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1 milliard de dollars: Sele Yalaghuli acclame l'aide de la BM mais avertit l'Exécutif

La Banque mondiale promet un milliard de dollars de plus pour financer la santé maternelle et infantile, et la gratuité de l’enseignement de base, programme-phare du mandat du Président Félix Tshisekedi dont le coût s’élève à 1,3 milliard de dollars par an.

L’information est contenue dans un communiqué de la Banque mondiale publié le 15 juin depuis Washington. Sur le milliard de dollars accordé, 800 millions sont destinés à l’éducation de base à travers le projet pour l’équité et le renforcement du système éducatif -PERSE- et 200 millions à la santé infantile et maternelle via le projet de renforcement du système de santé -PDSS. 700 millions de dollars seront décaissés sur 3 ans à condition que les réformes engagées, notamment celle relative à la gestion de la paie des enseignants, soient bien pilotées. Le projet pour l’équité et le renforcement du système éducatif vise à améliorer l’accès à l’enseignement primaire dans 10 provinces et à renforcer les systèmes éducatifs de base. Les provinces sélectionnées sont le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri, la Lomami, le Kasaï, le Kasaï Central, le Kasaï Oriental, le Kwilu, le Kongo Central et Kinshasa.

«En soutenant la gratuité de l’enseignement primaire et l’amélioration de la santé maternelle et infantile dans les provinces les plus pauvres du pays, ces deux projets visent à aider les populations les plus vulnérables à accéder aux services de base», souligne Jean-Christophe Carret, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la République démocratique du Congo, la République centrafricaine et le Burundi. Ça y est! Le rêve du Président Félix Tshisekedi d’offrir la gratuité de l’enseignement de base aux enfants et aux parents du pays devient réalité et irréversible.

A l’ombre du Chef de l’Etat, qui peut boire du petit lait pour ce succès d’étape, un homme, son ministre des Finances, José Sele Yalaghuli. Entre octobre 2019 et juin 2020, l’argentier national a mouillé la chemise pour arriver à ce résultat collectif. Retour sur les tractations menées entre Washington et Kinshasa.    

Investi le 24 janvier 2019, Félix Tshisekedi sort quelques mois plus tard la politique-phare de sa présidence: la gratuité de l’enseignement. Ce projet se veut irrévocable. Il faut coûte que coûte trouver un financement important pour garantir sa réussite. La recherche de ces moyens financiers incombe au nouveau locataire du ministère des Finances, José Sele Yalaghuli, fraichement nommé et installé dans ses nouvelles fonctions au mois de septembre.

Dans la suite du Président Félix Tshisekedi, Sele Yalaghuli prend part, en octobre 2019 à Washington, aux Assemblées annuelles de la Banque mondiale -BM- et du Fonds monétaire international -FMI-, où il est sur tous les fronts pour négocier les enveloppes destinées à l’amélioration du bien-être des RD-Congolais, notamment le financement de la gratuité de l’enseignement. A l’issue d’intenses travaux avec les équipes de la BM, le vice-président Hafez Ghanem et du tête-à-tête avec le directeur des opérations Jean-Christophe Carret, la Banque mondiale donne son accord de principe pour appuyer le secteur de l’enseignement de base en République démocratique du Congo.

En janvier 2020, Jean-Christophe Carret fait le déplacement de Kinshasa pour échanger avec le Premier ministre Ilunga Ilunkamba sur les modalités de cet appui. A cette occasion, les parties évaluent le projet d’urgence sur l’équité et le renforcement du système éducatif en République démocratique du Congo -PERSE- alors que Jean-Christophe Carret prend l’engagement d’aller soumettre le dossier au Conseil d’administration de la Banque mondiale dont la réponse est annoncée pour juin 2020. L’enveloppe allouée à ce projet est d’un milliard de dollars étendue sur trois ans.

9 millions d’enfants concernés

Et le 15 juin 2020, la bonne nouvelle tombe. Le Conseil d’administration de la Banque mondiale approuve le décaissement en faveur de la gratuité de l’enseignement. Tshisekedi a réussi son coup. «Le PERSE va aider le gouvernement à mettre en œuvre la réforme sur la gratuité de l’enseignement primaire en renforçant les systèmes de gouvernance et la qualité de l’enseignement», explique Scherezad Joya Monami Latif, spécialiste en chef de l’éducation de base à la Banque mondiale. «Grâce à cet appui, plus de 9 millions d’enfants vont pouvoir être réinscrits et retourner en classe, lorsque les écoles rouvriront après le confinement, donnant ainsi accès à l’école à plus d’un million d’enfants pauvres, actuellement exclus du système scolaire», lit-on dans le communiqué de la Banque mondiale.

Le challenge de la bonne gouvernance demeure entier

Sele Yalaghuli acclame et félicite le Président de la République et tout son gouvernement pour cet excellent projet. Il sait qu’avec cette aide financière, une partie de la mission commune avec Félix Tshisekedi vient d’être victorieusement accomplie… Il reste cependant un challenge: bien gérer la suite. Tout un avertissement à l’ensemble de l’Exécutif. Surtout que 700 millions de dollars seront décaissés sur 3 ans à condition que les réformes engagées, notamment celle relative à la gestion de la paie des enseignants, aboutissent. Surtout que le financement de la BM intervient malgré les dérapages de gestion déplorés par le FMI dont les responsables insistent sur les dépenses sur base caisse et dont les aides financières conditionnent celles de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement -BAD- et bien d’autres institutions financières internationales.

L’argentier national insiste sur le fait que «le gouvernement est obligé d’accorder une attention particulière aux mesures visant la bonne tenue des finances publiques et l’assainissement du cadre macroéconomique, préalables à la conclusion d’un programme formel avec le FMI et à l’accès à d’autres crédits attendus de la Banque mondiale et de la BAD».

Sele Yalaghuli  entend rester dans sa vision adoptée à la faveur du Conseil des ministres du vendredi 12 juin dernier: réduire le train de vie des institutions en vue de contribuer à la diminution des dépenses publiques, permettre l’accroissement des recettes et combler les déficits. Il ne faut pas perdre de vue que les décaissements étalés et conditionnés de la Banque mondiale viennent pallier le manque de financement public des secteurs pro-pauvres. Le challenge de la bonne gouvernance demeure donc entier. 

AKM 

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