Alors que la crise politique persiste en RD-Congo, les uns et les autres sortent de leur silence pour proposer des pistes de solutions. Trois camps protagonistes voient le jour notamment les pro-dialogues, les anti-dialogues ainsi que les adeptes de la transition
Ça fait polémique. Les violons sont loin de s’accorder entre les acteurs politiques RD-congolais. Motif: l’organisation des élections présidentielle et législatives nationales en novembre prochain. La Centrale électorale, organisatrice attitrée de ces élections, a manifesté son intention de solliciter une prorogation auprès de la Cour constitutionnelle évoquant les contraintes techniques et budgétaires. La Majorité présidentielle -MP-, détentrice de pouvoir d’Etat, a vite mordu à l’hameçon estimant que la Commission électorale nationale indépendante -CENI- a raison et c’est son droit de solliciter cette prolongation. En face de la MP, il y a les anti-dialogues notamment le G7 et Moise Katumbi, la Dynamique de l’Opposition politique placée sous la coordination de Vital Kamerhe qui estiment qu’aller au dialogue c’est cautionner le glissement en faveur de Kabila qui devrait aller au-delà de son mandat conformément à la Constitution. Dans ce climat délétère, l’autre camp prône le dialogue, entre autres l’UDPS Tshisekedi et le Front du peuple chapeauté par Lisanga Bonganga. Il sied de relever le fait qu’il y a deux ailes de pro-dialogue: le pro-dialogue Wumela qui soutient la prolongation du mandat et le pro-dialogue Yebela qui tient à l’organisation des élections dans les délais constitutionnels. Entre temps, un autre camp vient de voir le jour, celui de la 3ème voie qui soutient le dialogue mais avec une idée de passer par la transition. Dans ce camp, il y a une frange de gens qui se réclament pionniers de l’UDPS. Cette question de la transition avait été évoquée en premier par Muanda Nsemi, leader du mouvement politico-spirituel Bundu dia Kongo rebaptisé Bundu dia Mayala.
Le mercredi 6 avril, une vingtaine de personnes se réclamant pionniers de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS-, ont donné leur position sur la crise politique qui sévit en RD-Congo. Dans une déclaration politique faite à Kinshasa devant la presse au Centre des handicapés à Gombe, ces pionniers évoquent la tenue du dialogue politique inclusif. Ils proposent que le dialogue se tienne pendant 45 jours avec possibilité de le prolonger de 15 jours. Selon eux, 300 personnes devraient y prendre part en fonction de 100 délégués par composante, à savoir: la Majorité présidentielle -MP- et alliés, l’Opposition politique ainsi que la Société civile. Ces pionniers souhaitent que le dialogue puisse déboucher sur la transition de 3 ans en vue de permettre l’organisation des élections libres et transparentes. Ils justifient cette assertion par la pertinence de réviser le fichier électoral en enrôlant les nouveaux majeurs. Ce groupe propose également que ce dialogue soit délocalisé soit à Kisangani, soit à Mbandaka pour des raisons sécuritaires. Autre proposition: la presse ne devrait pas couvrir les travaux en commission, elle devra se contenter seulement de couvrir les séances d’ouvertures et de clôture des travaux. La question qui se pose est de savoir si leur proposition sera-t-elle acceptée par les autres camps quand on sait que l’idée était évoquée par Ne Muanda Nsemi lors de consultations initiées par le Président Joseph Kabila en prélude de la convocation du dialogue national inclusif. Cette idée avait attirée de foudre à Muanda Nsemi au point que ce dernier ait déclaré son retrait de la politique accusant la Majorité présidentielle et le Président Kabila de n’avoir rien fait pour le protéger.
A la lecture de la déclaration de ces pionniers de l’UDPS, la 3ème voie se dessine, celle de la transition politique. Une proposition qui renvoie au Dialogue inter congolais bis après celui tenue à Sun City en Afrique du Sud en décembre 2004 et ayant abouti à la mise sur pied du nouvel ordre politique avec à la clé la promulgation de la Constitution du 18 février 2006.
Le premier paragraphe de l’exposé des motifs de ladite Constitution est clair: «Depuis son indépendance, le 30 juin 1960, la République démocratique du Congo est confrontée à des crises politiques récurrentes dont l’une des causes fondamentales est la contestation de la légitimité des institutions et de leurs animateurs. Cette contestation a pris un relief particulier avec les guerres qui ont déchiré le pays de 1996 à 2003».
Et de poursuivre au 2ème paragraphe: «En vue de mettre fin à cette crise chronique de légitimité et de donner au pays toutes les chances de se reconstruire, les délégués de la classe politique et de la Société civile, forces vives de la nation, réunis en Dialogue inter congolais, ont convenu, dans l’Accord global inclusif signé à Pretoria en Afrique du Sud, le 17 décembre 2002, de mettre en place un nouvel ordre politique, fondé sur une nouvelle Constitution démocratique sur base de laquelle le peuple congolais puisse choisir souverainement ses dirigeants, au terme des élections libres, pluralistes, démocratiques, transparentes et crédibles».
Déjà 4 mois se sont écoulés depuis la publication de l’Ordonnance présidentielle convoquant le dialogue national. Du coup le respect des délais constitutionnels fait polémique et les violons sont loin de s’accorder entre les acteurs politiques RD-congolais. Motif: l’organisation des élections présidentielle et législatives nationales en novembre prochain. La Centrale électorale, censée organiser ces élections a manifesté son intention de solliciter une prorogation auprès de la Cour constitution évoquant les contraintes techniques et budgétaires. La Majorité présidentielle -MP- détentrice de pouvoir d’Etat a vite mordu à l’hameçon estimant que la Commission électorale nationale indépendante -CENI- a raison et c’est son droit de solliciter cette prolongation. L’opinion politique accuse la MP de vouloir favoriser le glissement du mandat présidentiel actuel. Il y a, d’une part, la MP qui soutient l’idée du dialogue initié par Joseph Kabila avec ou sans la médiation des Nations unies et, d’autre part, l’UDPS Tshisekedi et le Front du peuple qui tiennent à l’organisation du dialogue sous la médiation des Nations unies sur base de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. En dehors de pro-dialogue, il y a le camp des anti-dialogues. Notamment la Dynamique de l’Opposition politique coordonnée par Vital Kamerhe qui estime qu’aller au dialogue c’est prolonger le mandat de Kabila en violation de la Constitution.
Dans tout cela, l’ONU n’est pas en reste. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU, de passage à Kinshasa en février dernier, avait exhorté tous les acteurs RD-congolais d’aller au dialogue inclusif, seule voie qui reste pour résoudre la crise politique actuelle. Mais ces derniers sont en train de tergiverser.
Octave MUKENDI
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