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A Johannesburg, le capitaine Katumbi fait le pari de gagner

Des forces et ténors de l’Opposition réunis pendant trois jours Johannesburg en Afrique du Sud laissent entendre que la plupart des mouvements de cette sensibilité politique se rangent derrière la candidature de Moïse Katumbi. D’ores et déjà, elles peaufinent ensemble les stratégies susceptibles de donner à leur chouchou le maximum des chances pour devenir le successeur de Joseph Kabila à l’issue de la présidentielle du 23 décembre.   
Moïse Katumbi Chapwe a un faible pour les métaphores politico-sportives. Après celle du 3ème faux penalty lancée un certain 23 décembre 2014 à la Place de la Poste en pleine ville de Lubumbashi pour mettre en garde contre un troisième mandat de Joseph Kabila, il est revenu à la charge, le 10 mars à Johannesburg en Afrique du Sud, avec celle du capitaine de l’équipe qui veut gagner… les élections présidentielle et législatives du 23 décembre 2018. Plus de trois ans après avoir pris ses distances avec Kabila et juré de conduire la République Démocratique du Congo à sa première alternance pacifique, en prévision de ce grand match politique, Katumbi fait sa première mise au vert à Sandton, le quartier le plus huppé de Johannesburg.
Avec la bougeotte qu’on lui reconnait, l’opposant prend rendez-vous avec l’histoire en Afrique du Sud, diplomatiquement proche de Kinshasa, pour composer son équipe et porter sur les fonts baptismaux la plateforme qui va porter sa vision, son programme et sa candidature à la présidentielle. Sans tergiverser, Moïse fait le pari de l’emporter. Du costaud autour du candidat longtemps déclaré, «plus de 200 délégués venus de la République Démocratique du Congo et de tous les continents», à en croire son porte-parole Olivier Kamitatu, ancien président de l’Assemblée nationale 1+4 et ancien ministre du Plan. Parmi eux, l’ancien conseiller spécial de Kabila en matière de sécurité et président du MSR Pierre Lumbi, les députés nationaux Christophe Lutundula, Christian Mwando, Bolenge Tenge ou Olivier Endundo ainsi que son père, le président du PDC José Endundo pour le G7; les députés nationaux Delly Sessanga, Jean-Claude Vuemba et Jean-Bertrand Ewanga ainsi que l’ancien vice-ministre Moise Moni Della, côté Alternance pour la République -AR-; les députés nationaux Claudel André Lubaya et Sam Bokolombe ou encore les députés honoraires Vano Kiboko et Pierre Pay-Pay dont le richissime homme d’affaires a récemment obtenu le ralliement. Transfuges de l’UNC de Vital Kamerhe, Lubaya et Bokolombe sont à la tête des formations politiques réputées bien implantées respectivement à l’Ouest au Centre du pays.
A Joburg, ce beau monde capable de relever le défi du seuil et faire parler la poudre aux législatives est allé définir une stratégie pour donner à Katumbi le maximum des chances pour devenir le successeur de Joseph Kabila à l’issue de la présidentielle du 23 décembre. Sur leurs visages et dans leurs interventions, la détermination et la confiance. «Katumbi va l’emporter si toutes les conditions sont réunies, si le jeu reste ouvert à tous les courants», répètent dans la salle certains soutiens de l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga, cités par des témoins joints au téléphone, laissant entendre que la plupart des mouvements de cette sensibilité politique se rangent derrière la candidature de Katumbi.
Lors de son discours, leur champion donne le même sentiment. «Ces trois jours ensemble vont permettre de construire l’alternance de demain et montrer au peuple congolais qu’il n’est pas seul, que nous travaillons et que nous vaincrons», tonne-t-il. «Je m’adresse à vous en capitaine de l’équipe qui veut gagner», prévient-il avant de préciser que «cette victoire tient avant toute chose au sérieux, à l’application et au travail» que son équipe doit abattre.
Katumbi est cependant conscient du fait que le match est loin d’être plié en sa faveur et affiche une prudence. D’où il dénonce: «les conditions qui permettent d’envisager des élections crédibles, justes et honnêtes sont loin d’être remplies». Puis, il ne s’empêche pas de décocher quelques flèches contre la «dictature» de Kabila, accusé de toujours menacer le processus électoral. Il réclame l’audit et le nettoyage du fichier électoral, l’examen de la loi sur la répartition des sièges, non sans relancer le débat sur l’enrôlement des RD-Congolais de la diaspora.
Exilé à Bruxelles, poursuivi par la Justice dans une affaire de spoliation qu’il a toujours démentie, Katumbi craint encore pour sa liberté et sa sécurité, les autorités ayant promis de l’arrêter dès son retour au pays.

Natine K.

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