Deux mois après la mise en liquidation forcée de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo -BIAC-, des voix s’élèvent pour dénoncer les manœuvres entretenues par le Conseil d’Etat sur ce dossier. Alors que les épargnants, le personnel et autres créanciers lésés par la mégestion des actionnaires attendent être rétablis dans leur droit, la justice RD-congolaise, à travers le Conseil d’Etat, est mise en cause en prenant une ordonnance en référé-suspension notifiant la suspension de la mesure de dissolution forcée de la BIAC SA prise par la Banque centrale du Congo -BCC- et celle relative à la désignation d’un liquidateur indépendant.
Au terme du retrait de son agrément sur décision de la BCC, la BIAC tombée récemment en faillite continue à faire parler d’elle. A l’initiative du Parquet près la Cour d’Appel de Kinshasa Gombe, un mandat de comparution vient d’être lancé à l’endroit de l’ancien président du comité d’administration provisoire de la BIAC ainsi qu’une réquisition à expert adressée à l’actuel gouverneur de la Banque centrale du Congo. Des sources dignes de foi renseignent que cette situation serait entretenue par les ex-actionnaires de la BIAC qui seraient derrière cette affaire pour aller à l’encontre des décisions de la BCC. Cette dernière qui dans son action, n’a fait qu’appliquer la loi en la matière conformément à ses prérogatives en tant qu’autorité de régulation et de contrôle du secteur financier en RD-Congo. A ce titre, elle doit veiller à la protection de l’épargne du public et à la préservation de l’intégrité et de la crédibilité du système financier RD-congolais.
Rappel des faits
L’opinion se souviendra que la crise qu’a connue la BIAC et ayant conduit à sa faillite n’est autre que le résultat des différentes missions effectuées à l’époque auprès de ladite banque. Il ressort de ces missions qu’une très mauvaise gestion de la BIAC par son Conseil d’administration et sa direction générale était à la base des décisions prises par la BCC. A cela s’ajoute, l’immixtion dans la gestion courante de l’actionnaire majoritaire SOFIA, représenté M. Elwyn Blattner. Dans ce lot, on cite notamment la dilapidation d’importants moyens financiers de la BIAC au travers des opérations de couverture des engagements des sociétés apparentées au groupe Elwyn Blattner pour une valeur de 111,4 millions USD entre 1998 et 2018, des prélèvements effectués sur certains comptes des clients fictifs ainsi que divers autres comptes internes pour 35,2 millions USD. Il y a en outre, le faux et usage de faux en écritures par l’octroi d’un prêt de 5 millions USD en faveur de l’actionnaire majoritaire SOFIA, lequel devient plus tard en 2015 comme un apport en capital fictif de la banque.
Actions de la BCC
En raison de l’importance de la BIAC dans le système financier RD-congolais dont les dysfonctionnements devraient avoir des conséquences néfastes, la BCC n’a fait qu’intervenir pour une résolution ordonnée de la situation de crise, dans le respect de ses prérogatives en plusieurs étapes. Dans la foulée des mesures d’ajustement à implémenter par le Comité d’administration provisoire, la BCC avait engagé d’autres actions coercitives envers les actionnaires et dirigeants de la BIAC en crise, notamment la saisine du Procureur général de la République par une plainte à charge des administrateurs et dirigeants de la BIAC pour actes de mégestion et la nécessité du remboursement immédiat par les sociétés apparentées des crédits leur consentis par la banque en déséquilibre. L’implication du Conseil d’Etat par sa section du contentieux dans ce dossier devra simplement interpeller les autorités compétentes pour que justice soit faite en faveur des victimes de la BIAC.
Tino MABADA