La nomination des mandataires de certains établissements publics, le jeudi 25 mai dernier par Ordonnance présidentielle, n’a pas laissé indifférentes certaines bouches autorisées de la Société civile RD-congolaise. C’est le cas du Prix Nobel de la Paix, le Docteur Denis Mukwege, qui ne cache pas son indignation face à la promotion accordée à Adolphe Onosumba qui s’est vu octroyer le poste de Président du Conseil d’administration -PCA- à la Société Total Énergie Marketing RDC. Alors que ce dernier est un ex-chef de guerre, de surcroît, nommément cité dans le rapport Mapping sur les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, il y a quelques années.
«La poursuite de la politique qui accorde des promotions à des ex-chefs de guerre repris dans le rapport Mapping à l’exemple d’Onosumba illustre que le régime n’a aucune intention de mener des réformes visant à assainir les institutions et aggrave la crise politique et morale en RD-Congo», s’est indigné le Prix Nobel de la Paix.
A titre de rappel, Adolphe Onosumba, ancien ténor du Rassemblement des congolais pour la démocratie -RCD-, mouvement rebelle pro-rwandais ayant déclenché la guerre en RD-Congo, comme Azarias Ruberwa, Ernest Wamba dia Wamba ou Emile Ilunga, ou encore Jean-Pierre Bemba, a été cité, tout comme ses anciens compagnons et le chef de l’ex-ALC, dans le rapport Mapping de l’ONU consacré aux violations des droits de l’homme commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la RD-Congo publié par l’ONU en août 2010. Ce rapport est resté coincé dans les bureaux de l’ONU, dans les ministères des Affaires étrangères et toutes les juridictions nationales et internationales censés s’en saisir et en assurer l’exécution.
Le 14 novembre 2002, le RCD-Goma élève en grade ses officiers supérieurs en prélude de la mise en place de nouveaux états-majors de l’armée en RD-Congo, mais aussi de la formation de la nouvelle armée congolaise conformément aux prescrits du Dialogue intercongolais. Le RCD-Goma procède à la nomination de 9 généraux, 28 colonels et 48 lieutenants colonels. Furent promus au rang de Général de division le président du RCD à l’époque -Adolphe Onusumba-, le chef d’état-major de l’ANC-RCD Sylvain Buki et l’ancien chef du Haut-Commandement militaire du RCD Jean-Pierre Ondekane.
Malik Kijege et Gabriel Amisi -Tango Four- furent nommés généraux de brigade. En 2021, le Prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege, et des dizaines d’ONG ont demandé au Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi d’agir contre l’impunité des auteurs présumés de crimes commis pendant les conflits et qui déstabilisent le pays depuis près de 30 ans. «Le Président Tshisekedi devrait maintenant passer de la parole aux actes et adopter une stratégie visant à remédier à l’absence choquante de justice et aux conséquences de l’impunité», a déclaré le Docteur Mukwege dans cet appel.
Quand d’autres voix s’élèvent
Relayé par Human Right watch -HRW- ainsi que par des dizaines d’ONG RD-congolaises et internationales, dont Amnesty international, ces derniers lancent un appel au Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekediet à son nouveau Premier ministre Sama Lukonde de «s’engager publiquement à faire de la lutte contre l’impunité une priorité absolue».Ils plaident également pour un «mécanisme judiciaire international» pour poursuivre les auteurs des «graves crimes internationaux commis en RD-Congo, notamment ceux documentés dans le rapport Mapping de l’ONU».Et de rappeler en outre que ce rapport qui date de 2010, répertorie plus de 600 violations graves des droits humains commises en RD-Congo entre mars 1993 et juin 2003, à l’instar des massacres à grande échelle, violences sexuelles, attaques contre des enfants…
AN