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Kambinga livre ses secrets politiques

Germain Kambinga Katomba semble né pour prendre toujours le chemin inverse, faire les choix difficiles. Quand son père, Christian Kambinga, est avec Kabila au sein de l’Alliance de la Majorité présidentielle -AMP- puis de la Majorité présidentielle -MP-, le fils choisit Jean-Pierre Bemba et l’accompagne dans l’Opposition. Quand il est admis dans le cercle rapproché de Bemba et prend l’habitude de côtoyer Fidèle Babala, le sherpa du boss du MLC, il abandonne ce privilège pour rejoindre finalement le gouvernement de Kabila alors que l’opinion pensait son heure venue pour jouer les premiers rôles, surtout après qu’il a pu battre, aux élections législatives à Kinshasa -Lukunga, le Secrétaire général Thomas Luhaka. Son ascension dans la machine a dû lui a créer des ennuis au parti et dicter son départ du MLC au profit du gouvernement Matata. Après son départ de l’Exécutif, Kambingasurprend davantage. Il crée sa propre formation politique, Liberté, et son propre regroupement politique, Le Centre, un attelage d’une vingtaine de partis politiques. Encore un choix compliqué:celui de repartir à zéro pour se tisser une toile malgré les critiques acerbes. Germain Kambinga pense jouer un rôle dans l’arène avec Le Centre. Son ambition est de gérer le pays avec le camp qui va remporter les prochaines élections présidentielle et législatives. Clair qu’il ne rentrera pas au MLC malgré la libération de Jean-Pierre Bemba à qui il conseille de prendre le temps de reconstituer la machine plutôt que de se fier à la sympathie passagère constatée après son acquittement. Kambinga croit dur comme fer que son ancien mentor trouve aujourd’hui une opposition remaniée avec un nouveau leadership à deux têtes. D’une part, il y a Félix Tshisekedi, dans la fleur de l’âge, successeur à la tête du parti historique UDPS de son père Etienne Tsehisekedidont il jouit encore de l’aura. Et, d’autre part, Moïse Katumbi, à la tête d’une fortune et d’une organisation politique solide composée d’une bonne partie des leaders locaux. Kambinga est plutôt prêt pour aller à des élections apaisées et transparentes à conditions de résoudre les soucis d’inclusion, de transparence et de consensus. Toujours aussi attiré par l’idée d’une Table ronde avec le rendez-vous du 23 décembre, il est d’avis que la RD-Congo, pays post-conflit, ne peut construire sa démocratie sans un dialogue permanent, sans une recherche pérenne de consensus.«Les rares victoires remportées par ce pays sont des victoires obtenues autour d’une table», a-t-il dit, estimant que le choix de Le Centre est celui de la modération. Selon lui, Le Centre aura un candidat à présidentielle qui sera issu soit de ses rangs soit des rangs de l’alliance qu’il projette de nouer avec «le groupe politique qui va accepter d’intégrer nos préoccupations programmatiques, qui nous semblera être porteur d’idées novatrices et de sérieux dans son organisation et qui aura plus de chances de prendre le pouvoir donc de nous permettre, au travers de l’alliance, d’appliquer notre programme et de contribuer à ce que la misère du peuple soit jugulée par les stratégies et les compétences que nous allons mettre au service de la nation». Kambinga a livré ses secrets à la faveur d’un entretien dimanche avec trois médias de Kinshasa dont AfricaNews. 
 
Que pensez-vous de l’évolution du processus électoral en RD-Congo?
Nous sommes pour les élections, mais nous sommes en même temps pour que ces élections puissent être entourées de toutes les précautions en terme de décrispation, d’inclusion, de crédibilité et de transparence. A ce stade, Le Centre peut dire qu’il y a un train, avec des mesures techniques, qui avance. Mais il y a quand même quelques difficultés qu’il va falloir aborder sereinement pour qu’effectivement la course vers la démocratie soit gagnante et non pas que l’on se retrouve avec une élection qui, au lieu d’être une solution, sera un problème.
Quelles sont ces difficultés?
Les questions d’inclusion, de transparence et de consensus sur le mode des élections, la machine à voter. Ce sont des questions essentielles sur lesquelles il va falloir trouver un compromis. Plus le temps va passer, plus cela ne sera plus de la responsabilité des acteurs politiques mais de la CENI d’être à l’avant-garde d’une approche politique pour obtenir le consensus. A un moment donné, nous serons tous tellement engagés dans le processus que plus personne n’aura la tête à cela. Certains seront arc-boutés sur leurs positions extrémistes et d’autres vont foncer tête baissée vers un électorat qui leur semblerait acquis, oubliant qu’en définitive on pourra faire face à un problème. La CENI doit comprendre les difficultés d’ordre politique et les énoncer et encourager un consensus.
