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La Justice semble éviter les pistes les plus sérieuses de l’assassinat de Chérubin Okende, elle confirme une mort par balles avant l’autopsie préalable: 30 questions à la Cour Constitutionnelle

«Comment le Procureur général près la Cour de Cassation peut-il déjà confirmer une mort par balles alors que l’autopsie préalable n’a pas encore eu lieu?», interrogent avocats et autres experts en investigations criminelles, brandissant les raisons de douter davantage de cette justice dont le président de la République en personne a récemment tancé le manque de sérieux et de crédibilité…

La polémique enfle déjà sur les circonstances de la mort du député national de l’opposition Chérubin Okende, enlevé mardi 12 juillet dans le parking de la Cour Constitutionnelle, selon des sources concordantes, et retrouvé mort mercredi 13 juillet sur l’avenue ex-Poids Lourds. Le même jour, sans attendre les résultats d’une autopsie préalable permettant d’y voir plus clair, le Procureur général près la Cour de Cassation, entouré du Président de la Cour Constitutionnelle et du Procureur général près cette Cour, s’est empressé d’évoquer une mort par balles et d’annoncer que la justice tient déjà un premier suspect, probablement le garde du corps de l’ancien ministre des Transports, mis aux arrêts pour s’être rendu trois fois à la Cour Constitutionnelle entre mardi 12 et mercredi 13 juillet. Mais, sur la radio Top Congo Fm, Maître Francis Kalombo, cadre d’Ensemble pour la République, le parti du défunt, a remis en cause la démarche et la méthode tendancieuses du Procureur général près la Cour de Cassation, accusant ce dernier de vouloir s’écarter des vraies pistes de l’enquête pour charger le garde du corps du défunt et Ensemble pour la République. «Comment le Procureur général près la Cour de Cassation a pu déjà conclure et confirmer qu’il s’agit d’une mort par balles sans attendre les résultats d’une préalable autopsie? Et si la victime a été tuée avant, par une autre manière et à un autre endroit, avant de cribler son corps de balles et le placer à bord du véhicule?», a interrogé Kalombo, suspectant le Procureur général près la Cour de Cassation de vouloir étouffer l’affaire, trouvant les raisons de douter davantage de cette justice dont le président de la République en personne a récemment tancé le manque de sérieux et de crédibilité, et dont l’opinion juge décevant le rendement.

Samedi via la Voix de l’Amérique, Olivier Kamitatu, directeur de cabinet et porte-parole de Moïse Katumbi, a déclaré que leur parti, Ensemble pour la République, veut une enquête indépendante à laquelle devraient aussi participer la Monusco, les États-Unis, l’Union Européenne, la France et la Grande Bretagne alors que le gouvernement a dit demander le concours des experts sud-africains et belges. Comme la Cenco, la Lucha a recommandé aussi, dans un communiqué daté du 15 juillet, «une enquête indépendante, impartiale, rapide et exhaustive pour déterminer les circonstances exactes de l’assassinat de Chérubin Okende afin que les auteurs et commanditaires de ce crime soient connus et punis».

Interrogations inévitables à la Haute Cour

Nombre d’experts en matière d’enquêtes criminelles approchés par AfricaNews ont trouvé pertinente l’intervention de Kalombo, estimant, eux aussi, que l’enquête telle que menée et vaguement présentée par les trois responsables de la justice semble éviter les pistes les plus sérieuses, au regard du fait que Chérubin Okende, suivant les sources concordantes, s’est retrouvé le mercredi 12 juillet 2023 dans l’enceinte de la Cour Constitutionnelle, parce qu’il y était invité le 13 juillet et y est allé en vue de solliciter une remise de 24 heures.

A leurs yeux, tout en investiguant sur le garde du corps dont la présence dans les installations de la Haute Cour ne saurait souffrir d’aucun doute, l’accusé de réception du cabinet du juge Sylvain Lumu faisant foi, la Cour Constitutionnelle, où tous les regards sont et doivent être logiquement braqués, doit impérativement et objectivement répondre à au moins 30 questions clés de l’enquête préliminaire qu’ils ont séparément suggérées et que la Rédaction a pu rassembler. Ces interrogations inévitables sont les suivantes:

1) Si, à l’évidence, des ministres du Gouvernement Sama Lukonde 1 étaient entrés en conflit avec l’article 99 de la Constitution, pourquoi la Cour Constitutionnelle a-t-elle attendu près de 7 mois pour s’intéresser au patrimoine de l’ancien ministre des Transports Chérubin Okende plutôt que de le faire fin janvier 2023?

