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RDC: Sele Yalaghuli croit au succès des négociations en cours en vue d'un programme formel avec le FMI

Le ministre des Finances, José Sele Yalaghuli, croit au succès des négociations en cours en vue d’un programme formel avec le Fonds monétaire international -FMI. L’argentier national a affiché cet optimisme à la faveur d’un entretien à Washington avec le confrère Christian Lusakueno de Top Congo Fm. Sele Yalaghuli a laissé entendre que le Président de la République, Félix Tshisekedi, a personnellement fait le déplacement des États-Unis “pour donner le tempo et garantir l’instance la plus élevée du FMI de la volonté politique, au plus haut niveau du pays, pour pouvoir continuer ce programme”. Selon lui, le souhait du FMI est que toutes les recettes possibles puissent garnir les caisses de l’État.
Sele Yalaghuli a assuré que le gouvernement de la République entreprend de lancer des réformes en vue de rencontrer cette préoccupation du FMI, d’une part. Et de l’autre, le gouvernement s’efforce de contrôler ses dépenses. De l’avis du ministre des Finances, seul le strict respect de ces deux conditions garantira l’évolution heureuse de ce partenariat avec le FMI et permettra d’atteindre les objectifs fixés de commun accord. “Continuer le programme veut dire que la RDC est consciente des conditionnalités”, a souligné Sele Yalaghuli, précisant que le gouvernement est en train de fournir les efforts afin d’augmenter les recettes. Les descentes sur terrain, dans différents postes douaniers, le sont justement dans le but de trouver des mécanismes de lutte contre le coulage des recettes publiques. Outre ce dispositif anti-coulage, l’argentier national a dit également miser sur la campagne de lutte contre la corruption et le mois d’avril correspondant à la période d’échéance fiscale. Entretien.

Le Fonds monétaire international dit que nous ne pouvons travailler ensemble que si la RD-Congo fournit des efforts. Pensez-vous que nous sommes en mesure de répondre aux exigences de cette structure financière?

Le Chef de l’État s’est personnellement déplacé vers les États-Unis pour donner le tempo et garantir l’instance la plus élevée du FMI de la volonté politique, au plus au niveau du pays, pour pouvoir continuer ce programme. Et de l’avis du FMI, cette émergence est conditionnée par le fait que toutes les recettes doivent bel et bien renflouer les caisses de l’Etat. Sur ce, nous travaillons en vue de lancer des réformes afin d’y arriver. De l’autre côté, il nous faut contrôler nos dépenses. Seul le strict respect de ces deux conditions nous permettra d’évoluer dans ce partenariat avec le FMI et, en suite, d’atteindre les objectifs fixés conjointement. Et continuer le programme veut dire que nous sommes conscients des conditionnalités.

Il y a quelques jours, il y a eu des mésententes entre différents ministères en rapport avec certaines dépenses. Ne pouviez-vous pas interdire certains décaissements afin que nous gardions de bons rapports avec le FMI jusqu’au mois de décembre?

Nous sommes contraints de décaisser certaines sommes d’argent surtout que ces dépenses sont prévues dans le budget. Mais il s’est fait qu’au cours de cette année, il y a eu augmentation de l’enveloppe salariale des agents de l’Etat compte tenu du fait que les effectifs ainsi que l’équivalence des fonctions sont revus à la hausse dans certains services publics. Ce qui fait que l’argent à dépenser connait logiquement une hausse. Ce qui fait aussi que nous connaissons des difficultés pour couvrir ces dépenses suite à l’écart entre les recettes et les dépenses.

Au regard de cette situation, ne pensez-vous pas que la RD-Congo fonce tout droit vers l’échec de ce partenariat?

Afin de palier cette situation, les efforts sont fournis afin d’augmenter les recettes. C’est dans ce cadre que des descentes ont été entreprises sur le terrain dans différents postes douaniers afin de trouver des mécanismes de lutte contre le coulage des recettes. La dernière en date l’a été dans le Katanga. Nous misons aussi sur le mois d’avril correspondant au «mois d’échéance fiscale». Comme c’est durant cette période que les impôts sur les bénéfices sont payés, les caisses de l’Etat seront suffisamment renflouées et ces dépenses couvertes.

Vous parlez d’un budget à 11 milliards de dollars américains. Ne trouvez-vous pas que c’est peu?

