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Construction des forages par le FPI au Kasaï central: le gouverneur Kabuya accusé de supercherie

Partis en mission de travail au Kasaï Central pour la réception et la remise provisoire de cinq forages d’eau ainsi que la mise en place de mini-réseaux dans la province, dans le cadre de 100 jours du président de la république, quatre agents du Fonds de promotion de l’industrie -FPI- et du SNHR ont été interpellés par le Parquet général près la Cour d’appel de Kananga, sur ordre du gouverneur de province. Il s’agit de Vake Kombi Michèle Florence, Pulusi Amang Mado, Mbhudi wa Wetshokonda Daniel et Kyungu Shimbi Roger, respectivement analyste des projets, experte en gestion des projets, consultant et analyste-superviseur des projets.

Selon nos sources sur place à Kananga, le Gouverneur Martin Kabuya évoquerait un détournement des fonds destinés à la construction des forages dans le chef-lieu de sa province. Un argument qui ne tient pas la route dans la mesure où ces projets ont été financés par le Fonds de promotion de l’industrie et exécutés par le SNHR. Quand le gouverneur Kabuya s’arroge le titre de maître d’ouvrages, tout porte à dire qu’il a visiblement perdu la tête en confondant son rôle dans l’exercice de ses fonctions. Le choix qu’il a opéré de séquestrer des agents de l’État en mission officielle, traduit une attitude qui va à l’encontre de la vision du Chef de l’État Félix Tshisekedi, initiateur du programme d’urgence de 100 jours. D’ailleurs, à Kananga, Martin Kabuya est accusé de supercherie. Son vrai souci était de trouver son compte.

Excès de zèle, abus de pouvoir et confusion des rôles et des prérogatives, c’est en tout cas ce qu’ont vécu récemment à Kananga, les agents du Fonds de Promotion de l’industrie -FPI- et du Service national d’hydraulique rurale -SNHR-, en mission de service dans cette partie de la RD-Congo. En se substituant à la justice, Martin Kabuya a outrepassé ses pouvoirs, jetant un discrédit sur ses capacités à diriger cette province.

Des éléments d’informations à notre possession rapportent que Martin Kabuya, sur base de désinformation ou encore mieux à la recherche d’une “rétrocession” qui lui aurait échappé, vient de se comporter en vrai gangster, en procédant par des interpellations arbitraires sous forme de séquestration des agents de l’Etat du FPI et du SNHR. Ces agents, munis des ordres de mission dûment signés par leurs hiérarchies respectives, sont allés en mission officielle pour la réception et la remise provisoire de cinq forages d’eau ainsi que la mise en place de mini-réseaux dans la province. Ces projets ont été financés par le FPI et exécutés par le SNHR dans le cadre du programme d’urgence de 100 jours du Chef de l’Etat.

Retour sur les faits

Tout commence le mardi 05 février 2020 lorsque la délégation du FPI se rend au gouvernorat de la province pour présenter ses civilités au Gouverneur de Province, avant de commencer le travail de terrain. Arrivée au gouvernorat, la délégation a dû attendre plus de 5 heures, avant d’être reçue par le Gouverneur. Mais, tout ne se passera pas comme prévu. Visiblement déterminé à commettre son forfait, Martin Kabuya va franchir le rubicon, en procédant à l’arrestation des membres de la délégation pour avoir, selon lui, détourné les fonds destinés à la construction des forages à Kananga.

Autant dire que Martin Kabuya s’est arrogé le titre de maître d’ouvrage, alors que c’est le FPI qui agit ainsi comme principal bailleur. Selon des observateurs dans la province, le gouverneur Kabuya voudrait être un maitre d’ouvrage à la main tendue et en attente des commissions de tous les projets qui développeraient ce coin de la République.

Pour attester ses allégations sur ce détournement imaginaire, le Gouverneur est allé jusqu’à faire croire à l’opinion que le contrat prévoyait la construction de 250 bornes fontaines à Kananga, contre les 25 construites par le SNHR. En outre, il va s’improviser microbiologiste, en affirmant que l’eau de ces forages était non conforme à la consommation, citant une analyse de l’Office congolais de contrôle -OCC.  «Vous FPI et SNHR êtes venus avec l’idée d’exterminer ma population», a-t-il  indiqué.

A la surprise de la délégation, venue pour le constat de l’évolution des travaux, le Gouverneur du Kasaï central va faire pression pour transmettre à ses services tous les documents financiers liés au projet.

Pour quoi faire? Le Gouverneur se serait-il substitué au parquet ?

