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Alassane Ouattara fait briller la Côte d’Ivoire d’un éclat du renouveau

A l’occasion d’un forum organisé par le Centre africain de transformation économique -ACET- à Accra, au Ghana, l’homme le plus riche d’Afrique, le nigérian Aliko Dangoté qui, en matière de gouvernance économique, sait très bien ce qu’il dit, a loué le travail de certains dirigeants africains. «Nous n’avons pas besoin que les 54 pays d’Afrique aient des dirigeants visionnaires. Nous avons besoin d’un maximum de 20 comme les présidents du Ghana, du Rwanda et de la Côte d’Ivoire pour que l’Afrique puisse décoller économiquement», a déclaré le milliardaire nigérian. L’homme d’affaires ne croyait pas si bien dire. Un tour en Côte d’Ivoire suffit à démontrer le vent de renouveau qu’apporte le président Alassane Dramane Ouattara après les dix ans d’une présidence Gbagbo qui apparaissent désormais aux yeux de tous comme ayant été un vrai gâchis pour le pays.

Après avoir audité et payé la dette intérieure lui léguée par Laurent Gbagbo -300 milliards de FCFA-, réformé le système des marchés publics, et permis à son pays d’atteindre le point d’achèvement -la dette ivoirienne était alors de 6.396 milliards FCFA. Avec le point d’achèvement de l’initiative PPTE, ce sont 4.090 milliards qui ont été annulés-, M. Ouattara peut ainsi consacrer au son développement de son pays des ressources qui étaient naguère consacrées au service de la dette.

Vaste programme

Il lance alors le Programme national du développement. Pour cela, il sollicite 500 millions de dollars sur les marchés internationaux qui, en réponse, lui en proposent… 4 milliards! Le président ivoirien acceptera juste 750 millions, dont une partie, environ 250 millions, serviront à nettoyer la «mauvaise dette» héritée de l’ère Gbagbo. En effet, l’ancien président avait endetté le pays pour 6 ou 7 ans mais à des taux de 8%. Or, là, les marchés financiers offrent à la Côte d’Ivoire des prêts de 10 ans à seulement 5,6%, «soit à peine un demi-point supérieur à celui que le Portugal avait obtenu trois mois plus tôt», se félicitait Alassane Ouattara au cours d’une interview avec la télévision et la radio nationales: «donc la Côte d’Ivoire n’est pas loin d’obtenir le même taux d’intérêt que les pays européens les plus avancés. C’est quelque chose de remarquable pour un pays qui, il y a seulement 3 ans, était en guerre et jonché de cadavres».  Un vaste programme d’investissements massifs dans plusieurs secteurs allait commencer. Le grand œuvre de l’action d’Alassane Ouattara reste le pont Henry Konan Bédié, couramment appelé «Pont HKB». Il s’agit d’un pont autoroutier à péage reliant les communes de Cocody et de Marcory à Abidjan qui a été mis en service en décembre 2014. Il permet un gain de plus d’une heure de trajet entre les deux quartiers traversés par la lagune Ebrié et permet également de désengorger les deux seuls autres ponts de la ville, situés plus à l’ouest : le pont Félix Houphouët-Boigny qui date de 1957, et le pont Charles de Gaule, construit en 1967. Considéré comme le plus grand chantier d’Afrique de l’Ouest, et construit par la société Bouygues, ce pont de 1500 mètres est relié à un échangeur sur le boulevard Valéry-Giscard d’Estaing, d’une beauté exquise. Point de départ au sud d’Abidjan pour accéder au pont HKB et entamer l’autoroute du Nord, cet échangeur, le plus important d’Afrique occidentale,  a été mis en service depuis le 16 décembre 2014, à l’occasion de l’inauguration par le Président Alassane Ouattara et son prédécesseur Henri Konan Bédié. L’échangeur VGE est un ouvrage d’art qui se présente à 3 niveaux d’environ 2700 m de long à une voie à sens unique de 6m composé de 6 ouvrages d’art, 6  rampes bretelles en sol renforcé et des voies au sol.  «Un échangeur comme on n’en voit pas en Afrique, même pas en Afrique du Sud», selon le président Ouattara.

Symbole du renouveau

Si à lui seul, ce pont symbolise le renouveau d’un pays qui, quatre ans plus tôt, pataugeait dans la guerre et l’instabilité, il n’est pas la seule œuvre d’importance. Il y a aussi le pont de Jacqueville, qui porte le nom de Philippe Grégoire Yacé, un compagnon du président Félix Houphouët-Boigny, et qui a été président de l’Assemblée nationale pendant plusieurs années. Long de 608 mètres, il relie la rive de Songon au Nord à celle de N’Dyéni au Sud, enjambant la lagune Ebrié et permet de désenclaver à la fois la ville de Jaqueville et le département éponyme, séparés d’Abidjan par le canal de Vridi creusé au début de la décennie 50 et demeuré isolé par la lagune. On peut aussi ajouter à la liste l’échangeur de la Riviera 2, ainsi que trois autres nouveaux qui seront construits respectivement au carrefour de l’école de police, à la Riviera III et à la Palmeraie. Mais deux nouveaux ponts gigantesques sont déjà en chantier et seront livrés dès l’année prochaine. Il s’agit d’abord du quatrième pont. Ce dernier reliera les communes de Yopougon, Attécoubé, Adjamé et Plateau en enjambant la lagune Ebrié. Ensuite, le cinquième pont, qui reliera la commune présidentielle de Cocody au quartier des affaires du Plateau. Long de 1500 mètres, l’ouvrage comprend un pont -634 m-, un viaduc -260 m-, deux échangeurs, leurs bretelles de liaison, les voies d’accès et l’adaptation des voies existantes.