En cherchant le consensus, les acteurs politiques ne vont-ils pas en profiter pour pouvoir imposer des règles qui leurs sont avantageuses?
Notre façon de concevoir les choses est de dire: «Tout va bien madame la marquise» et on avance. Ensuite, il ne faut pas se plaindre. Ce pays reste convalescent de toutes les guerres fratricides. Ce qui a toujours permis au Congo de gagner dans son histoire, c’est cette volonté de dialogue permanent. Les rares victoires remportées par ce pays sont des victoires obtenues autour d’une table.Ce n’est jamais un extrême contre un autre qui a permis au Congo de gagner. Que ce soit la Table ronde, la Conférence nationale souveraine, le Dialogue inter-congolais, les Concertations nationales, les Dialogues de l’Union africaine ou de la CENCO. Ça peut paraitre trop mais c’est peut-être le cheminement par lequel le Congo doit passer pour construire sa démocratie. Nous ne sommes pas un pays démocratique mais un pays en transition démocratique dans la mesure où le processus est en cours de validation avec un mimétisme institutionnel qu’il faut transformer en habitudes de gouvernance et de gestion. Ce qui n’est pas encore le cas. Puisqu’on se retrouve dans cette phase-là, il n’est pas possible de sortir du consensus. S’arrêter à une approche totalement froide, manichéenne et normative, ce serait faire courir un danger important à ce pays. Imaginez que le Président Kabila en 2001, après avoir succédé à son père, ait dit qu’on continue la guerre, on va les mater et organiser les élections parce que si on discute on va perdre du temps. Imaginez qu’en 2013, pendant que le M23 faisait son show à l’Est, le Président Kabila ait dit que j’ai gagné les élections, tout ce que vous racontez sont des histoires… Il n’y aurait pas eu des Concertations nationales. Pensiez-vous qu’il y aurait eu un autre dialogue avec Etienne Tshisekedicomme l’extincteur qui a permis de traverser calmement 2016 malgré le fait qu’il avait tout à reprocher au pouvoir?Tshisekedia considéré que le dialogue est dans notre ADN. Par sa sagesse, il a compris que l’autre schéma qui consistait à suivre la voie des carton jaune ou carton rouge, dont il a été l’initiateur, était destructrice. Il nous a amenés à un dialogue qui a permis ce qu’on appelle le glissement. Ce glissement, avec ses côtés négatifs, a permis d’être autour d’une table sans qu’il y ait trop de coup de feu, balkanisation, guerre ou conflits suffisamment importants pour déstabiliser les 2.345.000 km2. Cela nous permet aujourd’hui de tracer des perspectives. Si nous n’essayons d’améliorer certaines choses et que nous y allons comme ça, il y a beaucoup plus de chances que nous connaitrions de vrais problèmes. C’est un choix. Le nôtre, en tant que Centriste, est celui de la modération. Nous sommes engagés dans le processus et nous irons à ces élections. En parallèle, il n’est pas trop tard pour que les grandes options consensuelles soient levées.
Ces grandes options n’incluent-elles pas une énième transition?
On n’est en pas là pour l’instant. Nous avons six mois pour organiser les élections. Il ne faut pas mettre en avant la problématique de la transition sans tenir compte de ce qui est déjà fait ou de ce qui est en train de se faire. Il n’est pas impossible de continuer l’application du calendrier électoral en y ajoutant un agenda politique. La CENI peut continuer à faire son travail pendant que les politiques vont se réunir pour des réajustements. Le cas spécifique de la machine à voter, qui est une innovation. Les innovations sont toujours porteuses d’inquiétudes au départ. N’est-il pas possible de soumettre cette machine à l’expertise des techniciens de chaque partie? Ceci va permettre de comprendre qu’elle peut être une machine électronique de vote si elle est centralisée mais que dans le cas d’espèce, elle soit utilisée comme imprimante pour réduire la taille des bulletins de vote et permettre une contre-vérification systématique du vote manuel. Ce sera un gain de temps, d’efficacité et de crédibilité.
Toute cette organisation peut prendre combien de temps sans prendre le risque d’éloigner davantage les élections?
