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Kinshasa : YouthSprint réunit 200 jeunes autour de la problématique des droits sexuels et reproductifs des femmes et des jeunes

Sur initiative de YouthSprint, près de 200 jeunes ont réfléchi, mardi 8 mars en marge de la Journée internationale des droits des femmes, autour de la problématique d’accès à l’information sur les droits sexuels et reproductifs des jeunes et des femmes. Durant près de 3 heures, des intervenants ont brossé l’état des lieux de l’arsenal juridique RD-congolais en matière de protection des droits sexuels et reproductifs de la femme.

Premier à prendre la parole, Maitre Arthur Matengo est revenu sur l’historique des avancées réalisées en RD-Congo en matière de promotion des droits des femmes, notamment les droits sexuels et reproductifs. «La RD-Congo a réalisé des progrès significatifs en matière des droits à la santé et à la reproduction des femmes», s’est félicité Me Arthur Matengo.

Protocole de Maputo, le couteau suisse

L’apogée de ces avancées a été constaté le 14 mars 2018 avec la publication dans le Journal officiel de la RD-Congo du Protocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples relatif aux Droits des femmes en Afrique. Cette publication est intervenue 10 ans après la ratification de ce traité international dit «Protocole de Maputo».

Alors que le pays avait souscrit sans réserves à l’intégralité du texte, l’article 14 alinéa 2.c a longtemps été la pomme de discorde. Il autorise aux femmes de recourir à l’avortement sécurisé sous certaines conditions, notamment pour des grossesses issues de viol ou mettant en danger la santé physique et mentale de la mère ou encore en cas d’incompatibilité avec la vie. «Dès lors que ce Protocole a été publié au Journal officiel, il a suprématie sur nos lois internes en vertu de l’article 215 de la Constitution», a rappelé Me Matengo, fustigeant une incohérence: «Malheureusement, la Loi-cadre sur la santé publique datant de décembre 2018 a préféré ne pas prendre en compte cet article. Il ne cite que les avortements eugéniques et thérapeutiques».

De là à parler de la légalisation de l’avortement en RD-Congo, Maitre Matengo a rappelé la portée du Protocole. «L’avortement demeure une infraction punissable par le Code pénal Livre 2. Le Protocole de Maputo vient seulement ouvrir une brèche», a-t-il expliqué.

Au total, le Protocole de Maputo compte 8 thématiques: Égalité et non-discrimination, Protection contre la violence, Droits relatifs au mariage, Droits à la santé et à la reproduction, Droits économiques et culturelles, Droit à la paix, Protection de la femme lors des conflits armés et Groupes des femmes bénéficiant d’une protection spéciale.

Les avortements clandestins, véritable problème de santé publique en RD-Congo

Prenant la parole, Dr Alice Mbuyi du Programme national de santé de la reproduction -PNSR- a alerté sur les conséquences des avortements non sécurisés. «Nous ne faisons pas la promotion de l’avortement. Il s’agit d’éveiller et de conscientiser», a-t-elle lancé en prélude de son speech avant d’étaler l’ampleur de ce fléau en RD-Congo. «Chaque heure, 3 femmes meurent en RD-Congo suite à une grossesse. Dans le monde, 15% de décès maternels sont dus aux avortements. En Afrique, c’est 24% contre entre 28 et 30% en RD-Congo», a-t-elle poursuivi.

Tout en insistant sur la planification familiale qu’elle présente comme l’un des piliers du développement d’un pays, Dr Alice Mbuyi a loué les avancées médico-légales réalisées. «Une femme ne doit pas mourir parce qu’elle veut donner naissance et une femme ne doit pas porter le poids d’une grossesse qu’elle ne veut pas. Aujourd’hui, grâce au Protocole de Maputo, chaque femme peut accéder aux services en toute sécurité», a-t-elle conclu.

Selon l’Organisation mondiale de la santé -OMS-, un avortement est dit sécurisé lorsqu’il est fourni dans des installations agrées et par des prestataires qualifiés. Un avortement sécurisé peut être médicamenteux ou médicalisé. Dans certains coins de la RD-Congo, l’on recourt toujours au curetage avec tous les risques connus. C’est entre autres pour remédier à cette triste réalité qu’Ipas a mis sur pied deux solutions numériques: l’application Safe abortion -disponible sur Android et iOs- avec le concours d’Hespérian ainsi que le chatbot Nurse Nisa, accessible via WhatsApp au +243827325289.

Rappelons que l’activité a été rendue possible grâce à un financement de l’Ambassade des Pays-Bas en RDC et une supervision d’Ipas.

Dandjes LUYILA

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