Malgré les explications lui fournies par la délégation et la hiérarchie du FPI, le Gouverneur a finalement mis la délégation à la disposition du procureur du parquet général près la Cour d’appel de Kananga, qui les entendra sur PV.

N’ayant retenu aucune charge, le procureur a fini par les libérer.

Martin Kabuya non convaincu, il a cherché à intensifier la pression afin d’en tirer une dividende politique.

Sans nul doute, il avait le souci de trouver son compte dans l’exécution de ces travaux. Il n’en sera malheureusement pas le cas, le temps des anti-valeurs étant révolu.

Concernant la conformité de ces forages, l’on se demande comment l’OCC peut-il se permettre de remettre au Gouverneur le rapport de ces analyses alors que c’est le SNHR qui avait commandé et payé ces études sur la conformité de cette eau? N’y a-t-il pas eu une complicité entre le Gouvernorat et la Direction provinciale de l’OCC pour remettre en cause le travail fait par le FPI, via le SNHR? Sinon, comment est-il possible que 5 forages construits, à des endroits différents et à des profondeurs différentes, puissent donner les mêmes résultats? Curieux! Et même si tel était le cas, ces forages n’étant réceptionnés définitivement, le SNHR pouvait toujours solliciter une contre-expertise.

Après les dénonciations faites sur certains projets lancés dans le cadre du programme de 100 jours, l’heure est à la récupération politique pour se faire un nom, tout en trompant la vigilance de la population. Pour ceux qui ne savent pas, les projets confiés au FPI dans le cadre du programme de 100 jours n’ont aucun lien avec le Trésor public, à l’instar de ceux financés par le Foner.

Dans le cadre de l’exécution du programme d’urgence de 100 jours du Chef de l’Etat, le FPI a signé, le 11 avril 2019, un contrat de subvention avec le Service national d’hydraulique rurale -SNHR- pour un montant d’USD 750.000. L’enveloppe de cette subvention concernait le forage de 5 puits d’eau et la mise en place des mini-réseaux de distribution à Kananga, en vue de donner de l’eau potable à la population de la périphérie de cette grande ville du Kasaï-Central. A ce jour, les 5 forages avec 5 bornes fontaines, un réseau d’environ 1000 mètres, un réservoir de 32 m3 en fibre de verre et un groupe électrogène de 20 KVa par forage sont en place. Ces forages et les mini-réseaux sont localisables dans les quartiers tels que Katoka, Mulombodi, Kambote et Bena Mukangala – le 5eme forage étant installé à l’Ecole de Formation des officiers -EFO/Kananga.

Des équipes des superviseurs du FPI, qui reviennent de Kananga, attestent de la qualité de l’eau sortie de ces forages.

Pour toutes ces raisons, le SNHR, qui a exécuté les travaux, réfute catégoriquement les résultats de l’analyse qu’il a lui-même demandé auprès de l’OCC/Kananga. Visiblement, des indiscrétions indiquent que l’OCC/Kananga serait instrumentalisé par des personnes mal intentionnées qui s’attendaient aux rétro-commissions dans l’exécution de ces projets. Toutes leurs attentes ont déjoué. Ce qui explique leur colère.

En même temps, des sources locales rapportent que des messages ont été lancés à la population à travers des radios locales, pour la convaincre à ne pas consommer l’eau des forages construits grâce au financement du FPI. Foutaise!

Mis en cause, le SNHR a demandé une contre-expertise des tests de potabilité avant la remise provisoire des ouvrages. D’autres sources révèlent que deux autres tests de potabilité faits auprès de la REGIDESO ainsi que dans une autre Direction de l’OCC, ont certifié la potabilité de cette eau fournie par les forages faits par le SNHR à Kananga.

Signalons par ailleurs qu’à titre d’ajout au projet d’urgence de 100 jours, le FPI a financé la construction de deux autres forages avec 8 bornes fontaines, 2 réservoirs métalliques de 20 m3 sur 2 réseaux d’environ 400 mètres et 800 mètres dans la ville de Kananga. Ces travaux ont été exécutés par l’ONGD Réveil des Femmes pour la Reconstruction et le développement -RFRD. Ces 2 bornes fontaines sont localisables aux quartiers Kamayi et Nganza dans la ville de Kananga. Les populations de ces 2 quartiers consomment déjà l’eau de ces forages avec quiétude et grande satisfaction. Et aucun cas de maladies hydriques n’a été signalé, notent les observables. Pour eux, les agitations de Martin Kabuya ne sauront donc pas étouffer la vérité.

Tino MABADA

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