Nous venons très respectueusement faire part à Votre Excellence de notre préoccupation qui, nous n’en doutons point, est certainement partagée par nombre de nos compatriotes, pour peu qu’ils soient observateurs. Elle touche à la marche de la Cité, au conditionnement humain, l’accent étant mis sur la justice distributive.
En sa qualité de Citoyen, tout homme a le devoir d’attention vis-à-vis du discours de celui qui a la haute charge de la Cité, celui qui en détient l’imperium et qui indique à tous l’orientation et la philosophie de la marche à entreprendre pour le progrès de la communauté et de chacun, bref la vision.
Dans vos diverses interventions, vous avez continuellement exprimé votre détermination à pacifier le pays et à sortir le Congolais de la médiocrité. Vous avez fustigé le favoritisme, le tribalisme -Tika tribalisme, lit-on sur des pancartes géantes à travers la capitale-, la corruption et autres maux qui rongent notre pays, et qui pourraient se résumer en ce seul mot : l’égoïsme.
En tant que citoyens, nous sommes tenus tous à la vigilance, à veiller à ce que la ligne de conduite expressément tracée par l’Autorité suprême ne soit contrariée ou torpillée à revers.
C’est dans cet esprit qu’en tant que patriote et sentinelle, de droit, nous venions porter à la connaissance du Magistrat Suprême des situations pour le moins gênantes, qui ne sont sans doute pas portées à sa connaissance pour des motifs inavoués, tant elles jurent avec sa vision.
Excellence Monsieur le Président de la République, très respectueusement, nous voudrions nous adresser à vous, en votre qualité de Père de la Nation, Garant de la Nation RD-Congo.
Au début de cette année, après la formation du Gouvernement, un malaise s’était emparé du monde politique dirigeant de notre pays et même des populations, un nombre significatif de parlementaires s’étant montrés rétifs pour investir ce gouvernement. Il se susurre qu’il avait fallu que votre Autorité hausse le ton pour dégeler la glace. S’il est vrai que ces parlementaires se plaignaient de n’avoir pas été servis à la mesure de leurs attentes, il est tout aussi vrai que ce malaise était dû, aussi, à la répartition des ministères que nombre d’observateurs même avaient jugée déséquilibrée, au regard de la géographie de notre pays, certaines provinces ayant eu certainement le sentiment frustrant de ne pas trop compter.
La quinzaine passée, une série de suspensions se sont abattues dans les entreprises du Portefeuille de l’Etat, à la suite de quoi des remplacements devraient être opérés.
Mais ces remplacements ont soulevé des vagues à travers la ville, sinon le pays. Et pour cause: les critères pour désigner les nouveaux hauts fonctionnaires étaient quasiment ésotériques. Alors qu’ils auraient dû être compris de tous, ce d’autant plus qu’il s’agit de la gestion de la chose publique et que l’Administration elle-même, du reste, règle généralement toutes ces questions. Les observateurs sont restés perplexes, mais ont vu, peu à peu, ce tableau s’imposer à eux de soi:
Excellence Monsieur le Président de la République, Père de la Nation RD-Congo,
Les valeurs humaines n’étant circonscrites ni dans le Temps, ni dans l’espace, le tableau éloquent ci-dessus n’exhale pas un parfum de bonne odeur. Il est de nature à porter ombrage au nécessaire sentiment du Vivre Ensemble. Il semble empreint d’un cynisme hardi, comme même pour défier vos pertinents interdits dont, particulièrement, le favoritisme.
Qui pis est, parmi ces heureux promus, nombre d’entre eux l’ont été de manière cavalière, pour ne pas dire irrégulière.
Le Directeur de la DGE, par exemple, qui était nouveau dans le poste et à qui les hautes autorités du pays venaient de présenter des félicitations aux allures nationales, pour avoir réalisé des performances jamais atteintes, a, lui aussi, été débarqué sans manière. Pour être remplacé par… le cousin de.
Devant cette flagrance, certains esprits retors arguent qu’il est question de rétablir l’équilibre. Mais cette argutie ne résiste pas aux statistiques disponibles. D’autres esprits, qui ont tort, également, se réfugient complaisamment derrière les modes de gouvernance de vos illustres prédécesseurs, dans la quête d’y dénicher des défaillances où reposer leur conscience.
Excellence Monsieur le Président de la République,
La Justice élève une Nation, dit-on, et à juste titre.
Nous avons tous le devoir impérieux et patriotique de vous aider à l’asseoir dans le pays. Nous pensons que tous les Congolais dignes de ce nom, les décideurs en tête, devraient se souder les coudes pour mettre en pratique votre vision et vos recommandations et se considérer tous comme agents de la justice distributive; pour peu que l’on ait une parcelle de responsabilité ou d’autorité sur des concitoyens, afin que ceux-ci se sentent tous concernés, et au même titre.
Vive la République!
Très haute considération!
Benjamin Beya,
Votre compatriote