Par devoir de redevabilité et de transparence, la Cellule de communication et des relations extérieures du ministère des Finances a publié la «Fiche synthétique de la situation des finances publiques des mois de janvier et février 2020». Ce panorama suscite des inquiétudes. Dans ses grandes lignes, on peut retenir que les dépenses publiques ont été de 364 millions de dollars contre les recettes chiffrées à 260 millions de dollars. Alors que les discussions avec le Fonds monétaire international -FMI- en vue d’un programme formel imposent des dépensés sur base caisse, il est établi qu’il y a eu des dépenses excédentaires de 104 millions dont 68 millions financés par les Bons du Trésor, la dette auprès des particuliers. On retient aussi que les rémunérations et le fonctionnement des institutions représentent 283 millions de dollars, 77,9% des dépenses. En d’autres termes, les recettes mobilisées par les régies financières pendant cette période n’ont même pas suffi pour couvrir ces dépenses contraignantes, comme le relèvent les analystes alors que les investissements ont seulement capté 9,1 millions de dollars, soit 2,5%. Pareil niveau faible d’investissement ne saurait favoriser le développement ou la création des richesses susceptibles d’aider à davantage de mobilisation des recettes publiques. C’est le cercle vicieux. Les finances publiques tanguent, les institutions sont dans l’excès. Comment rencontrer les conditionnalités posées par le FMI dans ce cas? Le tableau du ministère des Finances interpelle. Il remet en surface l’éternel débat sur le train de vie des institutions républicaines. Bien plus, il interroge les gouvernants sur leur modèle de transparence et de déontologie. Les observateurs en déduisent que l’État doit rapidement montrer l’exemple sur son train de vie. Comment peut-on encore justifier le train de vie de nos politiques et leurs cabinets éléphantesques à l’heure où le gouvernement cherche partout des économies, sensibilise les fonctionnaires et agents publics sur la nécessité de payer l’IPR, peine à casser la grève des professeurs de l’UNIKIN? Comment rassurer les familles des militaires et policiers qui réclament un traitement équitable avec les autres couches sociales? Certes, la réduction du train de vie des institutions suggérée ne résoudra pas la question de la hauteur du budget de l’Etat, ni n’enrichira le Président de la République et ses collaborateurs ou encore le Premier ministre et son entourage, mais il faut des symboles forts. Aujourd’hui, plus que jamais, réformer le faste de l’intendance publique serait un excellent signal. Dans l’ambiance un peu révolutionnaire qui plane au siège de l’UDPS, où le tandem Kabund-Kabuya est accusé de s’enrichir au détriment de la base, on peut légitimement s’interroger sur les signes extérieurs de richesse des membres des grandes institutions républicaines. Cette réduction ne sera ni en faveur du Président de la République, ni des speakers du Parlement, encore moins des membres du gouvernement, mais des symboles forts s’imposent. Tous les pays passés par des réformes structurelles ont donné l’exemple en changeant ostensiblement le mode de vie des gouvernants et le train de vie de l’Etat. Parcourez plutôt la Fiche synthétique pour vous en convaincre.
Natine K.