Tout est réuni pour dire que la province du Kongo Central ne fait plus partie de la carte géographique de la RD-Congo. Pour cause, la Constitution et les lois de la République n’y sont pas respectées, sous la barbe mieux avec le cautionnement des autorités nationales. En clair, il règne dans cette partie du pays une confusion relative à l’arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle sous R.Const.1171 du 29 mai 2020, confirmant la destitution du gouverneur Atou Matubuana. Bien que notifié par la Haute Cour en date du 06 juin 2020, le gouverneur déchu refuse de présenter sa démission et se maintient à la tête de la province de manière illégale. Las de cette situation qui met à mal la population ainsi que le fonctionnement du Kongo Central, le Cercle de réflexion et d’action pour le changement -CRAC- vient de saisir la Cour Constitutionnelle via une correspondance tombée à la rédaction d’AfricaNews. Basée dans la ville de Matadi, cette structure de réflexion et d’éducation sur les problèmes communautaires appelle les instances compétentes à prendre leurs responsabilités, en commençant par le Président de la République Félix Tshisekedi de qui la population du Kongo Central attend un acte fort, celui de prendre en compte la décision de l’Assemblée provinciale pour démettre le gouverneur Atou Matubuana qui, 6 mois après, continue de s’accrocher à la tête de la province.
«La population du Kongo central se pose la question de savoir après 48 heures de délai de non soumission à l’arrêt par Atou Matubuana, pourquoi le Chef de l’Etat ne prend toujours pas ses responsabilités alors qu’il est le garant de la Constitution? Si le Chef de l’Etat ne sait rien faire, il aura donc trahi non seulement la Constitution mais aussi sa propre promesse de respecter et faire respecter la loi», lit-on dans cette correspondance.
Un dialogue préconisé
Autre fait qui révolte les Ne Kongos, selon le Cercle de réflexion et d’action pour le changement, c’est le communiqué officiel rendu public par le Dircaba du gouverneur Atou, renseignant clairement que le Chef de l’Etat a recommandé, en place et lieu de l’application de la loi, l’organisation d’un dialogue entre les animateurs des institutions provinciales. «Si aujourd’hui on ne peut pas respecter l’arrêt de la Cour Constitutionnelle, nous craignons que tout l’arsenal juridique du pays soit affaibli. Et le cas du Kongo Central aura donc constitué un fâcheux antécédent juridique qui va mettre à mal tout le système juridique du pays», prévient-on.
Sur le plan politique, le silence de la Présidence inquiète aussi les Né Kongo qui se disent être sidérés de constater que cette attitude est une manière de payer en monnaie de singe le Kongo Central qui a toujours été la base pour l’opposition politique.
Pour le CRAC, la présence d’Atou Matubuana à la tête de la province constitue un facteur non seulement de déséquilibre social, d’insécurité mais également de sous-développement. Cette voix des sans voix soutient que depuis l’arrivée de Matubuana, aucune action de développement n’a été posée en faveur de la population.
De l’avis d’un analyste politique, en vertu de l’arrêt R.Const 1171 de la Cour Constitutionnelle du 29 mai 2020, le gouverneur Atou Matubuana devait cesser immédiatement d’exercer ses fonctions de gouverneur et remettre sa démission au Président de la République dans les 24 heures de la signification faite de cet arrêt, soit samedi 06 juin 2020. A défaut de le faire par lui-même, il devrait y être contraint par toutes voies de droit, au nom de l’Etat de droit.
Tino MABADA