Il est vrai qu’il y a énormément d’argent dans le pays mais qui finit dans les poches des individus. C’est pour cela que nous devons faire en sorte que les agents commis à la perception des recettes œuvrent dans le sens de renflouer les caisses. Nous travaillons actuellement dans ce sens. Mais malheureusement, la RD-Congo est très dépendante de l’économie internationale et particulièrement de la Chine, qui est actuellement touchée de plein fouet par le Coronavirus. Ce qui impacte négativement le commerce entre nos deux pays mais surtout l’activité minière dont le secteur est quasiment contrôlé par les entreprises chinoises privant ainsi la RD-Congo des liquidités en devises. Afin de palier cette situation, le Chef de l’État a lancé il y a peu une vaste campagne de lutte contre la corruption. Nous avons entrepris des descentes au niveau de tous les services et tous les contrevenants seront punis conformément à la loi. Mais aussi, tous ceux en âge de la retraite devront être remplacés par du sang neuf. En même temps, nous procéderons au changement de certaines lois qui ne sont pas adaptées en vue de permettre une meilleure collecte des recettes.

Pensez-vous être à la hauteur de la tâche qui vous est confiée dans la collecte des finances?

Bien évidemment, je connais bien mon pays et j’ai déjà travaillé pour et dans plusieurs structures spécialisées dans ces genres de missions.

En ce qui concerne le climat des affaires, plusieurs opérateurs se plaignent de la fiscalité du pays. Mais aussi, l’État ne restitue pas aux opérateurs la Taxe sur la valeur ajoutée -TVA. Que dites-vous sur ces sujets?

Il est vrai que nous avions eu des difficultés à rembourser la TVA qui est une dette que nous nous emploierons bientôt à restituer. Par rapport à la fiscalité, il est vrai qu’il y a multitude de taxes. À part les taxes perçues par la DGI, la DGDA ainsi que la DGRAD, les provinces aussi à leur tour perçoivent des taxes. Et, ces dernières pèsent sur les opérateurs économiques. Sur ce, le Président de la République m’a instruit, avant que nous nous rendions à Washington, afin de supprimer toutes les taxes qui s’avéreront inutiles et réduire les autres. Il est prévu dans les prochains jours, l’organisation d’une conférence des gouverneurs pour statuer sur ce sujet.

Par cette démarche, ne pensez-vous pas amputer à ces provinces les moyens financiers nécessaires à leur fonctionnement ou même développement?

La Loi est claire à ce sujet. Certaines taxes leur sont destinées pour leur fonctionnement. Et certaines proviennent de la centrale qui leurs sont rétrocédées. Et bien qu’ayant connu certains retards, la rétrocession a débuté depuis le mois de janvier de cette année. Notre démarche consiste à éliminer les taxes non légales.

Le gouvernement a parlé de l’augmentation du budget afin de soulager le peuple et reconstruire le pays. La population doit-elle financer son budget? Ou le gouvernement fera de son mieux afin de soulager le peuple?

Il faut que chacun d’entre nous puisse mettre la main dans la pâte. Le pays ne prospérera pas si l’on ne paye pas les taxes, censées financer la construction des routes, des écoles… Tous les grands projets et autres actions lancés par le Chef de l’Etat, en l’occurrence la gratuité de l’enseignement ou encore la réforme du système de santé ne survivront que si les taxes sont effectivement payées. Chacun d’entre nous doit jouer sa partition pour la reconstruction du pays. Et bien évidemment, il nous incombe à nous le gouvernement d’utiliser cet argent en bon père de famille.

Etes-vous sûr que cet argent sera bien géré? De plus pouvez-vous nous dire si l’IPR est actuellement payé par les concernés?

Nous étions en discussion avec les syndicalistes au niveau de la Fonction publique à ce sujet. Je peux vous garantir que tous les concernés s’acquitteront de leurs devoirs quel que soit leur revenu. Nous procéderons à une évaluation avec le ministre du Budget qui, au regard de loi, fixe les salaires et le montant à retenir en guise de taxe. Pour les institutions qui ne payent pas, une mission de sensibilisation sera organisée à cet effet. Mais il est aussi vrai que d’une manière ou d’une autre, tout le monde paye plus ou moins sa taxe. Car dans tous les aliments et autres produits que nous consommons, il y a une TVA qui est incluse.

Interview de Christian Lusakueno

Traduite et retranscrite par Achille Kadima

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