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Comment Vlisco persécute Monique Gieskes, la brave dame qui a remonté son label et son chiffre d'affaires en Afrique

Monique Gieskes, la gérante statutaire de Vlisco RD-Congo a été  suspendue de ses fonctions, depuis quelques semaines,  après un audit dit surprise diligenté par le  siège de cette entreprise spécialisée dans la fabrication et la commercialisation des pagnes Wax. À l’origine de cette suspension, la disparition de 68.000 yards, l’équivalent de 13.000 pagnes d’une valeur estimée à environ 600.000 dollars.

L’audit a eu lieu pendant que Monique Gieskes était en mission à l’Est de la RD-Congo, fait savoir une source. À son retour à Kinshasa, les auditeurs lui font part de la surprenante décision.  Étonnante parce que la Directrice générale de Vlisco RD-Congo, confient ses avocats, jure n’avoir jamais été prévenue ni entendue dans le cadre de cette enquête initiée à la demande du Directeur financier de Vlisco RD-Congo Binwa et du nouveau Directeur wholesale, Gauthier Kadima. La démarche du duo a des allures d’une fuite en avant, révèlent les investigations. Le tandem avait-il quelque chose à cacher? Seul le Parquet, saisi auparavant par Monique Gieskes après plusieurs constats des ventes parallèles à un prix déloyal dénoncées par les revendeurs du marché central de Kinshasa. Les premiers éléments disponibles de ces investigations judiciaires indiquent que le circuit parallèle était alimenté par un sujet brazza-congolais qui reversait sur le marché kinois les pagnes destinés à Brazzaville, donc achetés hors certaines taxes. Les mêmes enquêtes indiquent que ces pagnes décriés provenaient du stock de Vlisco RD-Congo. Après inventaires, le dégât s’avère plus grave que ne le soupçonnait la gérante statutaire.

Les performances de Vlisco RD-Congo sous l’ère Gieskes

Les deux gestionnaires des stocks, l’un chargé des stocks virtuels et l’autre des stocks physiques, sont tous placés sous le commandement direct de la Direction financière, elle-même directement rattachée à la Maison mère, à qui elle adresse le rapport des inventaires. Mais quand les écarts de 68.000 yards sont découverts, les auditeurs venus du siège choisissent de sanctionner uniquement la gérante statutaire et le gestionnaire des stocks virtuels, sans tenir compte de la Législation du travail en vigueur en RD-Congo. Si le second ne reçoit aucune occasion de fournir ses éléments de réponse, la deuxième, victime de la même méthode, est accusée de mégestion. Voici que les conclusions du rapport des auditeurs du Groupe Vlisco sont en contradiction avec celles du récent audit réalisé par le méticuleux Ernest & Young, où Monique Gieskes est cotée comme le meilleur manager de la firme.

Les chiffres en disent long. Ce dernier rapport, du reste approuvé au siège en Hollande, fait part du volume des ventes 1,072 millions de yards pour 9,7 millions d’euros en 2018 et du volume des ventes de 1,160 millions de yards pour 9,53 millions d’euros fin juin 2019 sur les prévisions de 13,1 millions d’euros cette année. Ce qui fait dire aux équipes du cabinet Ernest & Young que la «RD-Congo aligne les meilleures ventes devant le Nigéria qui réalise 9,42 millions d’euros» pendant la même période. Les mêmes équipes laissent entendre qu’ensemble «la Hollande et la RD-Congo ont contribué jusqu’à fin juin 2019 à compenser le déficit du Groupe Vlisco respectivement à hauteur de 800.000 euros et 400.000 euros». Des scores assurément rendus possibles grâce à des restructurations opérées en 2016 et 2017, après lesquelles la croissance a commencé à monter en flèche, passant de -11,1% en 2015, 8,1% en 2016 et 7,8% en 2017 à 21,6% en 2018 et 26,1 fin juin 2019. Ces statistiques attestant le travail remarquablement abattu par Vlisco RD-Congo sous le management de Monique Gieskens viennent remettre en cause l’audit non contradictoire des investigateurs en provenance du siège. Les prouesses de Gieskens dérangent-elles? La brave dame coûterait-elle cher aux finances du Groupe après plus d’une décennie d’énormes sacrifices? Pourquoi a-t-on précipité l’audit depuis la Direction internationale du Groupe alors que l’enquête du Parquet avait atteint la vitesse de croisière? À Kinshasa, le Directeur financier a dû se cacher pendant plusieurs jours pour éviter de répondre à l’invitation du Parquet. Une piste à exploiter pour la suite.

Natine K.

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