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Gécamines revient à la vie

Après une difficile période caractérisée par la baisse de production, le bradage de ses carrières et mines ainsi que les difficultés de trésorerie, Gécamines, l’opérateur public de la RD-Congo qui exploite le cuivre et le cobalt, donne les signes d’un retour à la vie. Issue heureuse du plan managérial concocté par le Conseil d’administration de cette entreprise dirigée par Albert Yuma et le Directeur général ai Jacques Kamenga.

«Cette stratégie se décline autour de trois axes simples: redévelopper un outil minier en propre répondant aux meilleurs standards, rééquilibrer nos partenaires et reconstruire une organisation adaptée à la concurrence internationale», a récemment précisé Jacques Kamenga. Prenant parfois le risque de ne rien transiger face aux majors du secteur cotés en bourse, le duo Yuma-Kamenga a fini par obtenir gain de cause en arrachant la renégociation des contrats avec certains partenaires avec à la clé le reversement des dividendes. Avec le géant suisse Glencore, par exemple, l’accord signé a garanti la conversion en action d’une partie de la dette de la joint-venture Kamoto Copper Company -KCC-, soit 5,6 milliards de dollars sur un endettement total de 9 milliards de dollars, l’encadrement des taux applicables sur les prêts intra-groupes, qui ne pourront plus excéder 6%, ainsi que le reversement d’une «indemnité transactionnelle» de 150 millions de dollars par le groupe Katanga en faveur de la Gécamines. Un autre dossier, réglé cette fois-là avec Boss Mining, filiale du Kazakh ERG, a généré 30 millions de dollars au bénéfice de la Gécamines. Outre les dividendes pour les caisses de l’entreprise, l’impôt payé à l’Etat et le renouvellement de l’outil de production figurent au nombre des résultats probants. Grâce à ce vent de renouveau, Gécamines peut sérieusement envisager un changement d’échelle. Surtout que les nouvelles acquisitions donnent leurs premiers résultats sur terrain. A la faveur d’une visite dans les usines de Shituru, à Likasi, des journalistes ont appris que Gécamines a augmenté plus de la moitié de sa production de cathodes de cuivre depuis le début de l’année et a pu également améliorer leur qualité.


Lire su Jeune Afrique: La Gécamines ouvre la chasse aux dividendes


Le retour d’un vrai acteur minier engagé durablement dans son redressement 

La certification et la relance opérationnelle des mines de Kamatanda et Kamfundwa donnent aujourd’hui à Gécamines l’assurance de disposer d’un potentiel minéral certifié permettant de scruter l’avenir avec sérénité. Le miracle a eu lieu à Shituru. Des investissements de plus de 100 millions de dollars dans l’installation d’un concentrateur, d’une usine de concassage, d’une unité d’extraction, d’une nouvelle salle d’électrolyse et la modernisation de trois usines ont permis «de produire des cathodes de cuivre high grade -d’une teneur- de 99,98%», a précisé le Directeur général ai Jacques Kamenga. La modernisation de l’outil de production a également permis à l’opérateur minier national «de produire en propre à nouveau 40.000 tonnes de cuivre» depuis le début de l’année, des chiffres de loin supérieurs au pic de 25.000 tonnes atteint ces vingt dernières années, «jamais deux années de suite», s’est flatté Jacques Kamenga. Il y a des signes qui ne trompent pas. «Cette première étape de production de 40.000 tonnes et qui en appellera d’autres certainement, marquera le retour de Gécamines comme un vrai acteur minier, engagé durablement dans son redressement et maîtrisant seule son destin», a avisé le DG ai, saluant le sens de management du président du Conseil d’administration Albert Yuma. Une décote d’environ 500 dollars par tonne était «systématiquement» appliquée sur les exportations de la Gécamines à cause de la faible teneur en cuivre de la production mise sur le marché, a-t-on expliqué. La production totale de cuivre en RD-Congo, premier producteur de ce minerai en Afrique, a atteint le niveau record d’1,2 million de tonnes en 2018, selon les statistiques de la Fédération des entreprises du Congo -FEC-, également placée sous les commandes d’Albert Yuma. Les autorités du pays projettent une production d’1,5 million de tonnes de cuivre après la révision du Code minier en 2018, contestée par les sept géants du secteur.

AKM

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