19 ans après l’assassinat de son père Franck Ngyke Kangundu et de sa mère Hélène Mpaka, Grâce Israëlla Ngyke Mambu Kangundu, journaliste et présidente de l’Association congolaise des femmes journalistes de la presse écrite -ACOFEPE-, brise le silence. C’est à travers l’écrit qu’elle a préféré lancer son cri du cœur au Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, au gouvernement Suminwa et à la Société civile. Portant sur un titre ébloui «Franck Ngyke Kangundu: le destin tragique d’un chevalier de la liberté», ce récit poignant, dont la cérémonie de présentation officielle a eu lieu mardi 5 novembre 2024 à la bibliothèque de Wallonie-Bruxelles de Kinshasa -WBK-, est du style homérique.
Devant les têtes pensantes du quatrième pouvoir et des quelques figures emblématiques du pays, cette fervente défenseure des droits des femmes a imploré le soutien du Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi pour que les 22 journalistes assassinés en RD-Congo, dont son père, soient reconnus au rang des martyrs de la liberté de la presse. Ce plaidoyer, initié en collaboration avec l’éditeur général du quotidien paraissant à Kinshasa «La Référence Plus» et les associations professionnelles des médias, vise trois objectifs majeurs. Il s’agit: d’une reconnaissance nationale posthume de ces journalistes; de l’érection d’un monument en leur mémoire à Kinshasa et, enfin, une réparation judiciaire en faveur des familles des victimes.
Dans ce récit de plus de 150 pages, l’auteure relate l’histoire poignante d’un journaliste courageux, son père, et de sa quête incessante pour la vérité, l’intégrité ainsi que la justice. Journaliste et activiste des droits des femmes, Grâce Israëlla Ngyke a signifié que ce récit retrace les derniers jours de son père Franck Ngyke Kangundu brutalement assassiné avec son épouse Hélène Mpaka la nuit du 2 au 3 novembre 2005 à Kinshasa, devant leurs enfants. Franck Ngyke, journaliste à «La Référence Plus», a payé de sa vie son engagement pour la liberté de la presse et la dénonciation des injustices dans un contexte politique marqué par la répression et la violence. Le livre est non seulement un hommage à son courage, mais aussi un appel vibrant à la mémoire collective pour que justice soit rendue aux journalistes assassinés en RD-Congo.
Selon elle, ce livre est un appel à la justice pour que ces actes ne restent pas impunis et qu’à travers cette reconnaissance, les familles des journalistes assassinés trouvent enfin une forme de réparation morale et judiciaire. Grâce Israëlla Ngyke a, cependant, souligné que cette œuvre intellectuelle vise à sensibiliser l’opinion publique, la Société civile et les autorités à la nécessité de protéger la liberté de la presse et les droits des journalistes en RD-Congo, souvent victimes de violence dans l’exercice de leur métier.
Dans ce présent récit, elle a appelé les autorités du pays à ne pas oublier le sacrifice de chevaliers de la plume et du micro et à renforcer les mécanismes de protection des journalistes. Présent à cette cérémonie, Didier Mumengi, figure emblématique de la littérature RD-congolaise, a demandé à l’auteure de cette œuvre de ne plus pleurer car, selon l’auteur de l’ouvrage «Le Congo et les Grands lacs: la paix toute suite… Pourquoi et comment?», il y a des vies sur terre sans vie comme il y a des morts qui vivent. «Aujourd’hui ma fille, tu as fait la preuve que les bases de l’hérédité ne sont pas que biologiques, elles sont aussi cognitives. Grâce, tu as annulé la mort de Franck Ngyke», a-t-il encouragé.
Hénoc AKANO