Nouveau malaise chez Congo Airways. A l’agonie, la compagnie nationale d’aviation est loin de sortir de l’auberge, multipliant des scandales et plongée dans ses travers, notamment des «détournements» et un «déficit de gestion» qui plombent totalement le «Léopard volant», moins de dix ans après son vol inaugural. Alors que le gouvernement s’apprête à lancer une autre compagnie d’aviation, Air Congo, Congo Airways semble marcher, sans désemparer, sur les traces de son ancêtre, les Lignes aériennes congolaises -LAC-, aujourd’hui en liquidation. Sans appareil depuis plus de trois mois, Congo Airways est en passe de perdre sa licence. Une situation qui pouvait être évitée, selon une note interne du président du Conseil d’administration adressée au Directeur général, datant du 12 septembre.
Dans cette correspondance, Jean-Bertrand Ewanga déplore la volatilisation de 1.410.000 dollars américains, sollicités par le DG José Dubier auprès de la First Bank SA pour louer un avion, un Airbus 320-200, et relancer les activités de l’entreprise. Deux mois après, le Conseil d’administration, qui a soutenu l’initiative, s’étonne du non-aboutissement du projet alors que «la banque avait répondu favorablement à [la] demande» et les fonds virés vers le compte du fournisseur depuis le 14 août 2024. «Mais, il se fait curieusement qu’à ce jour, Congo Airways n’a toujours pas réceptionné cet avion», écrit Ewanga dans sa correspondance, non sans demander des comptes au DG face à une «attitude inexplicable [qui] freine l’exécution du plan de relance des activités de la Société».
La démarche du Conseil d’administration de Congo Airways se justifie par une volonté de faire redémarrer la machine et mettre fin aux manques à gagner. «Comme vous le savez, retenir une somme de 1.410.000 USD sans pouvoir produire est préjudiciable à la Société», explique le PCA de Congo Airways. Dans une sorte de projection, Ewanga estime à 2.500.000 USD, le total des recettes mensuels. Désormais, il s’engage à en finir avec la «léthargie inquiétante», née de la volonté de «maintenir la Société dans un état d’absence d’avion»
Cette nouvelle polémique arrive au mauvais moment. Avec l’avènement d’Air Congo, Congo Airways pourrait mettre les clés sous paillasson. Cette entreprise avait pourtant tout réussir notamment une «assistance technique au lancement» avec Air France Consulting. Air France Industrie s’occupait alors de la maintenance. Moins décennie après le vol inaugural d’octobre 2015, Congo Airways semble plus que jamais cloué au sol. En juillet dernier, le Conseil d’administration avait décidé de limoger le directeur général pour «faute de gestion, négligence dans la relance de l’exploitation, abus de pouvoir et incapacité à fournir des états financiers fiables». Si la décision a été annulée par la tutelle, elle a cependant mis en avant des problèmes de gestion très prononcés au sein de Congo Airways.
En 2022, un rapport de l’Inspection générale des finances -IGF- a débouché à l’incarcération du DG et du directeur financier de l’époque. Pascal Kasongo et Emile Gilbert Kakese ont été arrêtés pour une affaire de rétrocommission en décembre 2021 de 612.500,01 dollars américains, soit les 20% des 3 millions de dollars de dotation en faveur de Congo Airways, repris comme entreprise à caractère social pour le compte du budget 2020.
Natine K.