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Pourquoi Sele Yalaghuli rationalise les dépenses publiques

Jeune Afrique a récemment affirmé que le Président de la République, Chef de l’État, Félix Tshisekedi a recadré, le 29 novembre en Conseil des ministres, son ministre des Finances, Sele Yalaghuli. Motif selon le magazine: l’argentier national “est accusé de bloquer les autorisations de paiement nécessaires au bouclage du programme d’urgence des cents jours”, ce plan d’action du Président “qui tourne au ralenti depuis sa nomination”. Une tentative grossière et malhonnête de désinformation que tout esprit averti se doit de dénoncer. Les informateurs ont non seulement mal interprété les propos du Président de la République selon lesquels on accuse le ministre des Finances d’être chiche. Ils ont soigneusement évité d’expliquer les raisons qui dictent l’attitude responsable et rigoureuse de Sele Yalaghuli. Il est important de dire que la requête du Président de la République de renouer avec le FMI et la Banque mondiale impose au gouvernement un comportement conséquent.

L’épreuve FMI

Outre l’évidence que les ministres des Finances et du Budget, soumis à des règles financières, ne sauraient être amis à tout le monde, les experts font comprendre qu’à la suite de l’initiative louable de Félix Tshisekedi, le FMI et le gouvernement ont signé un Programme de référence, qui sera présenté au Conseil d’administration du FMI le 16 décembre courant.

Ce programme épreuve contient 6 critères quantitatifs et 6 repères structurels, qui sont les conditionnalités que le gouvernement doit respecter en vue d’obtenir le décaissement de près de 400 millions USD d’appui à la balance des paiements. Parmi ces conditionnalités, on peut citer: ” (1) Ne pas creuser le déficit des finances publiques, donc gérer sur base caisse cad dépenser en fonction de disponibilités; (2) Ne pas contracter des emprunts non confessionnels, pour ne pas dégrader la viabilité de la dette; (3) Ne pas garantir des emprunts de l’État par les réserves internationales; (4) Ne pas accumuler des arrières de dettes ou des salaires…”

Ces préalables impliquent logiquement que le ministre des Finances veille à l’application stricte de tout ça, arrête les dépenses hors chaine et réduise les dépenses urgentes.

Dès lors, pas besoin d’un dessin pour rappeler que du succès des pourparlers avec le FMI dépendent le prochain comportement, notamment de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement -BAD- et de tous les autres partenaires financiers ainsi que la réussite du projet de la gratuité de l’enseignement et la réforme de la couverture santé universelle.

Au demeurant, la discipline de Sele Yalaghuli ne saurait être perçue comme un blocage. Les 100 jours n’ayant jamais été inscrits au bugdet 2019, le gouvernement s’est au contraire bien démené pour financer leurs réalisations. Le ministre des Finances n’a donc pas intérêt à bloquer le Programme du Président de la République dont le succès sera à l’actif tant du CACH que du FCC dont il est sociétaire. C’est désormais une question des choix: ou on privilégie l’option de saigner les caisses avec les projets extra budgétaires ou l’on serre la ceinture pour passer avec bonheur le test imposé par le FMI, accéder aux 400.000 millions USD promis…en attendant un programme formel négocié.

Achille KADIMA MULAMBA

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