Tshisekedi ici pour quel message et quelles promesses encore ? C’est la question qui retentit depuis Kasangulu, dans le Kongo Central, et fait écho aux confins de banana, sur la pointe où le fleuve Congo se déverse majestueusement dans l’Océan. Une interrogation, parmi tant d’autres, qui va certainement suivre le candidat N°20 comme une ombre tout au long de son périple électoral qu’il amorce dès ce lundi dans cette province qui, pendant cinq ans, aura été nourrie de promesses sans réalisations.
Le peuple Ne Kongo se souvient encore de cette harangue du chef de l’Etat déjà en avril 2019, quelque deux mois seulement après sa prise de fonctions, lorsqu’il était allé lancer son programme accéléré de 100 jours. Dans un bref meeting à Boma, Félix Tshisekedi avait promis d’y retourner « dans les tout prochains jours et par route à partir de Kinshasa », pour évaluer les travaux qu’il avait lancés, à savoir la construction de la route Boma-Moanda sur la RN1 ainsi que l’asphaltage du tronçon Boma-Matadi.
Il avait également promis qu’à cette occasion, il allait écouter les doléances de la population et visiter les écoles où il avait étudié, notamment le Collège Notre-Dame de Mbanza-Mboma et l’Institut Tumba.
Si le chef de l’Etat est finalement allé dans ces écoles plus de trois années plus tard, les ne Kogo ont, pour leur part, vite fait le tour de ses promesses pour ne rien trouver de concret. Non seulement que, des quelques fois où il s’est rendu au Kogo Central, entre autres pour des vacances à la station balnéaire de Moanda, mais aussi ils ne se souviennent pas des réalisations qu’il avait promises lorsqu’il annonçait ce qui suit : « Nous allons promouvoir les activités économiques de la province, réaliser le projet de construction du port en eaux profondes de Banana…, travailler pour l’intérêt du peuple ».
Outre le scandale du sextape du vice-Gouverneur de la province, qui avait souillé une province aussi pudique que le Kongo central, et les frasques de son Gouverneur sous la haute protection de la présidence de la République et du ministre UDPS de l’Intérieur, bravant la justice à tous les niveaux, les Ne Kongo ne souviennent pas d’un souvenir véritablement et exclusivement floqué Fatshi. On note, en effet, que les travaux sur la RN 1, Boma-Moanda et Boma-Matadi, avaient abusivement été inscrits dans le programme de 100 jours alors que ces tronçons étaient, depuis près de dix ans, sous le contrat de concession entre le Gouvernement central, à travers le ministère des ITPR, et la Société de Péage du Congo.
Sur le même volet des infrastructures, la population du Kongo Central avait, lors d’une émission grand public organisée par Top Congo voici quelques mois, posé la grande problématique de l’état de la route Materne-Lukula et tout le secteur de Tshela qui se trouve inaccessibles, cinq années plus tard. Plusieurs d’entre eux se souviennent de la peine qu’avait eue son épouse, Denise Nyakeru Tshisekedi, pour se rendre à Singini, au mausolée de feu le Président Kasa6Vubu, à cause du mauvais état de la route.
Quant au grand projet du port en eaux profondes de Banana, les Ne Kongo savent également que ce projet avait déjà été bouclé avec l’arabe DP World depuis 2017, mais avait connu une renégociation qui avait stoppé sa réalisation.
Depuis cette renégociation en 2021, les travaux proprement dits n’ont pas débuté, et les congolais de Banana, Moanda et environs, n’ont toujours pas eu d’assurances quant à l’emploi sur ces travaux, alors qu’ils assistaient déjà à l’importation de la main d’oeuvre à partir de Kinshasa.
Quant aux ports de Matadi et Boma, les deux poumons économiques du Kongo Central, ils sont demeurés l’ombre d’eux-mêmes pendant ces cinq dernières années. L’ONATRA, société gestionnaire, n’aura servi que pour caser des courtisans venus ponctionner les maigres ressources dont il peut encore disposer. Et comble de honte, le bateau ITB Kokolo, réhabilité sous Kabila mais arraisonné faute de curage de la voie fluviale, est aujourd’hui transformé en maison clause flottante où fonctionne des chambres de repos, un club et autres espaces de plaisance, sortant ainsi cette historique unité flottante de sa mission de transport des biens et des personnes.
Tout ce que retiennent les Ne Kongo sur l’ONATRA, sera l’octroi d’un fond de retrait à un millier de retraités sur les 3.239 en attente du décompte finale. Un chèque négocié de longue date avec divers partenaires, mais qui a été présenté comme un don du chef de l’Etat de l’ordre, tenez-vous bien, de quelque 8,5 millions USD.
Une opération de charme électorale mal digérée par les cadres et agents lucides qui n’ont pas oublié que pendant cinq années, sous la vision de Félix Tshisekedi, le Gouvernement congolais a laissé intacte sa créance de plus de 205 millions Usd due à l’ONATRA. De même ce gouvernement a-t-il démissionné de son engagement à accompagner de la direction générale pour la réhabilitation des matériels d’exploitation et infrastructures, et la protection de la société contre tout bradage de ses intérêts et de ceux de son personnel.
Pendant ce temps, c’est sous la barbe du même Gouvernement et la vision du chef de l’Etat que l’ONATRA vit en direct une spoliation de son réseau ferroviaire de Kinshasa au profit du nébuleux projet Métrokin.
Correspondance particulière