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Rappel des ambassadeurs de la RDC à l'ONU: les réponses fuitées scellent le sort de la MAE de Fatshi

Les suites fâcheuses de la question écrite de la sénatrice Francine Muyumba…

Interrogée par la sénatrice Francine Muyumba sur le rappel définitif, par elle, des ambassadeurs de la République Démocratique du Congo en poste à Genève et à New York, à l’ONU, la ministre d’État en charge des Affaires étrangères, Marie Ntumba Nzeza, semble n’avoir pas convaincu l’élue par ses réponses insatisfaisantes.
Le contrôle parlementaire auquel était soumise la patronne de la diplomatie de Félix Tshisekedi n’a pas été pas une sinécure pour l’intéressée. Il avait une forte probabilité de connaître une issue fâcheuse. À l’arrivée, ses explications ont du mal à passer, d’après les sources au courant des fuites de ses réponses adressées au Sénat.

La MAE de Fatshi est convaincue, dans sa réaction, que le Président de la République, Chef de l’État, ne peut collaborer avec le gouvernement qu’en période de cohabitation. Suivant cette logique de Ntumba Nzeza, la Constitution n’existe pas et quiconque peut la violer dans le contexte de la coalition.

Selon un sénateur intervenant sous le sceau de l’anonymat, la ministre estime aussi que le “rappel définitif” de ces ambassadeurs constitue “une mesure conservatoire”. Aux Affaires étrangères, des fonctionnaires rodés expliquent “qu’un rappel définitif ne saurait être assimilé à une mesure conservatoire dans la mesure où le premier est une sanction prise pour toujours et le deuxième, une décision intermédiaire prise avant qu’intervienne une solution définitive”.

Dans sa riposte, Ntumba Nzeza aurait également écrit: “Évitons donc de vouloir faire du Président de la République un simple exécutant des volontés du Parlement”. Une manière -volontaire ou naïve?- de méconnaître les pouvoirs du législateur relatifs au contrôle du gouvernement, consacrés par l’article 100 alinéa 2 de la Constitution.

La ministre dans la nasse

Au demeurant, les réponses scandaleuses de la MAE semblent l’avoir enfoncée et définitivement scellé son sort au gouvernement. Elles provoquent déjà un tollé tant au sein de l’appareil diplomatique que dans le gotha politique national.

“La ministre d’État en charge des Affaires étrangères est incompétente. Elle est dans la nasse. Elle doit démissionner sans délai”, réclame-t-on dans plusieurs états-majors, y compris au sein du regroupement politique CACH auquel la ministre appartient.

Un autre sénateur abordé sur cette question est formel: “Seul le Président de la République est compétent pour mettre fin aux fonctions d’un ambassadeur, conformément à l’article 81 de la Constitution. La ministre des Affaires étrangères a beau prétexter les raisons de rotation et de la durée de mandat mais d’avoir unilatéralement décidé du rappel définitif de ces ambassadeurs, elle a donc mis fin à leurs fonctions, s’est substituée au Président de la République et a violé la Constitution. Il lui reste à tirer les conséquences de cette imposture”.

L’opinion a hâte de connaître la prochaine étape, l’attitude de la sénatrice Muyumba, auteure de la question écrite. Elle est surtout curieuse de savoir si la Chambre haute du Parlement convoquera la MAE, conformément à la procédure, dans le cadre d’une question orale avec débat dès la prochaine rentrée parlementaire.

Au mois de décembre 2019, la ministre des Affaires étrangères avaient rappelé définitivement des ambassadeurs au pays, entre autres Ignace Gata et Zénon Mukongo, respectivement en poste à New-York et Genève, à l’ONU.
Le Secrétaire général aux Affaires étrangères, Ileka Atoki, avait constaté et contesté les décisions de son ministre pour violation des dispositions constitutionnelles. Il avait déposé sa démission après une demande d’explications lui collée par la ministre. Sa démission avait été rejetée par le Président de la République.

YA KAKESA

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