Culture

Yekima de Bel Art rêve grand avec le slam

Le slam est une sorte de musique encore peu connue du RD- Congolais lambda. C’est un style par lequel l’artiste communique sous forme de poésie. Yekima de Bel Art, de son vrai nom Yekima Melo, est de ces artistes qui font la fierté de cette musique dans la ville de Kinshasa. Grand slameur, il milite pour que le slam soit enseigné à l’école en vue de valoriser la tradition orale comme l’est la tradition écrite. Dans ses rêves de tous les temps, il se bat pour faire découvrir aux autres cultures du monde le goût et la passion du slam. Connu avec son orchestre -Negro slam-, ce talentueux artiste chanteur et slameur tient à s’internationaliser et à imposer sa musique au pays.

Natif de Kinshasa, le patron de l’orchestre Negro Slam n’aime jamais parler de l’année de sa naissance. «Je suis né le 24 avril d’une certaine année. C’est tout», a-t-il indiqué. Né d’une  famille de 7 enfants, dont 5 filles et 2 garçons, Yekima Melo est le cinquième fruit de l’union de Daniel et de Madeleine.  Surnommé De bel Art, ce slameur fait partie des artistes qui ont un excellent cursus scolaire et académique. Il a fait ses études primaires au Complexe scolaire Mamu puis à l’Ecole primaire 12 Malako, au quartier Kingasani, dans la commune de Kimbanseke. Avec un peu d’humour, il a bien expliqué les conditions dans lesquelles il a étudié. «A l’EP Malako, il n’y avait même pas de bancs dans notre classe. Nous nous assoyions à même le sol. Mais, ce qui nous motivait à bien travailler c’est le fait qu’en 4ème, il y avait des bancs. Et tout le monde voulait à tout prix passer des classes  pour aller se mettre sur ces bancs», a-t-il expliqué. Diplômé d’Etat en Section scientifique, option Mathématique-physique de l’Institut Ngwanza, une école des Frères Joséphistes de Kinzambi, au quartier Mikondo, dans la commune de Kimbanseke, Yekima Melo ne s’est pas arrêté là. Il a poursuivi ses études à l’Université de Kinshasa -UNIKIN-, où il a fini en Economie appliquée avec la mention «grande distinction». Retenu comme assistant, il a exercé ce travail pendant quelques temps avant d’embrasser la musique qui l’a toujours collé à la peau.

Célibataire, Yekima de Bel Art a fait ses premiers pas dans la musique le 23 décembre 2007. Il a commencé avec le slam en 2010. C’est au cours de cette même année qu’il a sorti son premier morceau. Du haut de son 1,70 m, cet amoureux du slam et de la poésie explose bien sur scène. Dans ses habitudes, il aime manger tout ce qui est comestible sauf les chenilles et la courge. «Je ne préfère pas manger les chenilles et la courge. Ma nourriture préférée est les haricots servis avec du riz parce que c’est facile à préparer», a déclaré cet ancien assistant de l’UNIKIN. L’artiste Yekima Melo prend aussi un temps pour se détendre. Très souvent, il s’évade dans le monde du cinéma où il peut rester toute une journée sans se fatiguer. Il aime aussi suivre des émissions ludiques. Sur scène, il est toujours en veste, jogging ou en bombers ou encore en tenue cousue en pagne. «Je ressens la joie quand je monte sur scène et la traque. Malgré cette traque, je ressens un grand bonheur de voir tous ces gens venir me découvrir et partager ce moment de joie avec moi», a-t-il souligné. Et de continuer: «comme tant d’autres artistes, j’aime la musique, c’est ma passion, le slam, la poésie, le sens du détail, la perfection, la témérité, le courage et l’audace». Yekima de Bel Art a également ses goûts et ses préférences. Sa couleur de prédilection reste le marron. En matière de musique, il se laisse séduire d’abord par son premier amour, le slam. Viennent ensuite la rumba RD-congolaise, le ndombolo, le makosa et la culture hip-hop. Ce slameur qui chausse le n°41, n’aime pas la négligence, la procrastination et l’oisiveté. «De fois, je chausse aussi le 42. J’aime bien les souliers et les baskets», a-t-il fait savoir. Et d’ajouter: «j’ai un poids RD-congolais, c’est-à-dire qui varie entre 52 à 53 Kg. J’ai une taille que les filles kinoises adorent». A travers son orchestre Negro Slam, cet artiste de teint clair fait ressortir l’esprit du noir, des cultures africaines dans le slam sans pour autant être dans le purisme de la négritude plutôt dans la négritude revue avec modernité. Doté d’une diction exceptionnelle, d’un sourire attirant et séducteur, Yekima Melo sait mettre les gens à l’aise.  Quand il parle, il a toujours tendance à gesticuler ses mains.  C’est en fait ce qui fait son charme. L’artiste se plaint du fait que le gouvernement RD-congolais ne fait rien pour la culture.

Dans sa discothèque, «Les années  Zaïre» semble être la chanson la plus prisée de mélomanes. Dans cet opus, ce manieur de mots et de rythmes peint dans des sonorités croustillantes, parsemées de rimes, l’histoire tantôt glorieuse, tantôt sombre de la 2ème République avec en filigrane, un message-clé: «les années Zaïre ne sont pas  toutes des années à haïr».

Ambitieux, De Bel Art aspire à une grande carrière musicale. Il veut voir sa musique émerger partout à travers toutes les générations. «Mon rêve est de voir ma musique être étudiée dans toutes les institutions éducatives. J’en profite pour dire aux jeunes que le talent à lui seul ne suffit pas. Il faut aussi de la discipline, la quête de l’excellence et la détermination. Et pour arriver à atteindre ces objectifs, l’appui indispensable reste le Seigneur. C’est lui mon secret», a-t-il conclu.

Sandra KAMBOMBA

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