S’informer, se former, beaucoup lire et avoir une vaste culture générale sont des atouts qui font qu’un journaliste excelle dans sa carrière professionnelle. C’est en ces termes que Chantal Kanyimbo, rapporteur du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication -CSAC- a donné quelques conseils aux aspirants journalistes. Les difficultés rencontrées par son institution pour s’acquitter de ses missions; le travail réalisé depuis l’installation du CSAC en août 201, ont été au centre de l’entretien que le porte-parole du CSAC a eu avec «AfricaNews». Ancienne présidente de l’Union nationale de la presse du Congo, directeur à la RTNC, cette journaliste de formation a brossé le tableau du travail réalisé au niveau de cette institution d’appui à la démocratie, malgré les difficultés de fonctionnement, liées à la faiblesse des moyens mis à disposition.
Vous êtes pour l’égalité homme et femme. Quel est votre apport par rapport à ce combat?
Je ne peux pas dire que j’ai particulièrement apporté quelque chose dans la bataille de l’égalité des chances, car je ne travaille pas au quotidien pour cette question. Cette problématique est une nécessité dans la mesure où la société humaine étant composée d’hommes et des femmes, il est normal que justice soit rendue à la contribution de la femme dans l’édification de l’humanité. Il est plus qu’impérieux de lever les barrières qui empêchent les femmes de donner le meilleur d’elles par les talents que Dieu a disposés en elles. La gent féminine, ce sont des êtres humains qui doivent avoir les mêmes droits que les hommes, les mêmes chances d’opportunités offertes aux hommes, tout simplement parce que ils sont des hommes. J’estime que ce n’est que juste que les femmes du point de vu professionnel, puissent être discriminées alors qu’elles ont les mêmes compétences, sinon plus que les hommes. Ce combat est mené par chaque femme qui a décidé de mener une carrière professionnelle. Je pense l’avoir fait en faisant prévaloir mes compétences professionnelles qui ont été reconnues par tous. C’est ainsi que l’on peut faire avancer cette question de l’égalité des chances hommes-femmes. Ce n’est pas normal que parce que je suis une femme, on me refuse une promotion et qu’on la donne à un homme, qui n’a pas les mêmes capacités que moi, tout simplement sur base d’un critère lié aux sexes de l’un et l’autre.
La publicité des médicaments est interdite dans les médias. Mais à la longueur de la journée, nous voyons les tradi-praticiens faire l’apologie de leurs médicaments. Quelle disposition prenez-vous au niveau du CSAC?
Le CSAC a pour mission de veiller à l’application des dispositions légales et règlementaires organisant le fonctionnement des médias. Dans la réglementation de notre pays, il est interdit de faire la publicité des médicaments dans les médias. C’est pour faire respecter cette réglementation dans notre pays que nous avons décidé d’interdire la diffusion des émissions des tradi-praticiens; de la publicité de leurs produits. Je vous rappelle que nous avons à plusieurs reprises eu des nombreuses séances pédagogiques avec les tradi-pratriciens pour les sensibiliser sur la manière dont ils devraient assurer la promotion de la médecine traditionnelle et éviter le charlatanisme. Nous avons même instauré un visa préalable à obtenir avant toute diffusion de leurs productions médiatiques, mais malheureusement, le constat est là, ils versent toujours dans des publicités mensongères, mettant en danger la santé publique des citoyens RD-congolais. Il existe même un Guide médiatique produit par le ministère de la Santé publique, qui a dans ses attributions la mission d’assurer la promotion de la médecine traditionnelle, mais les procédures fixées par ce guide élaboré en collaboration avec le CSAC, n’est pas respecté dans la production des émissions des tradi-pratriciens. Nous avons donc décidé d’interdire la diffusion de ces émissions pour protéger la santé des RD-Congolais, jusqu’à nouvel ordre.
Quelles sont les actions d’éclat que vous avez eu à mener depuis que vous êtes aux commandes?
Non, n’avons pas d’actions d’éclats à mener. La régulation se fait au quotidien, au regard des contenus diffusés par les médias. Nous veillons à l’application des textes légaux et réglementaires par les médias. La régulation se fait de manière ordinaire en suivant le contenu diffusé par les médias. Notre centre de monitoring des médias RD-congolais assure l’observation des médias et nous transmet régulièrement des rapports sur les contenus diffusés avec le constat des dérapages observés. C’est alors que nous lançons une procédure avec une invitation au directeur des programmes, qui est notre interlocuteur, tel que fixé par la loi pour un recadrage. S’il s’avère nécessaire de prendre des mesures, nous les prenons lors des assemblées plénières et nous rendons publiques nos décisions. Sinon, nous privilégions toujours la pédagogie, car, comme vous le savez, nous sommes une institution d’appui à la démocratie.
Je sais que vous rencontrez beaucoup de difficultés pour mener à bon port le CSAC, pouvez-vous en citer quelques-unes?
Les difficultés que nous rencontrons au niveau de Conseil supérieur de l’audiovisuel et de communication sont essentiellement liées aux moyens financiers. Nous sommes une institution de la République financée par le Trésor public. Les moyens votés par l’autorité budgétaire du pays ne sont toujours pas mis à disposition au compte du CSAC à temps, et le plus souvent partiellement exécuté au niveau du gouvernement.
Quels conseils prodiguez-vous surtout aux filles qui rêvent de devenir comme vous?
Pour être comme moi? Bien. Il n’y a pas une baguette magique. Il y a un travail à faire dans tous les cas. Un journaliste doit maîtriser l’histoire de son pays et du monde. Il doit avoir un back ground nécessaire qui puisse lui permettre de présenter les faits actuels et de les analyser pour apporter un éclairage permettant aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs de comprendre les informations que les médias mettent à leur disposition, parce que ce qui se passe aujourd’hui repose toujours sur des phénomènes antérieurs qui permettent d’apporter des explications, des analyses solides sur les phénomènes présents. Un journaliste doit continuellement se former, s’informer. La lecture est un moyen de s’enrichir intellectuellement pour avoir une vaste culture générale afin de pouvoir être à la hauteur de sa tâche. C’est du moins le conseil que je peux donner à tous ceux qui me considèrent comme un modèle.
Propos recueillis par Miriam MBUESHI