2) La Cour Constitutionnelle a-t-elle publié la liste des autres membres du Gouvernement Sama Lukonde 1, démissionnaires volontaires en décembre 2022, pour rejoindre Moise Katumbi dans l’Opposition, comme Chérubin Okende, Christian Mwando et Véronique Kilumba ou qui ont été purement et simplement remaniés en mars 2023 comme Daniel Aselo, Modero Nsimba, Serge Nkonde, etc., et qui auraient aussi été invités aux mêmes dates à communiquer leurs patrimoines respectifs, assortis des copies des lettres d’invitation et des accusés de réception des intéressés?

3) En marge de ces invitations éventuelles, si elles existent, des anciens membres du gouvernement Sama Lukonde, autres que le seul Chérubin Okende, quel dispositif d’accueil de ces personnalités la Cour Constitutionnelle a-t-elle mis en place?

4) Quel était l’ordre d’arrivée de ces anciens membres du gouvernement Sama Lukonde invités à la Cour Constitutionnelle?

5) La Cour Constitutionnelle peut-elle dire aux enquêteurs, et en même temps à la Nation et au monde, quel autre ancien ministre du gouvernement Sama Lukonde, à part Chérubin Okende, était attendu à la Haute Cour dans la semaine du 10 au 16 juillet 2023?

6) C’est connu du monde entier aujourd’hui que Chérubin Okende a été enlevé par des supposés criminels dans l’enceinte de la Cour Constitutionnelle, en pleine journée, et aux heures de travail. La Cour Constitutionnelle a-t-elle déjà ouvert une enquête interne sur ce qui s’est passé de dramatique dans ses propres installations?

7) Que renseigne le rapport circonstancié des services de la Cour Constitutionnelle sur l’enlèvement de cet opposant politique de premier plan, dans les installations de la Cour?

8) Les éléments de la Police nationale commis à la sécurité des installations de la Cour Constitutionnelle ont-ils déjà été entendus?

9) Qu’ont-ils fait au moment où des criminels présumés enlevait Chérubin Okende dans les installations de la Cour Constitutionnelle qu’ils sont sensés sécuriser, au vu et au su du public présent sur les lieux des faits?

10) Le Juge Sylvain Lumu de la Cour Constitutionnelle, qui a lancé l’invitation à l’origine des circonstances du crime, a-t-il été entendu pour donner sa version des faits?

11) L’enquête a-t-elle déjà déterminé avec qui Chérubin Okende était en contact à la Cour Constitutionnelle?

12) Quelle est l’identité de l’agent de la Cour Constitutionnelle qui a fait parvenir l’invitation à Chérubin Okende, c’était où, et comment?

13) Cet agent avait été envoyé par qui dans cette tâche? Qui lui avait payé le transport?

14) Le député national Chérubin Okende a été enlevé vraisemblablement, selon les médias, le mercredi 12 juillet 2023, dans les installations de la Cour Constitutionnelle, en pleine journée, aux heures de service, et sous la clameur publique, devant un public médusé et révolté. L’enquête en cours a-t-elle déjà entendu quelques témoins qui ont assisté et vécu cet événement malheureux de l’enlèvement de cette personnalité, opposant politique?

15) L’opinion peut-elle savoir, dans les détails, ce qu’ont rapporté les différents témoins de cet enlèvement de mercredi qui a fini par un assassinat odieux le jeudi matin?

16) La Cour Constitutionnelle elle-même a-t-elle recueilli le même jour, à chaud, et sur place, les récits des témoins de ce présumé enlèvement criminel intervenu dans ses propres installations?

17) Qui détient ces témoignages et qu’en a fait l’enquête en cours, notamment sur la description des criminels venus opérer en pleine journée devant la plus haute Juridiction de la République, et leur itinéraire après le forfait, partant de la Cour Constitutionnelle?

18) Selon ces témoignages probables, les présumés criminels ont opéré à pieds, ou étaient-ils véhiculés?

19) Ces présumés criminels étaient armés ou non?

20) Selon les témoins, quelle a été la réaction des éléments de la Police nationale commis à la sécurité des installations de la Cour Constitutionnelle face à cet enlèvement?

21) La Cour Constitutionnelle a-t-elle déjà transmis aux enquêteurs l’ensemble de ce dossier criminel, censé être en sa possession, oui ou non?

