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Le marché public de réhabilitation de l’Hopital général de référence de Kinshasa sent une corruption entre la DGCMP, le BCECO et la société Modern Construction

La presse parue mercredi à Kinshasa a annoncé que la Société Modern Construction de l’homme d’affaires indien Harish Jagtani a gagné le marché public des travaux de reconstruction, de réhabilitation et de modernisation de l’Hôpital général de référence de Kinshasa, ex-Maman Yemo pour la phase 1.

Selon cette information, le coût global des travaux dévoilé le 3 mars dernier se chiffre à 18,36 millions de dollars.

La publication de cette information a fait réagir tour à tour au Bureau de central de coordination -BCECO- et à la Direction générale du contrôle des marchés publics -DGCMP-, où des sources internes ont vite fait de dénoncer la corruption autour de l’attribution de ce marché.

Formelles, ces sources ont indiqué qu’à l’issue de la publication des dossiers de l’appel d’offres relatif à ce marché, la société Modern Construction est arrivée en 4ème position avec sa proposition de 18.367.310, 42 dollars, derrière le trio de tête composé de Safrimex, 16.450.827, 05 dollars; Sino Hydro 16.504.425, 97 dollars et MW Afritec avec 16.920.759, 82 dollars.

“C’est une imposture. Ça sent la corruption. Il appartient aux responsables du Bureau central de coordination -BCECO- et de la DGCMP d’expliquer au Président de la République Félix Tshisekedi, au gouvernement et à l’Inspection générale des finances -IGF- comment les trois sociétés moins-disantes ont été toutes déclassées au profit de l’offre la plus chère, celle de Modern Construction, pourtant arrivée en 4ème position”, a tonné un cadre de direction de la DGCMP.

Ce directeur indigné a dit considérer l’annonce de la Société Modern Construction comme une vile campagne de publicité sinon une manœuvre consistant à mettre devant un fait accompli le Président Félix Tshisekedi et les autres responsables de l’Exécutif concernés par le dossier de réfection des hôpitaux de la République Démocratique du Congo.

Un autre cadre de la DGCMP n’a pas pu s’expliquer comment Michel Ngongo Salumu, le Directeur général de la DGCMP, est revenu sur son refus d’émettre l’avis de non objection du rapport d’évaluation des offres fait par le BCECO, relatif aux travaux de l’ex Maman Yemo en faveur de l’attributaire Modern Construction pour deux principales raisons évoquées dans sa lettre du 31 décembre 2020. Il s’agit notamment de la décision consistant, d’une part, à faire vérifier l’implication de l’attributaire Modern Construction dans les opérations de blanchiment des capitaux ou du financement de terrorisme et, d’autre part, à soumettre cette société aux études environnementales et sociales produites par le consultant Yambo.

Bizarre que moins d’un mois après, sieur Ngongo Salumu ait opéré un virage à 360°, en accordant par son courrier du 29 janvier 2021 l’Avis de non objection.

Un revirement pour le moins suspect, a-t-on estimé dans les couloirs de la DGCMP.

Michel Ngongo a-t-il été induit en erreur par quelqu’un? “Il y a des fortes présomptions”, a estimé mercredi un Directeur du BCECO. Sous le sceau de l’anonymat, ce dernier a carrément choisi d’indexer le Directeur général du Bureau, sieur Matondo Mbungu, accusé d’avoir tout manigancé et d’avoir rejeté l’ordre du ministre de la Santé Eteni Longondo lui demandant, dans sa correspondance du 26 janvier 2021, “de reporter sine die les projets alignés dans le cadre du Programme de Rénovation et d’Equipement de structures sanitaires -PRESS, en sigle- sur financement du FMI ci-dessus mentionné, et d’en informer toutes parties prenantes sans prendre un engagement contractuel”. L’ex Maman Yemo figure sur la liste de ces hôpitaux.

Selon cette missive du ministre de la Santé, les fonds disponibilisés par le FMI, soit environ 121 millions de dollars, au titre d’appui budgétaire pour la référence des hôpitaux en République Démocratique du Congo, ont été affectés à d’autres dépenses diverses du gouvernement.

C’est donc une fraude pour Modern Construction de dire à l’opinion qu’elle a gagné un marché préalablement ajourné et non couvert par un contrat. N’en déplaise à l’Autorité de régulation des marchés publics -ARMP-, la seule à connaître les raisons derrière la publication précipitée sur son site de l’annonce favorable à Modern Construction, bénéficiaire d’un marché octroyé en violation des procédures légales et de la décision du ministre de la République attitré.

Tino MABADA

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