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Les députés provinciaux veulent sa têteMotion de déf

Le gouverneur de la province de Bandundu, Jean Kamisendu
Le gouverneur de la province de Bandundu, Jean Kamisendu
Pour des griefs avérés, la Majorité se déchire au Bandundu où ses élus rallient l’Opposition pour obtenir la déchéance de l’Exécutif
Une motion de défiance contre le gouverneur Jean Kamisendu Kutuka, motivée par des accusations de mégestion et de détournement, a été déposée vendredi 16 mai sur le bureau du président de l’Assemblée, a-t-on appris le week-end. Pour des griefs avérés, des élus de la Majorité et de l’Opposition, 14 au total, ont apposé leurs signatures au bas de ce document destiné à obtenir la chute du gouverneur.
Au Bandundu, les députés provinciaux ont décidé de réagir contre les abus et autres forfaitures du gouverneur PPRD Jean Kamisendu Kutuka, élu gouverneur fin avril 2012. Une motion de défiance a été transmise vendredi à l’Assemblée provinciale. Les signataires: 14 élus issus de la Majorité et de l’Opposition révoltés contre la méthode Kamisendu. Des griefs retenus contre le gouverneur portent essentiellement sur la mégestion et le détournement. Selon le député Erasme Kapumba, l’un des signataires joint au téléphone samedi par AfricaNews, il est reproché à Kamisendu d’avoir négocié un accord avec la société Auvis SPRL portant sur un crédit des CDF 812 millions -USD 882.609- de livraison des imprimés de valeur, à l’insu de l’Assemblée provinciale.
L’accord a été passé en violation de la Loi n°08-012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces. Notamment de l’article 40 qui stipule entre autres: «l’Assemblée provinciale est également habilitée à exercer un contrôle a priori ou a posteriori sur certains actes déterminés du gouvernement provincial. Sont soumis à autorisation préalable: 1. L’émission d’emprunts et la signature d’un accord de prêt. 2. La création, la prise de participation et la cession d’actifs dans les entreprises. 3. Les actes de disposition des biens du domaine privé de la province. 4. La conclusion des accords de coopération avec les provinces limitrophes des pays voisins…».
Kamisendu est présumé avoir aussi violé l’article 24 de la même loi qui contraint tous les membres du gouvernement provincial, avant leur entrée en fonction et à l’expiration de celle-ci, «de déposer devant la Cour administrative d’appel, la déclaration écrite de leur patrimoine familial, énumérant leurs biens meubles, y compris actions, parts sociales, obligations, autres valeurs, comptes en banques, leurs biens immeubles avec indication des titres pertinents». La loi dispose que faute de cette déclaration endéans de 30 jours, la personne concernée est réputée démissionnaire.
Lumière sur la fixation des frais de participation à l’Examen d’Etat
Les charges contre Kamisendu concernent également une présumée mégestion d’un montant de CDF 1 million destiné à l’aménagement des Villages agricoles. Selon Kapumba, «le gouverneur Kamisendu prétend avoir acquis des bateaux, 50.000 poussins et des milliers de poules introuvables dans la province». Il en est de même d’un crédit de CDF 1 million pour l’achat des motos Yamaha censées renforcer la mobilité des agents de la Brigade des recettes de Bandundu -BRB. En lieu et place des Yamaha qu’il aurait promis d’acheter contre USD 5000 la pièce, Kamisendu aurait acquis des motos Toyo contre USD 1250 l’engin.
Les députés veulent également voir clair sur la gestion des fonds destinés à la réhabilitation et reconstruction des écoles. Notamment CDF 30 millions pour une école à Idiofa et CDF 22,3 millions pour une école située dans le Maindombe.
La motion fait en outre suite au détournement d’une des deux morgues offertes à la ville de Bandundu par le gouvernement central et aux événements macabres de Kikwit, en marge du festival organisé en mémoire de l’artiste musicien Jean Emeneya Mubiala, soldés par la mort de plus de 40 personnes selon des témoins oculaires.
La gouvernance de Kamisendu préoccupe même des élus nationaux. Cas du député PALU élu de Masimanimba, Floribert Luboto, dont une question écrite adressée au ministre de l’EPSP Maker Mwangu a permis de découvrir que le gouverneur du Bandundu est le seul qui presse les parents d’élèves candidats à l’Examen d’Etat 2013-2014.
Entendu sur la fixation des frais de participation à ces épreuves, Maker Mwangu a renseigné, documents à l’appui, que le gouvernement Kamisendu taxe CDF 33.250 pour la hors-session et CDF 32.000 pour la session ordinaire, soit CDF 65.250 contre environ CDF 40.000 pour les autres provinces. Selon le ministre, les activités à charge des provinces sont la production des fiches d’enrôlement, la production des cahiers d’items pour la phase préliminaire, l’organisation matérielle des centres de passation de l’examen et l’expédition aller-retour des cahiers d’items. Etonnant que le Bandundu, si proche de Kinshasa, capable d’expédier ces colis par route, demande plus que les provinces qui expédient leurs cargaisons par avion.
KISUNGU KAS

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