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500.000USD destinés à Minembwe volés dans un bureau de change: faits et documents mettent Biando hors cause

Mis aux arrêts, Bondeli Esow, le comptable public 0567 affecté au ministère de la Solidarité et Actions humanitaires est le seul qui puisse avoir la charge de garder l’argent de l’État qu’il a retiré de la Banque centrale du Congo dans le cadre de l’assistance humanitaire en faveur des sinistrés de cette localité du Sud-Kivu meurtrie par les attaques des groupes armés. Son aveu et son engagement à restituer l’argent volé le font condamner…

La situation sécuritaire dans les hauts plateaux de Minembwe, au Sud-Kivu, continue à préoccuper les autorités gouvernementales. Depuis des mois, les populations sont obligées de quitter leurs habitations suite aux combats entre groupes armés. Selon les organisations humanitaires, environ 140.000 personnes ont dû fuir les combats. Suite aux confrontations entre ces groupes armés locaux et étrangers en provenance des pays limitrophes à la RD-Congo, des villages entiers se sont vidés. Agissant sur le terrain, ces différents groupes armés seraient également impliqués dans les conflits entre communautés locales, à savoir: les Bafuliru, les Babembe, les Banyamulenge et les Banyindu. Devant l’urgence de la situation, le gouvernement de la République avait décidé d’accorder une assistance humanitaire d’urgence en faveur des populations victimes des attaques meurtrières de ces groupes armés. La gestion des fonds y consacrés a conduit à l’interpellation du ministre de la Solidarité et Actions humanitaires, Bernard Biando, par les services de sécurité. SSur place, Biando a été entendu sur le vol de 500.000 dollars dédiés à cette opération. Présenter le ministre de la Solidarité comme auteur de ce forfait est simplement erroné et malveillant dans ce contexte des tractations politiques en vue de la formation du gouvernement, à en croire les personnes proches du dossier.

Les soupçons pèsent surtout sur le comptable Bondeli Esow

Selon ces dernières, les vrais auteurs de ce vol sont connus. Les soupçons pèsent surtout sur le comptable public 0567, Bondeli Esow, qui a reçu de la Banque centrale du Congo 934.058.400 francs congolais, les a gardés, parce qu’il est le seul à en avoir la compétence, avant d’aller les confier, à l’insu du ministre, aux Établissements JCB, un bureau de change de la Gombe, où les fonds ont été volés, comme l’atteste sa déclaration datée du 29 juillet dernier et signée de sa propre main, dans laquelle il a sollicité «un délai de 12 heures pour couvrir ce forfait». Un aveu extrêmement grave! De l’argent donné et sorti des caisses de l’Etat pour une urgence humanitaire, qui traine… un mois dans un bureau de change alors qu’il y a des banques! Alerté, Biando n’a pas voulu se contenter de la confession du comptable et de son engagement à restituer l’argent volé, qui le dédouanent. Il a immédiatement porté plainte à charge du comptable indélicat et du conseiller financier Teddy Ilako auprès du Directeur des renseignements généraux de la Police nationale congolaise -PNC. D’après le gérant du bureau de change, aujourd’hui aux arrêts, un certain Lindumba, la collaboration avec le comptable Bondeli a été facilitée par Teddy Ilako, conseiller financier au ministère de la Solidarité. Lindumba a été arrêté et déféré devant la Justice sur plainte du comptable public pendant que le ministre était en mission officielle en Suisse. C’est donc injustement que le plaignant Biando s’est retrouvé par devant les services de sécurité en position d’accusé alors que les faits et leurs péripéties le mettent hors cause.

Un argument de taille défendant le ministre Biando

Dans les circuits des ministères des Finances et du Budget, un argument de taille est sorti pour défendre Biando: «bien qu’ordonnateur, il n’appartient pas à un ministre de garder les fonds publics mis à la disposition de son Portefeuille. C’est de la compétence du seul comptable qui dispose des bureaux et des coffres-forts pour ce faire». Outre les évidences précitées, les sources expliquent aussi que les fonds destinés aux sinistrés de Minembwe sont cogérés depuis le début avec le ministre d’État en charge de la Décentralisation, Azarias Ruberwa, l’un des notables de Minembwe, réputé avoir la connaissance du terrain. «Tous les décaissements effectués dans ce cadre l’ont été avec sa bénédiction et en fonction des besoins exprimés par les équipes mixtes ministère de la Solidarité et cabinet de Ruberwa -déployées entre Goma, Bukavu et Minembwe», insiste-t-on. L’intervention humanitaire en faveur de Minembwe a un double volet, notamment la distribution urgente des vivres et la disponibilisation des non-vivres, entre autres l’acquisition des matériaux de construction et l’achat des tôles pour la réhabilitation des habitations détruites. Mais les choses ont tiré en longueur compte tenu du contexte sécuritaire dans la région et du mauvais état des routes conduisant à Minembwe, localité enclavée et dépourvue d’un aéroport de gros tonnage. Ces réalités connues de tous ne saurait être imputées à Biando coté parmi les ministres exemplaires ces deux dernières années.

Tino MABADA

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