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CISSA: cap vers le sommet d’Abuja

C’est sur une note de satisfaction que s’est tenu, jeudi 27 juin 2019, le sommet des chefs des services de renseignement et de sécurité regroupés au sein de la région Afrique centrale de la Conférence internationale des services de sécurité d’Afrique -CISSA. Ce sommet a été organisé en prélude de la réunion continentale de la CISSA prévue en juillet 2019 à Abuja au Nigeria. Il est intervenu après trois journées d’intenses travaux des experts des pays membres de la CISSA/Afrique centrale au tour du thème: «Impact négatif des acteurs non étatiques sur la paix et la sécurité dans la région: agir de concert pour assurer la sécurité collective en tant que garant de la sécurité de chaque Etat et du rôle central du gouvernement».

A Kinshasa, les chefs des services de renseignement et de sécurité de l’Afrique centrale se sont donnés rendez-vous en vue d’examiner, dans le cadre de leur sommet, les conclusions des travaux des experts et de définir une nouvelle approche à même de contribuer significativement à la sécurisation et à la stabilisation de l’Afrique centrale. A l’ouverture de ce sommet, l’administrateur général de l’Agence nationale de renseignement -ANR-, Justin Inzun Kayak, a signifié que ces assises se tiennent en marge des préparatifs de la grande réunion de la CISSA qui se tiendra à Abuja du 14 au 21 juillet 2019. Il a ensuite fait savoir qu’au cours du sommet, les travaux seront axés sur deux sujets: d’une part, le thème de l’atelier des experts formulé comme suit: «Impact négatif des acteurs non étatiques sur la paix et la sécurité dans la région: agir de concert pour assurer la sécurité collective en tant que garant de la sécurité de chaque Etat et du rôle central du gouvernement». De l’autre, l’estimation régionale de renseignement. Le nouvel homme fort de l’ANR a souligné que le thème de l’atelier est d’une très grande pertinence et ne va susciter aucune confusion possible dans les esprits. S’il admet qu’il existe des acteurs non étatiques au sein des Etats et de la région dont la contribution est positive au progrès social et économique, il constate cependant que certains d’entre eux, par leurs agissements, affectent la promotion et le maintien de la paix et de la sécurité. 

Les assises de Kinshasa, une victoire diplomatique pour Fatshi

Concernant l’estimation régionale de renseignement, Justin Inzun a laissé entendre que c’est une tâche bien ordinaire des services de connaitre à tel ou tel autre moment les menaces, de savoir ce qu’il en est, puis d’envisager des stratégies pour les neutraliser. Au regard de ces deux sujets combien pertinents, les assises suscitent une forte attente et un intérêt grandiose quant à la définition de nouvelles approches ou stratégies à intégrer le cas échéant dans les dispositifs de sécurité internationaux et régionaux contre toutes les menaces de sécurité dans la région d’Afrique centrale. Dès l’entame de son mot de circonstance, l’AG de l’ANR a, au nom du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, souhaité la bienvenue à toutes les délégations. Il s’est aussi acquitté de son légitime devoir de remercier le Chef de l’Etat RD-congolais pour sa sensibilité très pointue à tout ce qui touche la sécurité nationale et la stabilité régionale et pour avoir permis que ce sommet se tienne à Kinshasa.

