Auprès de la Cour constitutionnelle, Adolphe Muzito Fumutshi, par le biais de ses avocats, a introduit son recours lundi 27 août 2018. Invalidé après traitement des dossiers et délibération par la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, Muzito attend être réhabilité par la Haute cour qui va rendre son verdict le 19 septembre 2018.
Sous la conduite de l’avocat principal Dieudonné Kalubi, le collectif d’avocats de Muzito a déposé un dossier contenant tous les éléments nécessaires pour pouvoir replacer son client dans les starting-blocks de la course à la magistrature suprême.
Très remonté pour avoir été invalidé sur base d’une plainte du Parti Lumumbiste unifié -PALU-, dont il a divorcé, Adolphe Muzito, a, à la faveur d’une conférence de presse, tenue samedi 25 août, crié sa colère, indiquant qu’il est disposé de faire «recours à toutes les voies démocratiques» pour se faire entendre devant la Cour constitutionnelle. L’ancien cadre du PALU en est à sa première étape après avoir exhibé, devant la presse, des documents qui attestent de sa démission du PALU.
«Je ne suis plus militant du PALU. Je l’ai signifié au parti, à ma Cellule et à la CENI. Mais, comme elle obéit à une logique politique, elle m’a invalidé», a déclaré Muzito présentant sa lettre du 4 août dont l’objet est sa démission du parti et par conséquent de sa cellule d’appartenance, «Yandi ve Yandi kaka». Entre les lignes de cette missive, l’on peut lire: «Compte tenu des enjeux qui se présentent pour l’avenir de notre pays et de mon engagement citoyen, j’ai décidé, ce jour, de vous présenter ma démission du parti».
En réaction, la Cellule a refusé d’admettre la démission de Muzito qui, par ricochet, a entrepris de saisir le huissier judiciaire près la Cour d’appel de Kinshasa/ Gombe pour valoir ce que de droit. Dans son exploit du 6 et 7 août, le huissier judiciaire a notifié le chef de la Cellule «Yandi ve Yandi kaka» ainsi que le secrétaire provincial du PALU de la démission de Muzito. «Même si le PALU avait des reproches à me faire, il ne s’adresserait pas à la CENI, incompétente pour se prononcer sur pareille matière», a déploré Muzito qui, en plus de fustiger le sort lui réservé par la CENI, a affirmé que Nangaa et son équipe se sont trompés et ont mal travaillé. «La CENI a mal travaillé. Elle semble s’être trompée alors que je me suis présenté sous les couleurs de l’URép qui m’a investi», a précisé l’ancien PM qui, comme Bemba, Badibanga et Félix Tshisekedi, s’apprête à rendre public son programme de gouvernance.
Derrière l’invalidation de sa candidature, Muzito désigne une main noire: le Président de la République, Joseph Kabila, cité nommément. «Je suis leur cible. Je suis la cible de Kabila qui a l’habitude de tuer les partis concurrents», a accusé l’ancien Premier ministre avançant comme motif la peur qu’il suscite dans le camp présidentiel. «Mine de rien, ils ont très peur de moi. Ils ont peur d’Adolphe Muzito. Ils savent pourquoi», a tapé l’élu de Kikwit. Et de dénoncer: «On veut éliminer les candidats sérieux, l’un après l’autre». Il fait ici allusion à Moïse Katumbi, leader de la plateforme Ensemble empêché de déposer sa candidature, et à Jean-Pierre Bemba, le boss du MLC écarté de la course pour avoir été condamné par la CPI pour subornation des témoins. Dans les premières heures du samedi 25 juillet 2018, la Commission électorale nationale indépendante -CENI- a publié la liste des candidats valides et invalides pour participer à la présidentielle du 23 décembre 2018. Adolphe Muzito Fumutshi figure parmi les candidats provisoirement déclarés inéligibles. Motif: conflit d’intérêt avec le Parti lumumbiste unifié -PALU- qui conteste sa candidature, a laissé entendre la CENI. Son mentor, le Patriarche Antoine Gizenga, a aussi été invalidé pour défaut de qualité du signataire des formulaires de mandat et d’investiture. Samy Badibanga et Marie-José Ifoku ont vu leur candidature rejetée par la Centrale électorale pour défaut de nationalité d’origine ainsi que Jean-Pierre Bemba pour avoir été condamné par la CPI pour subornation des témoins. Paiement des frais de dépôt de candidature non rétractable et non confirmé par la DGRAD. Tel est le motif avancé par la CENI pour écarter un sixième candidat, Jean-Paul Moka.
Laurent OMBA
3 minutes de lecture