ActualitésDossier spécial électionsNation

Basengezi: les vraies raisons de sa démission

Une sortie honorable pour le désormais ancien vice-président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, Norbert Basengezi Kantitima. Le mandat de la CENI étant arrivé à son terme, Basengezi a jugé utile de ne pas garder son siège au-delà du délai imparti par la loi. Tel est le principal motif avancé par l’ancien ministre de l’Agriculture. «Conformément à l’article 13 de la loi organique de la CENI, le mandat des membres de la CENI est de 6 ans non renouvelable. Je viens de dépasser 3 ans et demi en complément de deux ans et demi réalisés par mon prédécesseur sur l’ensemble du mandat qui prend fin en ce mois de juin 2019», explique Basengezi dans sa lettre de démission adressée à Joseph Kabila, président national du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD-, qui l’avait délégué au sein de la Centrale électorale en 2016. Basengezi soutient qu’il veut accorder à Kabila assez de marge de manœuvre pour «réfléchir calmement à mon remplacement». En outre, il dit vouloir prendre «un petit repos que je n’ai pas eu pendant 3 ans et demi».

Basengezi, favorable à la dépolitisation de la CENI

En s’en allant de la CENI, Norbert Basengezi soulève le débat sur les différentes reformes à entreprendre dans le domaine électoral. «En quittant la CENI, nous laissons un débat derrière nous concernant les élections locales et les différentes réformes qui doivent être amorcées. Parmi ces réformes figurent notamment la modification du mode des scrutins des élections des sénateurs, gouverneurs», avance-t-il, estimant qu’il faudra beaucoup de courages pour engager ces réformes, car «l’accord de la Saint Sylvestre, qui interdit toute révision de la Constitution, semble avoir jusqu’à ce jour une certaine force». Une autre réforme soulevée par Basengezi est celle relative aux membres devant composer le bureau de la CENI. S’opposant à l’application de l’article 10 de la loi organique de la CENI, il préconise la dépolitisation de la Centrale électorale et s’affiche favorable au recrutement des experts internes et externes. A ce jour, affirme-t-il, la CENI regorge en son sein de nombreux experts qui peuvent, dans le futur, promouvoir la plus grande école électorale d’Afrique.

«L’on juge l’arbre à ses fruits»

Gonflé à bloc et satisfait d’avoir «réalisé avec détermination un travail de qualité au prix de multiples sacrifices à la grande satisfaction de notre peuple», Norbert Basengezi Kantitima déclare: «l’on juge un arbre à travers ses fruits». A l’actif de l’équipe dont il a été vice-président, Basengezi compte des fruits agréables. «L’actuelle équipe de la CENI de la RD-Congo laisse au pays dans 3 ans et non 5 ans, un Président de la République élu, issu de l’Opposition contrairement aux accusations contre la CENI d’être à la solde d’un camp, un Parlement avec toutes les deux chambres opérationnelles et issues des élections, 26 Assemblées provinciales et 25 provinces avec des gouverneurs élus», note-t-il avec fierté, non sans se réjouir de constater que le pays est calme après les élections, hormis les coins où les sévissent les groupes armés. Par ailleurs, Basengeri rappelle qu’à l’installation de l’équipe Nangaa, le contexte électoral a été marqué par plusieurs contraintes et difficultés sur le plan organisationnel. Outre la description du passif hérité de l’équipe précédente, Basengezi reconnait au team Malu-Malu le mérite d’avoir posé les bases de l’utilisation de la machine à voter en menant des études approfondies sur cet appareil afin de contribuer à la transparence et à la crédibilité des résultats. «Les études sur la machine à voter, commencées 3 ans avant notre arrivée à la CENI à l’initiative de l’abbé Apollinaire Malumalu ont été malheureusement attaquées aussi bien pour des motifs politiques que financiers», souligne Basengezi. Puis: «Cette machine à voter, pour la quelle nous sollicitons la propriété intellectuelle du logiciel utilisé en RD-Congo, a contribué significativement à l’organisation des élections transparentes, crédibles et apaisées aujourd’hui vantées même par les pays qui ont critiqué notre travail au début en les qualifiant des meilleures élections de l’histoire de la RD-Congo».

Des remerciements à Fatshi, Kabila et aux RD-Congolais

Dans sa lettre, Norbert Basengezi a réservé une part belle de ses lignes en témoignant de sa gratitude à diverses personnalités et institutions. Il a d’abord remercié le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi «pour la confiance et l’accompagnement qu’il nous a témoignés durant les 5 premiers mois de son mandat». Il a ensuite dit merci à l’ancien Chef de l’Etat et président national du PPRD, Joseph Kabila, pour «la confiance placée en sa modeste personne en le désignant d’abord et en le nommant ensuite par Ordonnance présidentielle pour assurer les fonctions de vice-président de la CENI au nom de leur parti, le PPRD». Minaku, Kengo, Mabunda, l’Union africaine, la MONUSCO, etc. ont aussi été évoqués dans le répertoire de remerciements de Basengezi. «Je remercie le peuple RD-congolais de 26 provinces pour m’avoir logé et durant toutes les étapes de préparation et d’organisation des élections afin que la date du 24 janvier 2019 soit fêtée avec faste dans notre pays», conclut le désormais ancien vice-président de la CENI.

Laurent OMBA

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page