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Mova: un pavé indigne du sérail

De la prestation du Secrétaire général du PPRD, Henry Mova, samedi 16 décembre, à la faveur de l’émission Top Presse sur la radio Top Congo Fm, les internautes ont retenu une petite phrase: le conseiller spécial du chef de l’Etat en matières de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent n’a pas le droit d’arrêter les gens. Des propos sortis en réaction à l’interpellation, mardi 12 décembre par les services de Luzolo Bambi, des fonctionnaires poursuivis pour corruption, faux en écriture et détournement de biens publics évalués en millions de dollars. Une déclaration tout sauf anodine, alors que les premiers kuluna en cravate ont été interpellés et emprisonnés en exécution de l’ordonnance n°16/065 du 14 juillet 2016.
 
Le web et les réseaux sociaux offrent un regard bien différent sur les commentaires de Henry Mova consacrés aux missions du conseiller spécial du Chef de l’Etat en charge de lutte contre la corruption, n’hésitant pas à critiquer ouvertement son attitude. Selon un journaliste intervenant dans un groupe WhatsApp, cette posture du Secrétaire général du PPRD traduit une loyauté douteuse, aléatoire, vis-à-vis du Président Kabila, auteur de l’ordonnance n°16/065 du 14 juillet 2016 portant organisation et fonctionnement des services du Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Voici que l’article 2 de cette ordonnance charge le conseiller spécial anti-corruption de concevoir, élaborer et proposer au Chef de l’Etat les stratégies et politiques à mettre en œuvre par les institutions de la République pour promouvoir la bonne gouvernance et lutter efficacement contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. De faire mener toutes les investigations, enquêtes et instructions susceptibles d’identifier, interpeller et sanctionner toute personne ou groupe des personnes, organisations, organismes, entreprises ou autres services impliqués dans les actes de corruption, de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme… L’article évoqué ajoute: «Pour ce faire, certains membres des services du Conseiller spécial seront revêtus de la qualité d’officier de police judiciaire à compétence générale en République Démocratique du Congo. Le Conseiller spécial recourt aux services des magistrats du Parquet compétent et le cas échéant, au ministre de la Justice, pour tout acte de sa compétence touchant à la mise en œuvre de l’action publique. Il en informe préalablement le Président de la République».
Pour un autre journaliste, «les propos sortis de la bouche du chef du parti présidentiel condamnant cette interpellation sont scandaleux et sonnent comme une rébellion vis-à-vis de l’initiateur du parti. C’est une déclaration tout sauf anodine, alors que les premiers kuluna en cravate interpellés dans le cadre de l’exécution de l’Ordonnance n°16/065 du 14 juillet 2016 ont été emprisonnés vendredi 15 décembre. C’est un pavé indigne d’un membre du sérail, alors que le régime a longtemps essuyé des critiques pour impunité caractérisée des dirigeants trempés dans des cas de mégestion et de détournement». Puis d’interroger: «Comment et pourquoi un chef d’un parti politique, une structure privée, qui donne l’impression de ne pas lire les Ordonnances du Chef de l’Etat et n’a pas une place connue dans le protocole d’Etat, doit-il se mêler de la gestion des affaires publiques?». A l’analyse, Mova a maladroitement recadré Luzolo Bambi et, à travers ce dernier, Kabila, protestant publiquement contre une opération manu polite venue rehausser la cote du Président de la République dans l’opinion. Pour la gouverne de l’ancien ministre des Transports, le conseiller spécial anti-corruption du Chef de l’Etat est nommé par ordonnance présidentielle, reçoit ses missions de ce dernier et ne rend compte qu’à lui et lui seul. Kabila, qui a dit un jour manquer 15 collaborateurs, aura confiance en son entourage si ce dernier est capable d’une introspection sans concession.

KISUNGU KAS

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