Quelques jours seulement après l’investiture du nouveau Président élu, Félix Antoine Tshisekedi, les personnes handicapées RD-congolaises veulent faire entendre leur voix. Regroupées au sein d’une plate-forme dénommée «Les oubliés de la RD-Congo», les différentes organisations membres lancent un cri de détresse à l’actuel Chef de l’Etat afin qu’il prenne au sérieux les problèmes touchant cette catégorie de citoyens RD-congolais.
A en croire Michel Mulumba, coordonnateur de la plate-forme «Les oubliés de la RD-Congo» qui s’est exprimé lors d’un point de presse tenu le 1er février à Kinshasa, après 18 ans passés à la tête du pays, le Président sortant Joseph Kabila Kabange n’a pas intégré les personnes handicapées dans ses programmes tels que les Cinq chantiers et la Révolution de la modernité. C’est cette attitude qui les a poussés à se lever comme un seul homme pour faire savoir leur situation. Un mémorandum sera déposé dans les prochains jours auprès du Président Félix Tshisekedi. Michel Mulumba a rappelé qu’on reconnait la valeur d’une société par sa capacité de prise en charge des vulnérables.
Pourquoi les oubliés de la RD-Congo?
Les membres de ce mouvement ont indiqué qu’à l’époque du Président Kasa-Vubu, beaucoup parmi eux n’étaient pas encore nés. Avec le Président Mobutu, la population a connu les œuvres sociales de maman Antoinette Mobutu qui ont permis à un grand nombre de personnes handicapées de suivre une formation professionnelle. A cela s’ajoute les œuvres de l’Eglise catholique avec les centres Bondeko construits presque partout au pays.
Le régime de Mobutu ayant connu une dégringolade, a entrainé aussi le secteur socio-professionnel voire éducationnel. Mais, quelques initiatives privées ont été remarquées, à l’instar du Centre professionnel pour handicapé/CPH Kikesa en 1966 avec comme fondateurs, les trois jeunes universitaires zaïrois, à savoir: l’écrivain Zamenga, le Professeur NKakudulu Bikuku Kia Loso et le Docteur Vanda Nsuka.
Dans beaucoup de familles, les personnes handicapées ont été orientées vers des métiers. Car certains parents pensaient faciliter la tâche à leurs enfants handicapés sans pourtant savoir qu’ils les limitaient. Vers les années 80, certaines personnes handicapées et leurs familles ont pris conscience de cette discrimination et ont commencé à intégrer ou faire intégrer leurs enfants à l’enseignement ordinaire. Malgré tout cela, il n’y avait pas de loi. La seule loi que l’Etat zaïrois de l’époque a semblé nous donner c’était la gratuité du transport qui a réduit, voire diminué la personne handicapée que nous sommes. Cette culture de la gratuité a laissé des séquelles qui ont produit ce que nous appelons aujourd’hui le phénomène «Documentaire». Le coordonnateur a fait remarquer qu’il y a certains ministres, députés, mandataires des entreprises, autorités militaires qui entretiennent des petits groupes de personnes handicapées en leur offrant des sommes d’argent sous prétexte de les aider pendant que 90% de ces personnes vivent de la mendicité.
La Constitution du 18 février 2006 marque une rupture avec le passé. Tout en affirmant que la personne de troisième âge et la personne avec handicap ont droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques, intellectuels et moraux, elle fait l’obligation à l’Etat de promouvoir la présence de la personne avec handicap au sein des institutions nationales, provinciales et locales. Le constituant charge le législateur, par une loi organique, de fixer les modalités d’application de ce droit. Michel Mulumba a également fait savoir que jusqu’à ce jour le silence du constituant et du législateur a entrainé la marginalisation de toute la communauté de personnes en situation de handicap dans la marche des affaires de l’Etat et partant du développement de la nation.
J.B