«Toute mauvaise gestion mène au regret, en principe le normal et l’imaginaire sont opposés», cette célèbre citation du burundais, Maître Antoine Miburo, nous pousse à réfléchir sans aucun esprit partisan sur la crise politique qui sévit au Lualaba depuis plusieurs mois sous le regard impuissant de ceux qui sont pourtant dans l’obligation légale d’arrêter cette hémorragie.
En effet, depuis que le gouverneur Richard Muyej a été écarté de la gestion dans des circonstances décriées par la majeure partie de la population, le Lualaba se meurt, les dénonciations se multiplient et viennent de partout, de l’intérieur tout comme de l’extérieur. Les langues se délient pour décrier la mégestion, le pillage des minerais, les surfacturations, la corruption, l’attribution des marchés aux entreprises non habiletés en violation de la loi, la terreur pour réduire au silence ceux qui osent dénoncer cette situation calamiteuse. Bref, la situation ne laisse plus indifférents les RD-Congolais qui, dans leur curiosité, veulent savoir réellement à qui elle profite et pourquoi? Le silence de l’IGF et de l’Assemblée provinciale du Lualaba serait-il un signe de complicité?
1. À qui profite la gestion chaotique du Lualaba?
Après son séjour au Lualaba, le célèbre activiste connu pour la neutralité dans ses alertes, Jean Claude Katende, n’est pas passé par quatre chemins, l’homme a publiquement dénoncé la prédation qui a élu domicile au Lualaba en déclarant: «Je viens de Kolwezi, la prédation des ressources minières est à son comble. Chacun -militaire, policier, politicien, fils de…frère/sœur de…- veut s’enrichir vite. Seul le peuple est oublié. Il faut une grande mobilisation citoyenne pour arrêter cette prédation».
Bien avant cela, dans la même logique, deux journalistes d’investigation du Lualaba, Ben Akili et Le vôtre Kalala, documents en l’appui, avaient dénoncé le pillage à grande échelle des ressources minières du Lualaba par la coopérative COMIBAKAT qui appartiendrait au camp Fifi Masuka. Ces journalistes ont également dénoncé l’attribution opaque des marchés publics doublée d’une surfacturation qui sautent à l’œil et qui indignent les Lualabaises et Lualabais. Ainsi, par exemple, pour le marché attribué à un sujet ivoirien, un poteau électrique dont la valeur normale est estimée à moins de 1000 USD coûterait à la province 5000 USD.
Tous ces actes graves qui seraient posés par Madame Fifi Masuka ou avec sa bénédiction alors qu’il y a quelques mois, cette même personne avait déposé une liste d’accusations contre son titulaire, fausses ou vraies, le temps nous révèle petit à petit les dessous de ce complot contre un innocent, commencent à interpeller la conscience collective. Si Fifi Masuka s’est présentée comme sauveur du Lualaba, ses actes qui mettent en péril le développement du Lualaba prouvent malheureusement le contraire. L’opinion retiendra donc que son complot contre Richard Muyej n’avait qu’une seule motivation, l’activation de la politique d’ôte-toi de là que je m’y mette, le but étant peut-être de s’enrichir et d’enrichir son camp au détriment du développement de la province. En tout cas toutes ces dénonciations nous poussent à y croire.
Pourquoi le silence intrigant de l’IGF et de l’Assemblée provinciale? Signe de complicité?
La rapidité avec laquelle ces deux organes s’étaient penchés sur les accusations de Madame Fifi Masuka pour clouer Richard Muyej et leur silence face aux dénonciations de mégestion et du pillage des ressources minières du Lualaba aujourd’hui intriguent et indignent. Pourquoi une telle injustice?
Une petite alerte de Madame Fifi Masuka avait suffi pour pousser l’IGF à dépêcher une mission d’audit au Lualaba et ce, malgré l’absence de Richard Muyej de sa province. Cet audit se déroula sous l’œil de Madame Fifi Masuka dont les adeptes s’étaient même permis de publier dans les réseaux sociaux les conclusions du rapport avant que l’IGF ne les rende publiques. De retour au pays pour un débat contradictoire, Richard Muyej a vu même les pièces justificatives présentées par lui complètement rejetées par l’IGF et le rapport contesté produit par cette dernière poussa l’Assemblée provinciale du Lualaba à le mettre en accusation sans aucune contre-expertise et tout, dans la violation de la loi et du règlement intérieur. Tout laissant croire qu’une messe a été déjà dite en amont contre le gouverneur Richard Muyej.
Comment expliquer que ces mêmes organes de contrôle soient restés silencieux face aux multiples et graves dénonciations aujourd’hui? Sont-ils amadoués par les auteurs de ces actes au point d’oublier leurs missions légales? Qui protègent-ils et pour quelle raison? Autant de questions que les Lualabaises et Lualabais, victimes directes de ce complot se posent sans aucune réponse malheureusement jusqu’à ce jour. Ce peuple dont la douleur endurée dans le silence devient insupportable se confie au Chef de l’Etat, garant du bon fonctionnement des institutions et demande justice pour Richard Muyej et pour la province du Lualaba. Le slogan le peuple d’abord trouvera tout son sens lorsque ce peuple qui observe impuissamment la régression et le pillage de sa province au profit d’un groupe d’individus verra les auteurs et complices de cette mafia placés hors d’état de nuire. Dans le cas contraire le ciel lualabais sera toujours sombre et les conséquences risquent d’être désastreuses. Ne dit-on pas que gouverner, c’est prévoir et anticiper les conséquences? On n’impose pas au peuple son choix, on le respecte plutôt.
Aimé NTAMBUE