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Elections: panique générale

La campagne électorale sera lancée ce jeudi 22 novembre pour une durée d’un mois. Et le 23 décembre, le peuple RD-congolais se rendra aux urnes pour voter ses nouveaux dirigeants à la présidentielle et aux législatives nationales et provinciales. Le pouvoir organisateur de ces élections a déjà dit qu’il va utiliser la machine à voter, sans laquelle ces scrutins n’auront pas lieu. Si le Front commun pour le Congo -FCC- approuve cette machine, les opposants réunis autour du candidat Président Martin Fayulu la rejettent. Par contre, l’UDPS de Félix Tshisekedi est prête à aller aux élections avec ou sans cet outil. Pendant que Mgr Fridolin Ambongo, Archevêque de Kinshasa, propose l’utilisation de bulletin papier pour l’élection présidentielle et la machine à voter pour les législatives nationales et provinciales, le candidat Président Seth Kikuni vient de saisir la Commission électorale nationale indépendante -CENI- sur le report de ces élections. Des points de divergence qui compliquent davantage la tenue du scrutin. C’est la panique générale.

A 24 heures du lancement officiel de la campagne électorale sur l’ensemble du territoire national, les signaux ne sont pas encourageants. Que des exigences, réclamations, refus, volonté et radicalisation. En première ligne, deux candidats Président ont demandé à la CENI de reporter les élections du 23 décembre prochain. Mardi 20 novembre, le candidat Président Seth Kikuni a adressé une correspondance au Président de la CENI, Corneille Nangaa sollicitant «le report des élections». «Vous aviez fixé la date de la tenue des élections présidentielle, législatives et provinciales pour ce 23 décembre 2018. Malheureusement, il se trouve qu’à 48 heures du début de la campagne électorale, les parties prenantes au scrutin ne sont pas d’accord sur plusieurs points importants pouvant permettre la tenue des élections libres, crédibles, transparentes et apaisées», écrit-il. Puis: «je me permets de solliciter, conséquence, un report immédiat de l’opération de vote prévue pour le 23 décembre prochain». Ce candidat Président fait une nouvelle proposition à la CENI en rapport avec le scrutin. «Je vous propose de réunir toutes les parties prenantes au scrutin, en particulier les candidats Président de la République pour décider sur la date et les modalités de la tenue effectives des élections qui seront, cette fois-ci, libres, crédibles, transparentes et apaisées». Et d’ajouter: «j’ai bien peur que si la CENI s’obstine à organiser ces élections dans les conditions actuelles, notre pays ne sombre dans un chaos que le peuple, vous et moi ne souhaitons pas: chaos qui malheureusement coûterait beaucoup à la jeunesse de notre pays, dont je représente les valeurs et espoirs».
Seth Kikuni n’est pas seul, un autre candidat Président de la République, Sylvain Masheke, exige également le report des élections. En attendant de répondre à cette demande de report du scrutin, la Centrale électorale poursuit le déploiement des matériels électoraux et la sensibilisation des élections à l’utilisation de la machine à voter. Pour la CENI, il est impossible d’organiser les élections le 23 décembre sans machine à voter. Le Front commun pour le Congo -FCC-, plateforme de la mouvance présidentielle initiée par Joseph Kabila, soutient à 100% l’utilisation
de la machine à voter. Il est prêt à aller aux élections avec cet outil, affirmant s’incliner à la décision du pouvoir organisateur pour réduire le coût des élections. Cette machine bénéficie également du soutien tacite de l’Union pour la démocratie et le progrès social -UDPS- qui a déclaré qu’elle «ira aux élections avec ou sans machine à voter». Selon certaines indiscrétions, le
fait, pour l’UDPS, d’avoir un penchant vers l’utilisation de la machine à voter au prochain scrutin serait à la base de non désignation de son président Félix Tshisekedi comme candidat commun de
l’Opposition à Genève. Un membre d’Ensemble pour le changement, Christophe Lutundula l’a bien souligné lundi 19 novembre lors d’une émission sur «Top Congo FM».
Aux camps de report des élections et de l’utilisation de la machine à voter s’ajoute un autre camp, celui de rejet de cette machine. Pour une frange des opposants ayant désigné Martin Fayulu comme candidat commun à la prochaine présidentielle, «pas question d’utiliser la machine à voter, et d’aller aux élections avec un fichier électoral contenant des millions d’électeurs sans empreintes digitales». Un refus catégorique au motif que la loi électorale n’a pas prévu l’utilisation de la machine à voter qui s’apparente à un vote électronique. Pour couper la poire en deux, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a proposé l’utilisation de bulletin pour l’élection présidentielle et de la machine à voter pour les législatives nationales et
provinciales. Jusqu’ici, pas de compromis n’a été trouvé entre les parties prenantes au processus électoral sur l’utilisation ou non de cette machine. Toutes ces divergences de vue porteraient à croire qu’il y a une méfiance totale entre les parties prenantes à ce processus. Ce qui présagerait un avenir incertain pour la tenue des élections.
Octave MUKENDI

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