Au Kasaï Oriental, la gouverneure ai, Julie Kalenga, aux affaires depuis début août 2023, fait souffrir le martyre à Jean Cibondo Kankulu, directeur de la prison centrale de Mbuji-Mayi.
Ce dernier, ensemble avec le chef de division provinciale de la justice, Célestin Kazadi, est accusé de «passivité» dans l’évasion des détenus de la prison centrale de Mbuji-Mayi. Ils ont tous les deux écopé, de la part de Julie Kalenga, d’une suspension indéterminée sans être entendus pour présenter leurs moyens de défense.
Pourtant, en cas d’évasion, la loi prévoit que seul le parquet puisse statuer pour établir, après enquête, les responsabilités. Contre toute attente, la gouverneure Kalenga a décidé de « suspendre sans qualité » les deux personnalités.
Alertée, la société civile locale s’est saisie de l’affaire et est montée au créneau pour dénoncer l’«usurpation de pouvoir» de Julie Kalenga et la «violation du droit à la défense» de Jean Cibondo et Célestin Kazadi.
Elle a en plus accusé la gouverneure «d’abus de pouvoir» et de vouloir «régler des comptes politiques» au directeur suspendu.
L’évasion des huit détenus de la prison de Mbuji-Mayi est survenue dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 janvier dernier alors que le directeur Jean Cibondo Kankulu, en tant qu’administratif, était physiquement absent de cette maison carcérale.
«Cette évasion était nocturne. A son arrivée, le matin, le directeur a dressé un rapport de circonstance adressé à l’autorité provinciale et a signé un procès-verbal de recherche et d’évasion. Il a en plus entendu sur procès-verbal tous les surveillants de garde et les a conduits à l’auditorat», a établi la société civile après enquête.
Elle a également fait savoir que grâce aux mesures prises par le directeur Jean Cibondo Kankulu, tous les évadés ont été retrouvés.
«Où est la passivité après avoir fait tout ça?», s’est interrogée la société civile, non sans soutenir que cette «suspension est politique et sentimentale».
La société civile locale a en outre désapprouvé la méthode de Julie Kalenga pour mettre à l’écart, coûte que coûte, le directeur Jean Cibondo Kankulu quitte à marcher sur ses droits les plus légitimes.
A Mbuji-Mayi, de nombreux agents pénitentiaires, qui se sont confiés à la société civile sous le sceau d’anonymat par peur des représailles de la part de Julie Kalenga, ont aussi fustigé la méthode employée par cette dernière, qui est de nature à saper les efforts du président de la République, Félix Tshisekedi, d’asseoir l’Etat de droit pour garantir à tous et à chacun le droit à la défense et à un traitement digne.
Raison pour laquelle la société civile locale a appelé le président Tshisekedi à s’intéresser à la situation du directeur suspendu de la prison de Mbuji-Mayi pour le rétablir dans ses droits.
Et ce, quoi que la gouverneure Julie Kalenga, déterminée à évincer Jean Cibondo Kankulu, a «précipitamment et sans qualité» nommé un nouveau directeur de prison intérimaire.
«Seul le ministre de la Justice affecte le directeur de prison. Cette prérogative revient exclusivement au ministre de la Justice», a soutenu la société civile qui, par ailleurs, accuse la gouverneure d’avoir initié une campagne de sape contre le directeur de prison suspendu.
Cette campagne, a-t-elle révélé, tourne autour d’une dette contractée par la prison centrale de Mbuji-Mayi, engagée, dans cette affaire, par le prédécesseur de Jean Cibondo Kankulu.
«C’est une dette déjà certifiée que le directeur Cibondo a trouvé sur sa table. Quand une dette est certifiée, c’est à l’Etat de payer. Le directeur a fait des rapports à la hiérarchie pour qu’on paie et rien n’a été fait», a motivé la société civile locale.
Elle a donné un ultimatum d’une semaine à la gouverneure Julie Kalenga pour réhabiliter le directeur Jean Cibondo Kankulu. Faute de s’exécuter, des actions de grande envergure seront engagées contre la gouverneure afin de la «contraindre de respecter les lois du pays».
Ya KAKESA