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À Jammal, Déo Mutombo a payé les yeux fermés

Alors que le procès Kamerhe et consorts arrive à l’étape des plaidoiries ce 11 juin à Makala, les thèses foisonnent. Comme celle qui pointe le doigt accusateur sur le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Déo Mutombo, après sa déposition le 4 juin sur le paiement effectué au profit de l’entreprise Samibo pour la livraison de 1.500 maisons préfabriquées.

Cette théorie soutient que ce paiement des millions du Trésor public et des réserves stratégiques dans le compte d’une banque jamais renseigné dans le contrat signé en avril 2018 entre Justin Bitakwira, alors ministre du Développement rural, et Samih Jammal, constitue à lui seul un détournement. Qui rend l’auteur coupable aux yeux de certains Twittos, remontés après la publication du tweet d’AfricaNews relayant l’article du Soft international publié le mardi 9 juin.

Il est toujours difficile d’expliquer un crime…économique, un détournement ou une complicité de détournement. Quand sa commission a eu lieu? À qui la faute? Et quelle faute? Entre le gouverneur de la Banque centrale du Congo et la société Samibo, les enquêtes du Parquet prendraient peut-être des années pour établir des liens de collaboration directe ou une probable complicité. Mais, au-delà de tout, il reste ce péché originel, cette faute impardonnable, cette tache indélébile qui, décidément, ne passe pas: cette autorisation de paiement, les yeux fermés, de 57 millions de dollars dans un compte autre que celui indiqué dans le contrat des logements sociaux, dans une banque autre que celle y renseignée.

Ce feu vert accordé à RawBank, la seule banque à disposer des liquidités, à en croire Déo Mutombo, mais pas exonérée de l’obligation de faire atterrir l’argent public payé à sa destination finale, Ecobank, cette violation de la procédure par l’institution officielle censée veiller sur la régularité des opérations ou intermédiations financières et, plus encore, l’aveu fait par le gouverneur de la BCC, devant le tribunal, en direct, devant les caméras de la télévision publique, reconnaissant avoir choisi RawBank, «son correspondant», qui avait le plus de devises, prétendant n’avoir aucun moyen de contrôler ce que font les banques privées, mais disant avoir appris par procès le paiement à RawBank pas à Ecobank, symbolisent toute la bourde et fondent la conviction du Soft international. Des signes d’irrégularités sont manifestes.

Journaliste à RFI, Sonia Rolley est d’avis qu’il y a une question qui n’a pas été posée à Déo Mutombo, celle liée aux retraits en liquide de 35 millions de dollars sur un compte de la RawBank. Sonia Rolley est curieuse de savoir si ces retraits sont légaux et si, là aussi, la Banque centrale du Congo n’a aucun pouvoir de contrôle. Sur la toile, l’article du Soft dont la Rédaction d’AfricaNews reprend des larges extraits a fait mouche. Les commentaires des Twittos en disent long.

KISUNGU KAS

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