La construction des universités n’est pas demeurée en reste. En huit ans de pouvoir, Alassane Ouattara a construit l’Université de Korhogo qui porte le prestigieux nom de Péléforo Gbon Coulibaly, notable Sénoufo et compagnon de Félix Houphouët-Boigny dans la lutte pour l’indépendance, et arrière-grand-père de l’actuel Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Il y a aussi l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire à Abidjan, qui dispense des formations dans plusieurs filières de l’informatique et des nouvelles technologies en partenariat avec des leaders du numérique comme le géant américain Microsoft ou encore l’opérateur mobile français Orange. Deux autres universités, en phase d’achèvement à Bondoukou -Est- et à Man -Ouest-, seront livrées en 2020.

Bilan impressionnant

Enseignement toujours, mais primaire et secondaire cette fois-ci. Quelque 31.900 salles de classe ont été construites de 2011 à 2018 en Côte d’Ivoire, ainsi que 240 collèges et lycées, 500 000 tables-bancs ont été distribuées. De même, 300 véhicules ont été mis à la disposition des inspections. Au titre de la seule année 2018, le gouvernement a construit 37 collèges de proximité, ouvert 4 681 salles de classe et réhabilité des dizaines d’établissements.

Concernant le logement, le pouvoir du président Ouattara a lancé les «opérations immobilières», et, après des appels d’offres, retenu 39 sociétés avec lesquelles il travaille pour construire, à marche forcée, des dizaines des logements, dont une grande partie des logements sociaux. Des milliers des maisons sont, depuis lors, sorties de terre, et des nouvelles cités ont été créées. A titre d’exemple : les Résidences Nicopolis à Cocody Route d’Abatta, la cité Abinan Kouakou Pascal près de Bingerville, les Résidences Hacienda encore à Cocody Abatta pour la Compagnie immobilière de Côte d’Ivoire ; la cité Mélodie 2 à Bingerville et la cité la Grâce à Cocody Angré 9ème Tranche pour la TIT-Immobilier; les Résidences Espérance III à Riviera-Bingerville, les Résidences Ahouniansou II à Bouaké au centre du pays, la cité des cadres de Kong dans le Nord, les Résidences les chutes de Nawa à Soubré, les Résidences Azito à Yopougon pour la SICOCI etc. Un des points où la Côte d’ivoire a énormément progressé reste la fourniture en courant électrique. A l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara, le pays produisait à peine 1.000 MW. Huit ans plus tard, la production avoisine les 4.000 MW. Les délestages ont quasiment disparu et le pays peut désormais se permettre de vendre son courant à certains voisins comme le Burkina Faso, le Ghana ou le Mali. Il y a eu la construction du barrage hydroélectrique à Soubré dans le sud-ouest du pays, la réhabilitation ou la construction des centrales thermiques, mais surtout le Programme national d’électricité rurale -PRONER. Tous ces efforts combinés ont permis de raccorder au courant électrique plus de 5.000 localités ivoiriennes -contre 2.847 en 2011- sur les 8.000 que compte le pays.

En toute impartialité, le bilan du président Alassane Ouattara est impressionnant. Mais fait-il pour autant l’unanimité au sein de son peuple et, loin s’en faut, de la classe politique ivoirienne? Loin de là. Il ne faut pas perdre de vue que, si la pauvreté a reculé certes, 46% des ivoiriens vivent sous le seuil de pauvreté. Aussi une partie de ces ivoiriens sont mécontents de la cherté de la vie, et estiment que la croissance de l’économie -7% pendant 8 années successives-  n’est pas assez inclusive. Ils font ainsi leur un slogan en vogue: «on ne mange pas bitume, routes et ponts».

Demande sociale

Sensible à cette demande sociale, le président Ouattara a mis en place un Programme social, consécutif à son adresse du 31 décembre 2018. Aux termes de ce programme, le gouvernement va consacrer, en 2019 et 2020, 727 milliards de FCFA -1,1 milliard d’euros- aux populations les plus défavorisées. Les secteurs concernés sont la santé, la protection sociale, l’éducation, l’eau, l’assainissement, etc. Au total,  156 actions prioritaires seront engagées. Le gouvernement entend renforcer le programme de gratuité ciblée qui offre l’accès aux soins aux familles les plus pauvres. De même, la couverture mutuelle universelle -CMU- doit être opérationnalisée afin de permettre à chacun d’avoir droit aux soins de santé. L’enveloppe bénéficiera aussi aux «programmes de filets sociaux productifs», qui permettent à plusieurs dizaines de milliers de ménages pauvres en milieu rural de toucher chaque trimestre une allocation de 36.000 F. Autres mesures annoncées, le renforcement du programme d’accès à l’eau potable en milieu rural, l’accélération du programme des logements sociaux et la baisse de 20% du tarif modéré de l’électricité.Jusque-là, même les critiques de l’action gouvernementale sont attentistes. L’un d’eux, Theodore Gnagnan Zadi, président de la plateforme de la fonction publique, a confié son sentiment à nos confrères de Jeune Afrique: «c’est une très bonne chose que l’Etat s’intéresse aux plus faibles, mais on attend de voir comment tout ça va se faire». Belhar MBUYI

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