Samedi 20 juin 2020, le verdict du procès dit des 100 jours a été rendu. Ce verdict condamne Vital Kamerhe, Directeur de cabinet du Président de la République, à 20 années de travaux forcés et de 10 années de privation des droits de vote et d’éligibilité ainsi que d’accession à une quelconque fonction étatique.
Depuis son prononcé, ce verdict a suscité moult commentaires aussi bien dans le camp des politiques que de la Société civile. De ces différents commentaires, émerge la thèse d’un «règlement des comptes» dont le boss de l’UNC est victime, contrairement à une certaine opinion qui voit, derrière cette condamnation, un départ effectif de l’Etat de droit. Opinion que la Conférence épiscopale nationale du Congo -CENCO- prend avec beaucoup de pincettes.
«C’est très tôt pour dire si c’est du sérieux. Il faut observer pour voir si c’est quelque chose qui a été faite pour régler un problème politique ou c’est une nouvelle dynamique», a souligné l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO. Il motive son analyse par le besoin de justice éprouvé par des victimes des différentes répressions ayant sévi en RD-Congo.
«Il y a beaucoup d’autres cas qui attendent la justice. Quand je vois les victimes des répressions qui sont encore là sans justice, ça fait mal», a-t-il martelé non sans exprimer le souhait des évêques catholiques, celui «d’avoir une justice sérieuse et équitable. Et que les enquêtes lancées aboutissent à des résultats qui convainquent. Ce n’est pas encore le cas de le dire».
Décryptée dans une version non-diplomatique, la déclaration de l’abbé Nshole soutient que Vital Kamerhe a été victime d’une justice à la solde des politiques dont le dessein est de jeter en pâture la carrière politique de celui qui aura eu un apport considérable pour la victoire du candidat Félix Tshisekedi à la présidentielle 2018.
Marchant sur les traces de Nshole, Alain Daniel Shekomba, sans gants, a pointé un doigt accusateur vers Félix Tshisekedi. «Comme Félix avait signé un accord pour que Kamerhe représente CACH en 2023, la meilleure façon de faire pour rassurer son partenaire Joseph Kabila c’était de régler les comptes politiques à Kamerhe», a estimé ce candidat Président à la dernière présidentielle RD-congolaise, présentant Fatshi comme complice de VK.
«Je ne vois pas comment Vital Kamerhe, qui était un directeur de cabinet, avoir le pouvoir de donner des ordres aux ministres et à la Banque centrale sans l’aval de son chef», a soutenu Shekomba. Et de trancher: «c’est un règlement des comptes politiques et ça n’a rien avoir avec la justice».
En outre, Daniel Shekomba est d’avis qu’à la place du leader de l’UNC, c’est plutôt Joseph Kabila et Fatshi qui «méritent d’être en prison» pour n’avoir pas «respecté la Constitution» ainsi que pour avoir «mis en congé technique le gouvernement Tshibala pour se permettre de piller le pays».
Analysant l’incarcération de Kamerhe sous un angle politique, Shekomba a laissé entendre: «Félix Tshisekedi sortira le meilleur perdant dans ce complot contre un allié, étant donné que le seul allié qui lui reste c’est le FCC de Joseph Kabila, et qui ne peut en aucun cas laisser ce dernier remporter les élections de 2023».
Laurent OMBA