La rencontre entre les deux leaders va intervenir quelques temps après les tensions entre les membres de la coalition. L’entérinement de Malonda, les ordonnances présidentielles portant mises en place au sein de la magistrature et l’Armée ainsi que les marches pacifiques initiés par les deux parties alliées vont occuper une bonne partie des échanges entre le Président et son prédécesseur en vue de dissiper le mal entendu
Quel est le climat qui prévaut actuellement au sein de la coalition au pouvoir en RD-Congo? La question vaut son pesant d’or au regard des attitudes et comportements conflictuels qu’affichent les uns et les autres. Cela est perceptible dans les agissements des caciques du Front commun pour le Congo -FCC- et de Cap pour le changement -CACH. Pourtant alliés puisqu’en coalition, chacun prêche cependant pour sa propre chapelle.
Ils se font des coups bas qui risqueraient de compromettre la coalition au pouvoir. Depuis la promulgation des ordonnances présidentielles sur les nouvelles mises en place dans la magistrature et l’armée, contresignées par le vice-Premier ministre de l’Intérieur et Sécurité assumant l’intérim du Premier ministre, le mécontentement est à son comble du côté FCC dont les animateurs des certaines institutions avaient, à leur tour, boycotté la cérémonie de prestation des serments des juges. Ce qui est non seulement drôle mais surtout inquiétant pour la vie de la nation.
Dans les coulisses, on apprend que, tant du côté du FCC que de CACH, des caciques mal intentionnés tenteraient, en sourdine, de faire capoter la coalition bien qu’en public tout le monde semble remettre le sort de la coalition FCC-CACH entre les mains de deux leaders: Kabila et Tshisekedi. C’est dans le cadre de sauver cette coalition qu’on apprend que le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, autorité morale de CACH, va recevoir dans les prochains jours, son allié, ancien Chef de l’Etat et autorité morale du FCC, Joseph Kabila Kabange. C’est ainsi que le Comité de suivi de l’accord de coalition -COSAC- s’attèle à préparer cette rencontre.
Un haut cadre de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS/Tshisekedi-, a confié, dimanche 16 août 2020 à AfricaNews, qu’un groupe composé de 4 personnes de chaque camp politique a déjà été constitué. Ces huit délégués de CACH et du FCC ont pour mission d’harmoniser les vues et apprêter les dossiers à débattre lors de ce tête-à-tête. Question d’apaiser les tensions qui minent la coalition ces derniers temps. «Pour sauver les meubles et donner la chance aux pourparlers d’avoir lieu, les bad boys de deux camps politiques ont été mis de côté. Notamment Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du PPRD, côté FCC, et Augustin Kabuya et Jean-Marc Kabund respectivement secrétaire général et président a.i de l’UDPS/Tshisekedi pour le compte du CACH», ont rapporté les sources proches du dossier.
Puis: «Néhémie Mwilanya, Azarias Ruberwa, Aubin Minaku et Raymond Tshibanda sont maintenus du côté FCC. A CACH, Nicolas Kazadi et Peter Kazadi ont rejoint le groupe des négociateurs». L’on apprend aussi que le Général Didier Etumba a été écarté dans le camp Kabila pour faire l’équilibre.
Depuis la destitution de Jean Marc Kabund-a-Kabund de son poste de 1er vice-président du bureau de l’Assemblée nationale par le FCC à la suite d’une motion concoctée par le député MLC Jacques Mamba, les violons ne s’accordent plus entre les membres de la coalition. CACH accuse le FCC de tout mettre en œuvre pour contrecarrer les actions du Président Tshisekedi, issu de CACH. Le plan Thambwe Mwamba sur la convocation d’un congrès avorté pour statuer sur «l’état d’urgence sanitaire décrété par le Chef» qu’il avait qualifié de fait et non de droit ainsi que les allégations de violation à répétition de la Constitution par Fatshi, faites par quelques caciques du FCC dans les médias, énervent CACH.
Le 9 juillet dernier, l’UDPS s’est déployée dans les rues pour protester contre l’entérinement de la candidature de Ronsard Malonda comme successeur de Corneille Nangaa à la tête de la CENI par l’Assemblée nationale. Quatorze jours après, soit le 23 juillet, le FCC avait également pris d’assaut les boulevards Lumumba, Sendwe et Triomphal pour, cette fois-ci, soutenir les institutions de la République. Ce qui confirme la thèse d’une méfiance entre les membres de la coalition au pouvoir. La rencontre Kabila-Tshisekedi sera très déterminante.
Octave MUKENDI