L’accord avec CODER tombé caduque après expiration du préavis, le ministre du Portefeuille, avec le concours de ses collègues des Mines et de l’Industrie, a validé un nouveau contrat d’amodiation avec un autre partenaire. Sur terrain, les résultats sont déjà palpables…
La fumée blanche tant attendue à la Cimenterie nationale -CINAT- pourrait être renvoyée aux calendes grecques. Douze ans après l’arrêt de la production, les travailleurs de cette entreprise dont le capital est détenu à 91,7% par l’Etat RD-congolais croyaient pourtant avoir aperçu le bout du tunnel le 7 mai 2022 avec la signature d’un contrat d’amodiation avec la firme Diamond Cement DRC SARLU. Seulement, l’espoir semble s’envoler. En effet, Eugène Diomi Ndongala a décidé de perturber cette reprise, à en croire des membres de la Délégation syndicale de cette entreprise. Ces derniers accusent Diomi d’avoir fait installer depuis le 7 juillet des éléments des FARDC dans les installations de la CINAT.
Pour justifier sa forfaiture, il brandit un jugement qu’aurait rendu le Tribunal de commerce de Kinshasa/Matete. «Faux et usage de faux», rétorquent les administratifs, travailleurs et techniciens de cette société qui n’ont plus accès à leur lieu de travail.
Au demeurant, le conflit entre Diomi et la CINAT découle d’un contrat signé entre les deux parties. A travers la société Congolaise du développement rural -CODER-, Diomi s’était alors engagé à investir 42 millions dans l’acquisition des intrants et 10 millions dans la réhabilitation des machines. Seulement, près d’une année après, CODER n’avait toujours pas rempli sa part du marché, malgré des «promesses fallacieuses» de son représentant et la mise en demeure de rupture de contrat lui adressée par la Direction générale de la CINAT.
Un nouveau contrat en bonne et due forme
Placée devant ses responsabilités face au défaut de production des preuves de capacité financière, la Direction générale a décidé d’initier de nouvelles négociations avec une firme plus intéressée. Finalement, Diamond Cement DRC est entrée en danse après avoir obtenu les avis favorables des ministères du Portefeuille, des Mines et de l’Industrie. Depuis, la CINAT a connu une bouffée d’oxygène.
Le contrat d’amodiation tel que signé doit normalement couvrir les volets technique et social. Dans le premier, il s’agira de moderniser l’outil de production de manière à rendre les installations compétitives, appliquer une politique d’entretiens soutenus en vue de léguer à l’Etat un outil de production viable à la fin du contrat ainsi qu’acquérir des équipements de carrières permettant la découverture des autres carrières restées inexploitées à ce jour, soit 4 sur 5. Dans le second volet, Diamond s’est engagée à payer une avance, équivalente à 10 mois de salaire pour la majorité de classifiés, sur les arriérés des salaires de 12 ans ainsi que sur la pension des retraités. Il s’agit également de recruter progressivement des jeunes et habiles agents et de mettre en place un cahier des charges de développement communautaire.
À ce jour, plus de 2 millions de dollars ont déjà été décaissés. Ces fonds ont servi à payer une avance sur les arriérés des agents mais également à retaper le bâtiment et entreprendre la remise en service des machines. Tout ça en seulement deux mois.
Diomi, le perturbateur
À Songololo, territoire où sont installées les usines de la CINAT dans la province du Kongo-Central, les résultats des 60 premiers jours de Diamond sont largement visibles. Un succès rendu possible grâce à la mise en application de la vision du Chef de l’Etat, résumée en une phrase: «Le peuple d’abord». Malheureusement, pour certains, le peuple n’est jamais la priorité quand il s’agit des intérêts mesquins.
Diomi a donc décidé délibérément de perturber la relance d’une entreprise en torpillant un contrat conclu en toute légalité. Le sérieux de Diamond dans ses engagements et la qualité des travaux déjà effectués ont mis à mal les lobbies mafieux du secteur. Ils redoutent désormais que CINAT reprennent sa position de leader du secteur, au détriment des privés dont certains sont accusés d’être actionnaires.
Dans leur besogne, ces lobbies ont décidé d’intoxiquer les travailleurs en véhiculant une rumeur de cession de la CINAT. Cette campagne de manipulation a malheureusement emporté l’Assemblée provinciale qui a dépêché une commission parlementaire en vue de juguler un prétendu conflit professionnel créé par le contrat. Tous les chemins de ce dossier convergent vers un homme: Diomi. Celui-là même que le président de l’Assemblée provinciale a accusé de lui avoir promis 50 sacs de ciment en échange de son soutien à la dernière élection de gouverneur.
CINAT et le signe indien
Candidat malheureux à cette élection, Diomi Ndongala semble décidé à empester le mandat du gouverneur Guy Bandu, particulièrement dans la cité de Kimpese. Cette démarche nuit gravement à l’action du Chef de l’Etat, chantre de l’Etat de droit et des bonnes valeurs.
Il sied de rappeler que, depuis sa création en 1974, la CINAT a connu plusieurs situations chaotiques. Dès ses premières années, l’entreprise s’est retrouvée à la merci des banques pour se fournir en intrants. Ce calvaire est accentué par le manque d’équipements adéquats, un fond de roulement insuffisant et l’unicité de son prototype à forte consommation. Un cocktail qui ne lui a pas permis de résister à la concurrence lui imposée par le Congo Brazzaville et la République centrafricaine notamment.
Début des années 80, les premiers signaux de détresse sont lancés et le gouvernement y injecte des capitaux frais à deux reprises, alors que la production n’a jamais dépassé la barre annuelle de 20 milles tonnes sur les 300.000 potentiels. En 1992, l’idée de la liquidation est avancée pour la première fois. Cinq ans plus tard, l’entreprise est de nouveau frappée par les effets collatéraux du changement de régime à Kinshasa. Depuis, elle ne s’est plus relevée jusqu’à mettre la clef sous le paillasson en 2011 sans toutefois déposer le bilan.
Tino MABADA