22) Si oui, pourquoi personne n’en parle à l’opinion choquée?

23) Si pas encore, qu’attend la Cour Constitutionnelle pour le faire?

24) Le Juge Sylvain Lumu de la Cour Constitutionnelle, auteur de l’invitation adressée au pauvre Chérubin Okende, vient du quota réservé au Président de la République. Le jour de son assassinat, Chérubin Okende était député national. Peut-on dire à l’opinion nationale si le Bureau de l’Assemblée nationale a déjà écrit à la Cour Constitutionnelle pour obtenir les éléments concordants relatifs à l’invitation et à l’enlèvement présumé, dans les installations de la Cour, de l’honorable Député national Chérubin Okende?

25) Si l’Assemblee nationale a déjà écrit, quelle suite a-t-elle reçue? Et pourquoi personne n’en parle?

26) Si la Cour Constitutionnelle a déjà répondu, par écrit, dossier en annexe, qu’à fait l’Assemblée nationale de ce dossier venu de la Cour Constitutionnelle et retraçant tous les éléments nécessaires à la manifestation de la vérité?

27) Les supposés criminels qui ont enlevé, puis assassiné l’opposant politique Chérubin Okende, un père de famille, ont choisi d’agir en plein jour, dans les installations ou devant une institution de l’Etat. Comment ces criminels sont-ils arrivés à la Cour Constitutionnelle?

28) Ils ont procédé comment et sont repartis dans quelle direction avec leur victime?

29) Ces présumés criminels étaient habillés précisément comment, et avaient quel profil?

30) Le 12 juillet, peu après 20 heures, les médias et Ensemble pour la République ont alerté sur l’enlèvement du député national Chérubin Okende vers 15h dans le parking de la Cour constitutionnelle. La Haute Cour n’a-t-elle pas été saisie de ces alertes? A-t-elle, à son tour, alerté le ministère de l’Intérieur, la Police et les services de sécurité pour dispositions éventuelles? Si non, pourquoi?

Face à un meurtre, pas de conclusion hâtive, tendancieuse et suspecte avant l’autopsie et ses résultats

Les experts en investigations criminelles et en renseignements sont d’avis que la Cour Constitutionnelle doit être la première institution à éclairer l’opinion et les enquêteurs sur ces interrogations préliminaires de l’assassinat de Chérubin Okende. La Cour Constitutionnelle ne peut pas se dérober de cette responsabilité! Le corps de Chérubin Okende avait été retrouvé le 13 juillet dans son véhicule, criblé de balles, sur ex-Poids Lourds. La veille, les médias, les journalistes et son parti avaient fait savoir que ce proche collaborateur de l’opposant Moïse Katumbi avait été enlevé sur le parking de la Cour Constitutionnelle. «Sans doute son corps a-t-il été ramené à sa voiture par la suite», a analysé la journaliste belge Colette Braeckman, renforçant la thèse d’un crime. «Dire d’emblée et de manière simpliste qu’il s’agit d’une mort par balle et que le suspect est aux arrêts paraît suspect et interroge. Qu’est-ce qui peut justifier pareille précipitation de la part de la Justice et pareille tendance suspecte à orienter l’enquête sur un assassinat? Les trois responsables de l’appareil judiciaire, notamment le président de la Cour Constitutionnelle, de surcroît président du Conseil supérieur de la magistrature -CSM- et le Procureur général près la Cour de Cassation, qui se sont prononcés devant les médias le 13 juillet, juste moins de 24 heures après la découverte du corps sans vie de Chérubin Okende, savent que dans le cas où un décès a lieu dans des circonstances étranges et suspectes, une enquête est lancée et elle nécessite une autopsie et d’autres examens susceptibles de renseigner sur les circonstances de la mort. Ils savent aussi que l’autopsie est pratiquée par un médecin légiste expert chargé de rechercher les causes d’une mort et le lien entre celle-ci et un éventuel crime ou accident. Une fois que le médecin légiste a réalisé l’autopsie, il remet ensuite le rapport au magistrat en charge de l’affaire. Dans le cas Chérubin Okende, pareilles étapes n’ont pas encore eu lieu. Comment donc le Procureur général près la Cour de Cassation peut conclure à une mort par balles? Ça prouve que l’enquête est mal partie. Ça discrédite ces hauts responsables de la justice de notre pays», a fait remarquer un avocat membre du Barreau près la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat.

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