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Matubuana autorisé à rentrer à Matadi: le VPM Kankonde soupçonné de vouloir court-circuiter le PGR

Nouveau rebondissement dans la gestion de l’Affaire Atou Matubuana, le gouverneur du Kongo central suspendu en même temps que son second, Justin Luemba, pour leur implication présumée dans la scène de pornographie déplorée en pleine résidence officielle du gouverneur de cette province. Alors que l’Assemblée provinciale est convoquée en session extraordinaire le 23 septembre en vue d’examiner le réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation aux fins d’autoriser les poursuites contre Atou Matubuana, désigné par le maître de l’action publique comme commanditaire de cette infamie et en voie d’être poursuivi pour «outrage public aux bonnes mœurs», le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur vient s’illustrer par un courrier dont le contenu fait jaser. Daté du 19 septembre 2019, le message phonique de Gilbert Kankonde demande au gouverneur intérimaire du Kongo central de prendre les dispositions utiles pour le retour du gouverneur Atou Matubuana et du vice-gouverneur Justin Luemba, autorisés par lui de regagner Matadi en vue de se mettre à la disposition de l’Assemblée provinciale pour vider la procédure appropriée. Difficulté d’interprétation des textes? Omission? Trafic d’influence? Aveu de corruption? Des questions fusent alors que tout indique que le vice-Premier ministre Kankonde semble se tromper quand il évoque la procédure législative au lieu de la procédure judiciaire déjà déclenchée par le réquisitoire du Procureur général près la Cour de cassation. Il faut bien le souligner: le message du VPM est loin de faire l’unanimité. Bien au contraire, il subit des critiques acerbes de la part des cadres Ne Kongo, toutes tendances confondues. «Il y a comme quelque chose de pourri dans ces instruments du ministre de l’Intérieur. En fait, on permet à Atou Matubuana, pourtant visé par des mesures conservatoires, de regagner Matadi poursuivre son œuvre de corruption auprès des députés provinciaux impayés pour se soustraire des griffes de la justice. On sent une main noire derrière cette énième mascarade», se révolte un ancien député provincial. Un autre cadre Ne Kongo dit percevoir le message du VPM Kankonde «comme une démarche consistant non seulement à saper l’action de l’Assemblée provinciale mais, surtout, à mettre des bâtons dans les roues du Procureur général près la Cour de cassation en cas de refus de députés provinciaux de lever les immunités du gouverneur Atou Matubuana». À travers des extraits vidéos, Fabrice Puela, Papy Mantezolo et Modero Nsimba, tous trois députés nationaux élus du Kongo central expriment leur indignation face au message du VPM en charge de l’Intérieur avant d’appeler les députés provinciaux à prendre leurs responsabilités et ne pas trahir le peuple Ne Kongo humilié par cette affaire de scandale sexuel impliquant le gouverneur de leur province. Le trio invite la population de Matadi à aller soutenir les élus provinciaux lundi 23 septembre.

Morale publique battue en brèche

Pourtant Kankonde requiert un état d’esprit apaisé pour la gestion de cette crise. Mais, sur un autre plan très différent et bien plus préoccupant, le dossier Matubuana-Luemba-Muyita est le premier, sous l’ère Félix Tshisekedi, chantre de la lutte contre les antivaleurs, qui batte en brèche la morale publique. À ce titre déjà, éclatant comme un coup de tonnerre dans un ciel qu’on espérait obstinément bleu pour l’éthique républicaine, il est anormal de prendre des initiatives tendant à gratifier les impudiques. À propos de Matubuana et cette dérive, il n’est pas un acteur politique qui puisse se permettre de ramer à contre-courant sans se mettre sur la sellette et s’exposer à des reproches fondés pour complaisance et obstruction à la justice. L’affaire Matubuana-Luemba-Muyita est une affaire d’État. Tout simplement parce que le pays, à tous les niveaux, est concerné et s’y trouve mêlé. S’il faut fermer les yeux face à ce désastre sous la présidence de Félix Tshisekedi, on peut estimer que la relative indulgence dont le commanditaire désigné pourrait bénéficier de la part de l’UDPS Kankonde ne saurait malheureusement faire le poids devant la clameur publique, l’ampleur des dégâts moraux suscités à travers tout le pays, l’obligation de respecter le Règlement intérieur de l’Assemblée provinciale du Kongo central et l’indépendance de la justice.

Natine K.

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