Visite au moment crucial de l’histoire de la RD-Congo

Il convient à cet effet de souligner que ce sommet de la CISSA/ Afrique centrale constitue, selon les experts, une victoire diplomatique à mettre exclusivement à l’actif du Président de la République. Ils ont expliqué que les chefs des services de sécurité sont des souffleurs des Chefs d’Etat. «Si ces Etats ne faisaient pas confiance à la première autorité du pays, le Président de la République, ils n’accepteraient pas que leurs barbouzes participent à ce sommet», ont-ils souligné, avant de faire remarquer que la réflexion sur la stabilité de la région part de la RD-Congo où les experts des différents pays se sont réunis pour réfléchir sur ce sujet. Représentant du Premier ministre en déplacement à l’étranger, le ministre d’Etat en charge de la Décentralisation, Me. Azarias Ruberwa, a donné le go des assises après avoir mis en exergue le moment crucial que traverse la RD-Congo, la veille du 59ème anniversaire de son indépendance, à la suite de l’alternance pacifique intervenue au sommet de l’Etat. «La coïncidence fait que vous visitez notre pays au moment où il y a eu transfert pacifique du pouvoir entre l’ancien Président Joseph Kabila et l’actuel Félix Tshisekedi. Il n’a pas fait de coup d’Etat, la Constitution n’a pas été changée, il n’a pas assassiné son prédécesseur, Joseph Kabila n’a pas fui à cause de la guerre. Vous êtes parmi les premiers à nous visiter pendant ce moment», a-t-il signifié, avant de circonscrire les échanges entre experts: «Les experts se sont appesantis sur la problématique des acteurs non étatiques pouvant être acteurs ou vecteurs sinon acteurs et vecteurs des menaces sur la paix et la sécurité de notre espace commun».

Agir de concert pour assurer la sécurité collective

Mettant en corrélation la prolifération des armes légères et de petit calibre -ALPC-, thème du précédent sommet de la CISSA/Afrique centrale, et les acteurs non étatiques dangereux, Ruberwa a détecté qu’«il se dessine plus clairement le profil des forces négatives, groupes armés, et mouvements terroristes qui écument nos contrées respectifs». Il a en outre constaté: «si certains acteurs non étatiques ne se voilent pas la face pour idéologiser, pratiquer et revendiquer les actes de violence aveugles, d’autres adoptent plutôt une posture sournoise pour ruiner et aussi les efforts du gouvernement à construire, maintenir et consolider la paix et la sécurité». Dans cette deuxième catégorie, a-t-il poursuivi, l’actualité quotidienne et l’exploitation des fichiers de renseignement rangent de nombreuses ONG considérées aussi comme ASBL ainsi que quelques multinationales. Au regard de cette situation, le représentant de Bruno Tshibala s’est interrogé: «Comment sortir de cette situation d’insécurité avec tant d’acteurs non étatiques?». Il a laissé entendre que le thème de l’atelier a esquissé la réponse à son interrogation, à savoir agir de concert pour assurer la sécurité collective en tant que garant de la sécurité de chaque Etat et du rôle central du renseignement». De son avis, il appartient aux différents Etats de renforcer la coopération multiforme avec un accent particulier sur le volet stratégique à travers notamment des estimations et des échanges de renseignement sur toutes ces menaces.

Des félicitations de la CISSA à Justin Inzun

Pour sa part, le secrétaire exécutif de la CISSA, Shimelas Semayat, a félicité et témoigné toute sa reconnaissance envers l’ANR pour l’accueil chaleureux réservé aux différentes délégations ayant participé à ces assises de Kinshasa. Il a particulièrement félicité l’AG Justin Inzun pour sa nomination au sommet des affaires de l’ANR. «Je n’ai aucun doute que le rôle actif que l’ANR a joué au sein de la CISSA, depuis sa création il y a 15 ans, sera accru pendant votre mandature», a-t-il souhaité non sans annoncer la 16ème conférence de la CISSA prévue au mois de juillet à Abuja au Nigeria autour du thème: «Flux financiers illicites de l’Afrique et leur impact sur la sécurité nationale et le développement». Il a aussi annoncé que l’inauguration du Quartier général de la CISSA à Addis-Abeba pourra intervenir en janvier 2020 en marge du sommet de l’Union africaine. La CISSA est un cadre de réflexions et de concertations sur la sécurité dans le continent africain. Pour mener à bien ses actions et impacter positivement sur la sécurité en Afrique, la CISSA s’est scindée en différentes sections suivant les régions géographiques d’appartenance de chaque pays. L’agence africaine de renseignement compte 52 membres dont le plus récent est le Cap vert, enrôlé depuis décembre 2018. A ce jour, seuls trois membres de l’UA n’ont pas encore rejoint la CISSA. Il s’agit de: l’Erythrée, du Maroc et des Seychelles.

Laurent OMBA

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