Laissez la CENI faire son travail et les politiciens entendez-vous. C’est simple. La CENI ne va pas arrêter de travailler pendant que les politiciens seront dans des pourparlers. Ce ne sera pas pour compliquer ce qui a été fait mais pour améliorer la transparence.
Moïse Katumbi est déclaré candidat mais il ne serait pas Congolais. S’il doit entamer des démarches pour recouvrer sa nationalité, il court le risque d’être hors course. S’il faut appliquer la décrispation sur sa personne, ne va-t-on pas dépasser le délai de dépôt de candidature fixé dans le calendrier?
Le calendrier électoral n’est pas une loi. Il est une circulaire de la CENI. Pensez-vous que si le climat de confiance est suffisamment rétabli entre les différents camps et que chacun se disant Congolais accepte de donner le meilleur de lui-même à travers des garanties de transparence, on ne pourra pas trouver un aménagement pour Moïse Katumbimême si le délai de dépôt de candidature est dépassé? Cela n’est possible que dans les discussions. Du point de vue de droit, beaucoup d’écueils se sont accumulés du fait de l’antagonisme exacerbé par les ambitions de différents camps tout simplement. Il faut déjouer cela. Ce n’est pas possible à travers les communiqués. Il faut qu’on se retrouve en face sans empêcher la CENI de faire son travail. Il y a tellement des décisions politiques possibles que rien n’est impossible si nous ouvrons une brèche pour notre dialogue.
Quelles sont les ambitions du Centre? Avec quel camp politique Le Centre pense pouvoir cheminer?
De prime abord, nous n’avons pas créé Le Centre pour grandir le rang de la protestation. Sinon, on serait dans l’Opposition. Le Centre a été créé pour être une force de proposition qui veut gouverner parce qu’on a un programme et des idées fortes qui ont besoin d’être appliqués rapidement pour permettre à la RD-Congo de redécoller. Dans les jours qui viennent, nous allons présenter une centaine de propositions concrètes du Centre pour permettre à la RD-Congo, en moins de dix ans, de reprendre son envol. Ce ne sont pas des propositions chimériques mais techniques, bien faites, réalistes et réalisables.
Partant de là, l’alliance que nous projetons est celle de la raison. Nous sommes en train de regarder devant nous. Aux provinciales, nous allons présenter entre 500 et 600 candidats. Aux législatives nationales, nous projetons d’avoir au minimum 400 candidats sur les 500 sièges à pourvoir. Nous allons avec de grandes ambitions.
La question de la Présidentielle intègre au niveau du Centre une réflexion basée sur une idée toute simple. Dès le départ, nous avons voulu faire les choses de manière à incarner le sérieux. Le Centre ne veut pas être à la base d’une énième candidature folklorique, celle qu’on annonce sans en avoir les ambitions. Mais, Le Centre aura un candidat Président de la République. Pour qu’il soit issu des rangs du Centre, il doit remplir un certain nombre de critères permettant au Centre de jouer un rôle majeur durant ces élections. Sinon, nous aurons un candidat issu d’une alliance qui se fera avec le groupe politique qui va accepter d’intégrer nos préoccupations programmatiques, qui nous semblera être porteur d’idées novatrices et de sérieux dans son organisation et qui aura plus de chances de prendre le pouvoir donc de nous permettre, au travers de l’alliance, d’appliquer notre programme et de contribuer à ce que la misère du peuple soit jugulée par les stratégies et les compétences que nous allons mettre au service de la nation.
Quels groupes politiques figurent dans votre short-list?
Nous sommes dans une période où les alliances et les négociations politiques de tous ordres sont en train de se structurer. En tant que premier responsable du Centre, à ce stade, aucune alliance n’étant conclue, nous ne pouvons pas ici dire que ce sera tel ou tel autre camp. Nous sommes dans une phase de contacts avec tous les groupes politiques. La vocation naturelle du Centre a toujours été de gouverner plutôt que de s’opposer. Partant de là, nos choix vont être dirigés et fidèles à cette philosophie Centriste.
Au regard des groupes politiques en présence, lequel semble être le plus proche du portrait dressé?
