Sur les terres égyptiennes, où elle séjourne depuis le 1er juillet dernier, la ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, mène d’intenses activités diplomatiques marquées par des rencontres stratégiques pour porter haut la voix de la RD-Congo, victime d’agression barbare de la part du Rwanda via les rebelles du M23 et leurs alliés, selon Kinshasa. Alors que l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est du pays reste marquée par les récentes avancées de ces rebelles, Kayikwamba n’a pas fait dans la dentelle pour interpeller l’Union africaine -UA-, accusée de ne pas faire assez pour trouver des solutions à cette guerre d’agression.
Dans un langage limpide et univoque, la ministre d’Etat aux Affaires étrangères a démontré, noir sur blanc, combien le Conseil de paix et de sécurité -CPS- de l’UA, qui passe pour l’élément clé de l’architecture africaine de paix et de sécurité -APSA-, a, jusqu’ici, manqué d’apporter des réponses concrètes et contraignantes pour mater les visées expansionnistes du Rwanda, à la base des tensions et de la déstabilisation dans la région des Grands Lacs.
Cette attitude du CPS face à la détérioration des conditions sécuritaires en RD-Congo, où des millions d’âmes sont fauchées en plus des exactions les plus cruelles y commises, pousse, selon Kayikwamba, à conclure sur son «incapacité» à s’imposer pour garantir la stabilité et la sécurité sur le continent africain. Pourtant, le même CPS, a-t-elle déploré, n’a de cesse fait preuve de «promptitude» pour «sanctionner et suspendre des États membres» où des coups d’Etat ont été perpétrés et des institutions démocratiques renversées, alors qu’il «ne suscite pas encore d’actions aussi rapides et résolues» pour le cas de la RD-Congo.
La ministre d’Etat Kayikwamba a épinglé la nécessité, pour les dirigeants africains, de faire preuve de plus de courage pour aborder les conversations inconfortables afin de trouver des solutions durables aux défis persistants en matière de paix et de sécurité. Elle a ainsi interpellé l’Union africaine lors de son intervention, mardi 2 juillet 2024 au Caire, à la célébration du 20ème anniversaire du Conseil de paix et de sécurité de l’ex-OUA.
La veille, Thérèse Kayikwamba Wagner a marqué sa présence aux festivités des 30 ans de «Cairo international center for conflict resolution, peacekeeping and peacebuilding in Africa» -CCCPA-, axées sur le thème: «Dialogue stratégique sur la paix et la sécurité dans le contexte multilatéral».
Le même lundi 1er juillet, la min’Etat aux Affaires étrangères a échangé avec le coordinateur du Forum d’Assouan et directeur général du CCCPA, Ahmed Abdel Latif. Leurs discussions ont notamment porté sur les pistes de coopération entre cette organisation égyptienne et l’Académie diplomatique RD-congolaise que Kayikwamba entend redynamiser conformément aux missions lui assignées par la Première ministre, Judith Suminwa, dans le programme du gouvernement.
La patronne de la diplomatie RD-congolaise est attendue ce mercredi 3 juillet 2024 à la 4ème édition du Forum d’Assouan au cours de laquelle les participants vont réfléchir sur le thème: «L’Afrique dans un monde en mutation: repenser la gouvernance mondiale pour la paix et le développement». Son agenda prévoit également un tête-à-tête avec Sameh Shoukry, le ministre égyptien des Affaires étrangères, en vue de «discuter des sujets d’intérêt commun et explorer les possibilités de renforcer la coopération» entre la RD-Congo et l’Egypte. Kayikwamba, a-t-on appris des membres de sa délégation, est porteuse d’un message du Président RD-congolais, Félix Tshisekedi, à son homologue égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi.