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Monusco, tantôt dehors; tantôt au secours!

Dans une correspondance officielle de la représentation de la RD-Congo aux Nations-Unies enregistrée sous les références n°132.61/RDC/ONU/A5/873/23 du 12 décembre 2023, le Gouvernement demande au Conseil de sécurité de vouloir bien autoriser la Monusco son appui logistique dans d’autres provinces, entendez mettre à la disposition de la CENI sa flotte aérienne et son charroi automobile. En voici le contenu intégral: «D’ordre de mon Gouvernement, j’ai l’honneur d’informer le Conseil de Sécurité que la Commission Électorale Nationale Indépendante de à la République Démocratique du Congo reste déterminée à conduire jusqu’à son terme.

Pour y arriver, elle doit finaliser dans le délai l’acheminement du matériel électoral et des équipements électoraux vers les sites à accès difficiles et permettre ainsi l’organisation des élections sur toute l’étendue du territoire national le même jour (20 décembre 2023) Raison pour laquelle, tout en remerciant les Nations Unies de son appui au processus électoral dans les provinces de l’Ituri ainsi que du Nord et Sud-Kivu, le Gouvernement saurait gré au Conseil de Sécurité de bien vouloir autoriser la MONUSCO à étendre cet appui logistique dans d’autres provinces de la République Démocratique du Congo.

Je vous saurais gré de bien vouloir faire circuler ladite lettre comme document du Conseil de sécurité. «Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de ma parfaite considération». La lettre est du Représentant permanent de la RDC à l’Onu, l’ambassadeur Zénon Mukongo Ngay.

Peu avant, Mme Bintou Keita, cheffe de la Monusco, a noté dans un tweet que «la qualité des cartes d’électeurs, la difficulté d’obtenir des duplicata dans tout le pays, l’insuffisance de communication sur les modalités de vote pour ceux dont les cartes sont défectueuses ou ne se retrouvent pas sur la liste électorale alimentent la méfiance des acteurs électoraux».

Entreprise à 6 jours de la date prévue pour la fin de la campagne électorale et à 8 jours du scrutin prévu le 20 décembre 2023, cette démarche confirme, si besoin est, les difficultés auxquelles fait face la CENI.

Certes, la Monusco peut obtenir l’accord du Conseil de sécurité. Faut-il encore que celui se réunisse pour instruire sa mission et lui confier des tâches précises.

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Pertinente, la première préoccupation est de savoir pourquoi avoir attendu la dernière semaine alors que la planification imposait cette démarche depuis plusieurs semaines, sinon plusieurs mois. «Gouverner, c’est prévoir», dit-on.

Tout aussi pertinente, la deuxième préoccupation est de savoir ce qu’il en est de l’offre angolaise.

Dans sa livraison du 13 décembre 2023 sous le titre «Congo : la Cour constitutionnelle doit se prononcer ce vendredi sur l’éventualité d’un report des élections», Colette Braeckman relève le refus de Luanda.  Avant l’envoi de la lettre du Gouvernement au Conseil de sécurité, la Maison Blanche a publié le 11 décembre un message dans lequel «Les États-Unis saluent le cessez-le-feu de 72 heures auquel se sont engagées les parties au conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC)».

Elle constate que «Cette évolution fait suite aux mesures de confiance obtenues lors du voyage de la directrice du renseignement national (DNI), Avril Haines, les 19 et 20 novembre en RDC et au Rwanda, et à ses entretiens ultérieurs avec les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda». Elle note: «Aujourd’hui, à partir de midi, heure normale d’Afrique centrale (GMT+2), les forces armées et les groupes armés non étatiques ont cessé les combats pour faciliter le retrait des forces qui occupaient la localité de Mushaki et la route RP1030 (Kirolwire-Kitchanga)».

Soulignant que «La RDC et le Rwanda ont exprimé leur soutien à la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 72 heures pour faire avancer la mise en œuvre des mesures de confiance, afin de protéger les civils et désamorcer les tensions dans l’est de la RDC», la Maison Blanche prévient tous les protagonistes: «Le gouvernement américain utilisera ses services de renseignement et ses ressources diplomatiques pour surveiller les activités des forces armées et des groupes armés non étatiques pendant le cessez-le-feu».

Le message se termine par cette recommandation: «Les États-Unis sont par ailleurs favorables à la reprise des processus de Nairobi et de Luanda visant à s’attaquer aux facteurs actuels et historiques qui perpétuent cette crise de longue date».

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Cette recommandation nécessite une approche rationnelle en ce que, au stade actuel, il est établi qu’au travers de ses dernières prises de position la veille et en pleine campagne électorale, le Chef de l’Etat congolais a tourné pour ne pas dire suspendu la page du Processus de Luanda engageant, sous la facilitation angolaise assurée par le Président Joao Lourenço, les engageant, lui et son homologue rwandais.

Et, en pleine campagne électorale, Félix Tshisekedi continue de dire à haute voix tout ce qu’il pense de Paul Kagame, non sans réaffirmer le départ de la Monusco et de la Force régionale de l’Eac.

Pour l’heure, le constat à faire est implacable : le mandat de la Monusco est renouvelé pour une année en vue de préparer son retrait, le départ définitif des troupes de l’Eac est fixé au 6 janvier 2023 tandis que le Rwanda prévoit le retrait de ses troupes le 1er janvier prochain.

Bref, les deux forces seront encore là pendant le scrutin.

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C’est à cette étape que l’approche devient intéressante. En effet, avec son omniprésence et son omnipotence au sein du Conseil de sécurité, voir  Washington retarder ou faire retarder la charge à confier à la Monusco pour forcer Félix Tshisekedi à rentrer dans le processus de Luanda est tout ce qu’il y a d’envisageable.  Souvenons-nous en ! Le 31 novembre 2023, jour de l’ouverture de la COP28 à Dubai, Joe Biden accueillait à la Maison Blanche Joao Lourenço. Au menu, certainement la situation sécuritaire à l’Est, en particulier la crise diplomatique entre Kinshasa et Kigali.

Avec le refus de l’Angola de voler au secours de la Céni via la RDC, Kinshasa ne peut compter sur le secours de personne. Ni de la Monusco à laquelle le pays dit tantôt dehors, tantôt au secours, ni de la Sadc, de la Cééac, de la Cirgl, de l’UA et de l’UE.

Avec tous ces incidents qui affectent la campagne électorale, le gros et retentissant ratage pouvant se produire le 20 décembre prochain plante le *décor d’une implosion effroyable*.

Croisons plutôt les doigts pour conjurer le sort…

*Omer Nsongo die Lema*

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