, à n’en point douter, la résultante de la diplomatie agissante menée par le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi, à travers ses contacts avec les différents dirigeants du monde lors de son dernier voyage au pays de l’Oncle Sam. Cette condamnation, quoique tardive, a été favorablement accueillie par une bonne frange de la population RD-congolaise, même si certains, par contre, n’y voient que de la poudre aux yeux de la Communauté internationale, pendant que la situation sur le terrain pourra empirer.

Pour sa part, le ministre de la Communication et Médias qui était il y a peu l’invité d’Afrique matin sur «RFI», a salué la décision de la France condamnant le M23, mais aussi la levée du régime de notification sur l’achat d’armes en RD-Congo. «Bien évidement nous saluons cette décision de la France. Nous aurions voulu que cela arrive plus tôt et cela aurait peut-être permis d’éviter certaines situations malheureuses sur le terrain mais maintenant nous espérons que la France ira plus loin pour que finalement le Rwanda respecte sa part de responsabilité pour le retour de la paix dans cette partie de la République démocratique du Congo», a-t-il répondu aux questions de Christophe Boisbouvier.

Pour le gouvernement RD-congolais dont il est le porte-parole, le ministre Muyaya croit que le fait pour la France de prendre cette position, aujourd’hui, doit entraîner forcément des conséquences matérialisées par le retrait du M23 de tous les territoires occupés en RD-Congo. Il a en outre souligné que si l’agression rwandaise est aujourd’hui un fait établi, cela devrait être aussi pris en compte dans les relations franco-rwandaises. Hormis l’agression du Rwanda, le ministre de la Communication a également évoqué la question sur la levée d’obligation de notification d’achat d’armes.

En effet, depuis ce mardi 20 décembre, le Conseil de sécurité a levé tous les obstacles administratifs à la vente d’armes à la RD-Congo notamment cette obligation qu’il fallait que les vendeurs s’identifient auprès des Nations unies avant tout achat d’armes. En réaction, le ministre Patrick Muyaya a salué cette décision. «Pour nous, c’est une injustice réparée. C’est une bataille gagnée parce que ce régime des notifications paraissait à nos yeux et aux yeux des frais RD-congolais comme un mécanisme qui ne pouvait pas nous permettre d’avoir tous les moyens pour assurer la défense de notre territoire et, donc, nous considérons que c’est un pas significatif qui nous permettra de défendre notre territoire et principalement dans sa partie Est» a-t-il souligné.

Ce pas de géant constitue, pour le porte-parole du gouvernement, un déclic en faveur du peuple RD-congolais meurtri par cette situation d’agression. Et cela intervient après la publication du Livre blanc qui répertorie tous les crimes commis en RD-Congo. Par ailleurs, il estime que la prochaine étape serait, pour nous en tout cas, la condamnation, la sanction, la justice et la réparation.

«Parce que nous pensons que, cette fois-ci, que la composante judiciaire est une garantie qui pourra nous permettre de ne plus voir ces massacres se répéter. C’est que nous voulons, c’est la justice pour les âmes qui ont été perdues. Nous voulons que les enquêteurs puissent avoir accès aux lieux de massacre pour savoir véritablement ce qui s’est passé. Nous voulons travailler pour donner des sépultures à ces compatriotes qui ont perdu la vie et justement dans l’Est de la République», a insisté le ministre Muyaya.

Il a invité la Communauté internationale à donner plus de considération à toutes ces massacres commis en RD-Congo car, la situation dans le pays de Lumumba ressemble à un conflit oublié au-delà du nombre de morts qui rivalise aujourd’hui au nombre de membres de la seconde guerre mondiale. Le porte-parole du gouvernement RD-congolais a balayé d’un revers de la main le prétexte avancé par Kigali pour justifier ces massacres.

«D’abord, les FDLR, c’est un problème de sécurité pour nos compatriotes car, ces FDLR tuent des RD-Congolais. Deuxièmement, les forces négatives toutes doivent être éradiquées. Je dois rappeler que dans le Livre blanc que nous avons publié, nous sommes revenus sur toutes les fois que nous les avons combattus. Aujourd’hui, il existe des résidus des forces FDLR que nous devons tous combattre mais cela ne devrait pas justifier l’attitude inutilement belliqueuse du Rwanda qui va commettre des massacres sous prétexte de combattre les FDLR. Les motivations sont économiques, nous le savons. Il n’y a aucune raison qui justifie l’attitude belliciste du président Kagame qui commet de massacres en RD-Congo», a-t-il rappelé.

La RD-Congo, pour rappel, n’a cessé de répondre présent à tous les rendez-vous et voies diplomatiques qui passent par le dialogue: New-York, Luanda, Nairobi, Charme el-Cheikh. Il est temps, a insisté le ministre Muyaya, que le Rwanda commence à respecter ses engagements en retirant le M23 du sol RD-congolais. A cela s’ajoute le retour de toutes les populations déplacées dans leurs milieux naturels.

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