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RDC: Sele Yalaghuli, le bouc émissaire

Le ministre des Finances, José Sele Yalaghuli, a été accusé le week-end dans les médias d’avoir interdit aux commerçants les crédits, dans une correspondance adressée à l’Association congolaise de banques -ACB. Le charismatique Sele Yalaghuli s’est vu contraint de réagir cette fois-ci.

Une première fois via le compte Twitter officiel de son département et dans ces termes: «Le ministère des Finances apprend avec grand étonnement qu’il y aurait une mesure interdisant aux banques commerciales d’octroyer des crédits aux commerçants. Il rassure l’opinion qu’aucune décision de cette nature n’émane de lui». À en croire les médias en ligne, Sele Yalaghuli a réagi une deuxième fois à la faveur de la cérémonie d’échange de vœux avec ses anciens collègues du BCECO. «J’ai suivi des accusations gratuites comme quoi j’interdisais qu’on donne des crédits aux commerçants. C’est des aberrations parce que je n’ai jamais dit des choses pareilles», ont rapporté ces médias citant l’argentier national. Le ministre des Finances a plus évoqué la nécessité de bien affecter les ressources dont dispose le pays. Pour l’ancien directeur général de la Direction générale des impôts -DGI-, il n’y a pas de magie pour y parvenir. Il faut, dit-il, financer les investissements. «Les ressources doivent être bien affectées. Et pour bien affecter les ressources dans un pays, il n’y a pas de magie, il faut financer les investissements. Les routes, les écoles, les centres de santé… Il y a pas de magie. C’est ça qui fait qu’on développe dans un pays ce qu’on appelle les externalités positives», a-t-il fait savoir. «AfricaNews» a eu accès à un document pertinent, la copie du courrier du ministre des Finances à l’ACB, et a pu constater que sa requête ne vise pas les commerçants. Elle concerne plutôt la procédure d’endettement public dans le contexte des négociations avec le FMI. «Le gouvernement de la République démocratique du Congo et les services du Fonds monétaire international se sont mis d’accord sur les mesures de consolidation de la stabilité du cadre macroéconomique, dont un repère sur la dette publique.

En vue de respecter cet engagement, je vous informe que toute demande de crédit provenant des institutions publiques et Entités territoriales décentralisées nécessite une approbation préalable du ministère des Finances», y a instruit Sele Yalaghuli. Rien de plus. Le ministre des Finances a été déjà critiqué en novembre au motif qu’il bloquerait le financement du programme des 100 jours du Président Félix Tshisekedi. Mais il a été encore une fois démontré que ces accusations étaient sans fondement. Projet extrabudgétaire, le Programme d’urgence des 100 jours du Président, du reste financés à 70% selon la Présidence de la République, énervait les critères imposés au pays soumis au test de rigueur du FMI. Il y a lieu de rappeler à cet effet que le FMI et le gouvernement ont signé un Programme de référence, présenté au Conseil d’administration du FMI le 16 décembre dernier. Ce programme contient 6 critères quantitatifs et 6 repères structurels, qui sont les conditionnalités que le gouvernement devait respecter en vue d’obtenir le décaissement de près de 400 millions USD d’appui à la balance des paiements et  espérer un programme formel en juin 2020. Ces conditionnalités interdisent le gouvernement à creuser le déficit des finances publiques et lui imposent de gérer sur base caisse en ne dépensant qu’en fonction de disponibilités. Elles lui interdisent aussi de contracter des emprunts non confessionnels, pour ne pas dégrader la viabilité de la dette,  de garantir des emprunts de l’État par les réserves internationales, de faire des dépenses extrabudgétaires et d’accumuler des arrières de dettes ou des salaires. Dans l’opinion, des voix fusent désormais pour condamner ces attaques non justifiées contre l’argentier national. Comme la réaction d’un haut cadre de la Banque centrale du Congo convaincu que «Sele Yalaghuli est un bouc émissaire face aux conspirations et frustrations de certains acteurs politiques ne sachant plus financer leurs trains de vie et goûts du lucre suite à la rigueur et l’orthodoxie que le ministre a imposées dans la gestion des finances publiques». Comme également ce député UDPS vaincu par ces évidences et qui a le sentiment que la polémique autour de la lettre de Sele Yalaghuli aux banquiers est une preuve de mauvaise foi. Le député, qui se dit parmi les défenseurs du ministre, estime que «le succès du Président Félix Tshisekedi ne tiendra pas dans les états d’âme et l’attitude tendant à satisfaire certains appétits gloutons. Il tiendra dans la promotion de la bonne gouvernance, la bonne gestion des finances publiques et les réponses appropriées aux attentes des partenaires financiers et aux défis sociaux». L’élu tshisekediste pense que «les acteurs politiques seraient inspirés d’apprendre à se refréner à ne plus dégainer en toutes circonstances le jeu des fléchettes verbales dans l’espoir d’avoir des petits instants de gloire médiatique». Il est d’avis que dans la Coalition, tout le monde y gagnerait dans la solidarité et en échanges constructifs plutôt qu’avec des attaques gratuites et des clashs parfois ridicules.

Natine K.

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