Guerre fratricide… Ce pourrait être le titre adapté pour résumer le combat mortel que se livrent le Front commun pour le Congo -FCC- et Henry-Thomas Lokondo, candidat indépendant au perchoir, décidé d’en découdre avec Jeannine Mabunda, portée par le regroupement politique commun. Surtout que dans les arrière-cuisines des machines politiques, on ne compte plus les crises liées à la gestion des ambitions ou aux frustrations nées du choix jugé unilatéral des responsables. Depuis qu’il a annoncé sa candidature et entrepris de tourner en dérision le schéma Mabunda, sur lequel le FCC compte pour tenter de séduire ses partenaires du CACH, Lokondo fait des chaudes alertes, accusant le FCC de travailler à l’invalidation de sa candidature.
En RD-Congo, comme partout ailleurs, les débats politiques n’ont jamais été tendres. Mais à la différence des années précédentes, tout se règle aujourd’hui en direct, sur les réseaux sociaux, sinon devant les micros ou les caméras.
Lokondo a choisi de taper… fort pendant que le FCC multiplie les réunions dans les palaces de Kinshasa. Coup sur coup, il a dénoncé le jeu sournois de sa famille politique, se fendant dans un premier temps d’un message acide à l’ancien speaker de l’Assemblée nationale, son «président et jeune frère Aubin Minaku», dénonçant un projet mis en œuvre pour anéantir sa candidature. Puis se demandant, sur «Top Congo Fm», s’il devait se retirer de la course pour faire plaisir à qui…
«Les amis du PPRD sont en train d’organiser les réunions de gauche à droite pour voir de quelle manière bloquer ma candidature», a précisé le vice-président de la plateforme politique PALU et Alliés, membre du FCC. Il a également affirmé que des camarades du regroupement politique «osent demander au président intérimaire de notre plateforme politique, Lugi Gizenga, d’écrire une lettre au Bureau provisoire pour dire que ma candidature n’est pas celle de notre regroupement».Lokondo a tenu à tirer les choses au clair: «Je postule comme indépendant et non pas au nom de la plateforme PALU et Alliés. Je ne retirerai donc pas ma candidature. S’il faut me battre, qu’ils me battent à la régulière», a prévenu l’intraitable député réélu de Mbandaka, qui n’est pas à sa première rébellion contre son camp politique. La tension est en l’air. Si les alertes de l’élu de Mbandaka s’avèrent vraies, pas besoin d’un dessin pour comprendre que sa candidature est prise très au sérieux par le FCC.
Vrai électron libre, Lokondo, vice-ministre des Affaires étrangères puis vice-ministre des Travaux publics sous Mobutu, ancien conseiller privé de Joseph Kabila, issu du même espace géopolitique que Mabunda, le Grand Equateur, a toujours donné du fil à retordre à la mouvance présidentielle dont il est l’un des cadres. Apprécié dans l’opinion pour ses interventions de haute facture devant le pupitre, il s’était déjà tiré avec un score honorable après s’être présenté dans la course à la première vice-présidence de la chambre basse contre Luhonge Kabinda présenté par la hiérarchie de sa majorité. Il s’était également signalé avec sa menace de faire tomber le Premier ministre Bruno Tshibala pour n’avoir pas respecté les délais relatifs au dépôt de la Loi de finances devant l’Assemblée nationale.
Alors qu’une nouvelle plénière, réputée décisive, est convoquée ce lundi à 14h00’, Lokondo a fait part avec son flegme ordinaire, un petit malin sourire au coin des lèvres, des ralliements et des soutiens insoupçonnés qu’il reçoit de ses collègues élus nationaux toutes tendances confondues.
Au moment où les médias parlent de plus en plus des points de désaccord dans les négociations entre le FCC et le CACH autour du nom du Premier ministre et des quotas attribués à chaque groupe de la coalition en gestation, tandis que l’Opposition réclame à cor et à cri deux postes au bureau, disant vouloir un consensus avant la convocation d’une plénière consacrée à l’élection des membres du bureau, le dossier Lokondo tient le gotha politique en haleine.
Tino MABADA