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Crise politique au Lualaba: Ce que le Président Félix Tshisekedi doit savoir pour barrer la route au conflit tribalo-ethnique en gestation

(Une tribune de Aimé NTAMBUE)

Située au Sud de la République Démocratique du Congo, la Province du Lualaba est connue pour ses gisements miniers qui font d’elle une province hautement stratégique au centre de l’économie nationale.

Habitée par plusieurs tribus et des ressortissants d’autres provinces voisines attirés souvent par l’exploitation minière artisanale, cette province attire également plusieurs investisseurs nationaux et expatriés qui, via les impôts, taxes et redevances, contribuent significativement à l’économie du pays.

D’où, le Lualaba exige des autorités nationales et provinciales une gestion harmonieuse et stratégique pour assurer la cohabitation pacifique entre les différentes communautés qui y habitent et les opérateurs économiques qui y exercent  leurs activités.

De 2015 à 2020, les choses ont tourné dans le respect strict de cette bonne politique. Cependant , l’année 2021 a vu le Lualaba perdre son élan de développement et sombrer à cause d’une crise politique qui, désormais est sur le point de basculer en un conflit tribalo-ethnique aux conséquences incalculables pour les investisseurs et pour l’économie.

Gérée depuis le démembrement du grand Katanga par le duo Richard Muyej-Fifi Masuka, le premier et la seconde issus respectivement de deux grandes communauté -Ruund et Dembo-, la politique implémentée par le Gouverneur dans cette province a contribué, de façon notable, au dialogue permanent et à la cohabitation pacifique entre les différentes communautés. C’est cette démarche éloquente qui a ouvert la voie au développement spectaculaire du Lualaba et ce, en un temps record. Cette politique, soutenue par le pouvoir central, a également permis d’assurer les investisseurs qui y sont installés et d’améliorer le climat des affaires.

Malheureusement, la crise politique que le Lualaba traverse actuellement qui est l’œuvre d’un groupe de personnes défendant principalement leurs intérêts privés est sur le point de fouler aux pieds tous les efforts fournis par les autorités qui ne ménagent pourtant aucun effort pour faire du Lualaba une destination de rêve.

Si les auteurs de cette crise ont joué un rôle de déstabilisation qui a conduit à la rétention du Gouverneur Richard Muyej à Kinshasa pendant plusieurs mois afin de permettre au Président Félix Tshisekedi d’y voir clair, l’opinion nationale constate de plus en plus que les accusations brandies par eux étaient tout simplement fausses. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les voix se lèvent de partout pour demander le vrai motif pour lequel un gouverneur qui n’a cessé de faire briller sa province est toujours retenu à Kinshasa pendant que sa province sombre. Au Lualaba, les communautés réclament son retour pur et simple pour qu’il continue son travail.

Par ailleurs, un élément non négligeable attire notre attention dans cette crise: Pour les lualabais, le fait pour le Gouverneur Richard Muyej d’être retenu à Kinshasa pour un motif inavoué alors que les accusations défendues jusqu’à ce jour par ses détracteurs se sont avérées fausses, constitue une forme d’injustice au vu du triomphalisme et de règlement de comptes -menaces, suspensions arbitraires, privation de salaires, révocations arbitraires- qu’on enregistre dans le camp qui assure l’intérim. Il s’agirait donc d’une victoire d’une tribu contre une autre cautionnée par Kinshasa. Cette pullule est difficile à avaler, les vases se remplissent sans contrôle et les risquent d’implosion sont perceptibles. Les différentes tractations observées à Kolwezi tout comme dans les 5 territoires du Lualaba prouvent à suffisance que tout peut dégénérer ad nutum si Kinshasa tarde à rétablir l’ordre institutionnel. Sentant ce danger et voulant s’en dédouaner, le Président de l’assemblée provinciale du Lualaba, lors de ses deux dernières sorties médiatiques, a relevé que le Gouverneur Richard Muyej n’était pas retenu à Kinshasa à cause de son institution. Une façon claire pour lui d’affirmer que l’organe de contrôle du Lualaba ne reprocherait rien au Gouverneur et que la collaboration entre eux a toujours été saine depuis plus de 5 ans. Il est allé plus loin jusqu’à qualifier l’absence prolongée de Richard Muyej d’un accident de parcours qui n’est ni favorable pour le développement de la province ni pour la cohésion intercommunautaire.

Le Président Félix Tshisekedi qui est le garant du bon fonctionnement des institutions est donc prié de rétablir le plutôt possible l’ordre institutionnel au Lualaba. A notre avis, ce rétablissement passe par le retour de Richard Muyej pour équilibrer les velléités. La voix de la réconciliation est donc nécessaire pour sauver non seulement le Lualaba, mais également l’économie nationale  compte tenu de la position stratégique qu’occupe cette province.

Aimé NTAMBUE

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