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RDC : Matata Ponyo invite les Africains à réfléchir sur un deuxième sursaut, 60 ans après les indépendances

L’ancien Premier ministre RD-congolais Augustin Matata Ponyo a interpelle les Africains. Au cours d’une séance académique réunissant les sénateurs de la RD-Congo en la salle des Congrès du Palais du peuple, siège du Parlement, l’élu de la province de Maniema a souligné que, 60 ans après les indépendances de plusieurs pays africains, le continent reste à la traine. Il compte ainsi, à ce jour, le nombre le plus élevé des «pays les moins avancés du monde». Dans son intervention, il a démontré, preuves à l’appui, que rien d’intéressant n’a été réalisé en Afrique, 60 ans après les indépendances acquises avec les sacrifices de tous ordres consentis par nos pères. Face à cette situation, le sénateur Augustin Matata Ponyo a invité le peuple africain à mieux réfléchir sur un deuxième sursaut. Pour lui, ce sursaut devrait être comparable à celui réalisé avant l’accès à la souveraineté internationale. Il a également appelé les Africains: «à se réveiller de ce sommeil profond dans lequel l’a plongé de fausses richesses qui ne résistent pas à l’issue du temps, des faux prestiges qui ne sont qu’apparents, de faux honneurs parce que individuels et non partagés par la majorité».

33 sur 47 Etats africains sont moins avancés

Matata Ponyo s’est, lors de son intervention, inquiété du fait que l’Afrique compte, à ce jour, le nombre le plus élevé des pays les moins avancés du monde, soit 33 sur 47 Etats. A fin 1959, a-t-il expliqué, le PIB par habitant en Afrique se chiffrait à environ 1 055,11 USD contre 601,24 USD en 1900. Soixante ans après, a-t-il complété, le PIB par habitant en Afrique se chiffre à environ 1 663,16 USD. «Il n’a même pas été multiplié par deux», a déploré Matata Ponyo, alertant que les projections et estimations crédibles montrent que même si l’Afrique bénéficiait d’une expérience, similaire à celles que les pays de l’Asie de l’Est ont connue durant les soixante dernières années, elle demeurerait encore en queue de peloton comparativement aux autres régions du monde durant les soixante prochaines années. «L’idéologie néocolonialiste, si souvent clamée par les dirigeants africains, devrait constituer la motivation des stratégies efficaces pour se libérer des pièges tendus par les anciens colonisateurs», a suggéré Matata Ponyo, s’inscrivant en faux contre thèse selon laquelle le retard de l’Afrique est le fait du néocolonialisme. Et de s’interroger: «brandir le néocolonialisme ou la théorie du complot comme la cause majeure de notre faible développement ne viserait-il pas à justifier le déficit de leadership et le mauvais choix de nos politiques économiques?». Pour lui, une des principales raisons du retard de l’Afrique réside dans sa faible industrialisation. «La part de l’Afrique dans la valeur manufacturière mondiale est de moins de 2% à fin 2000», a-t-il révélé.«Le déficit d’industrialisation est dû notamment au déficit énergétique. A fin 2019, plus de 52% de la population en Afrique n’ont toujours pas accès à l’électricité», a-t-il noté, faisant savoir par ailleurs que près de 75% de la population n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable gérés en toute sécurité.

Le regret de Matata

Le président du Conseil d’administration de la Fondation Mapon, le sénateur Matata Ponyo, a également regretté le fait qu’à ce jour, le commerce intercontinental de l’Afrique, par voie maritime, ne représente que 7% des exportations et 5% des importations mondiales en valeur. «Or, lors de l’octroi des indépendances, les archives indiquent que les principaux cours d’eaux navigables pour faciliter le transport à l’intérieur du continent ainsi que la connexion avec le flux maritime intracontinental étaient bien identifiés et cartographiés», a-t-il fait remarquer.Dans le secteur de la santé, a-t-il rappelé, l’Afrique comptait 14 lits d’hôpital pour 10 000 habitants. Par contre, en 2018, l’Afrique compte 10 lits d’hôpital pour 10 000 habitants. «Alors que durant cette période, la population a quadruplé, le nombre de lits d’hôpital par habitant a baissé», a constaté Matata Ponyo.

Christian BUTSILA

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