En 2006, il y avait deux camps tout comme en 2011. La situation particulière d’aujourd’hui fait que nous ayons plus de deux forces. Il y a le camp de la Majorité présidentielle et des alliés autour qui se structurent avec beaucoup de cohérences, d’ambitions, de préparations et de sérieux. C’est un camp fort et une valeur sûre. Il y a le camp de Moïse Katumbi avec son Ensemble qui se présente avec de grandes ambitions et de grandes capacités d’organisation. Une grande partie de la classe politique active a rejoint ce camp politique. C’est un groupe politique solide. Le troisième camp est celui de l’Opposition historique incarnée par le leadership de l’UDPS et du président Félix Tshisekedi qui se présente avec de grandes ambitions également du fait de l’aura du père et de l’histoire qu’incarne ce parti puis de l’adhésion des partis atomistiques qu’il y a autour de l’UDPS qui a certainement un mot à dire. Il y a enfin un quatrième pôle qui se retrouve revigoré avec la sortie du sénateur Jean-Pierre Bemba. C’est le pôle qui va se fédérer autour du MLC. Le choix du Centre se fera parmi ces quatre pôles.
Ayant eu des liens particuliers avec Bemba, Le Centre peut-il opter de porter la candidature de Jean-Pierre Bemba?
Jean-Pierre Bemba est et restera un genre de père politique pour moi. On n’est pas fidèle dans ses nouvelles amitiés, si on est infidèle à son passé. J’ai commencé avec Jean-Pierre Bemba quand j’avais 25 ou 26 ans et j’ai connu le Congo politique grâce à lui. C’est mon histoire, elle ne changera plus. La gratitude et le respect seront toujours-là. Mais, ce sont des sentiments personnels. Or, nous parlons politique. En tant que politique, je ne suis plus maître absolu des orientations à prendre. Je dépends d’un groupe politique, Le Centre, d’un public que nous avons construit et unifié à travers le pays. Je n’ai aucun pouvoir de faveur dans la décision à prendre. J’ai un pouvoir d’opinion comme tous les autres et j’aurai surtout un devoir de la concrétisation et de l’accompagnement de la décision qui sera prise. Mes sentiments personnels, mon passé ne sont pas des arguments relevant.
Est-ce par modestie que vous ne vous proposez pas comme candidat à la présidentielle?
Ce n’est pas par modestie. Chaque chose a son temps. Le temps qui est le nôtre est de nous déterminer par rapport à l’avenir. Au stade où nous sommes, il n’y a aucune exclusion d’hypothèse. Il y a simplement la définition d’un schéma qui sera tout sauf folklorique. Je suis un des meilleurs élus de Kinshasa, je suis un des jeunes politiciens RD-congolais en activité. Il ne me coûte rien pour faire un point de presse et des annonces qui suscitent débat. Ce n’est pas cela notre conception de la politique. Nous avons une conception sérieuse de la politique et nous voulons être pris au sérieux. C’est pour cela que nous mesurons chacune de nos déclarations et de nos actes.
Entre le dauphin de Kabila, Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Adolphe Muzito, Noël Tshiani, l’individu Germain Kambinga, dans l’isoloir, votera pour?
Je voterai pour le candidat que Le Centre aura décidé d’appuyer. Soit c’est un Centriste, soit c’est un candidat du Centre, c’est-à-dire que le candidat que Le Centre aura adoubé avec d’autres forces politiques parce que j’en suis le président et que je suis un homme de vérité. Je ne fais pas la politique avec des calculs hypocrites. Je la fais avec responsabilité et cohérence. Il n’y aura pas d’ambiguïté. C’est un affrontement de vérité.
Le Centre a-t-il pu résoudre le problème lié à son absence sur la liste des partis et regroupements autorisés à prendre part aux élections?
Nous avons reçu une lettre du Secrétariat général du ministère de l’Intérieur qui reconnait son erreur et qui acte l’existence du Centre. La CENI a aligné Le Centre. Cependant, nous revendiquons d’être au même niveau juridique que les autres regroupements par une publication au Journal officiel. Nous ne voulons pas bénéficier d’un passe-droit confidentiel.
D’un côté, la CENI et la MP foncent dans le processus. De l’autre, le CLC lance l’ultimatum. La table ronde, votre proposition, devient comme uneidée qui doit forcément s’interposer pour éviter un affrontement. Est-ce que vous avez l’impression de n’avoir pas été écouté?
En tout état de cause. La facture d’un dialogue sera toujours moins élevée que la facture de la confrontation et des convulsions sociales. La guerre des égos doit s’arrêter. Le Congo n’a gagné dans son histoire que lorsque ses enfants ont décidé de se mettre autour d’une table.
Souvent ces discussions tirent en longueur…
Les guerres aussi tirent en longueur. C’est un choix à faire.
Voyez-vous le processus se réaliser?
Techniquement, les choses avancent. Il n’y a rien qui pourrait laisser penser que techniquement les élections vont être arrêtées. Toutes les étapes calendaires ont jusque-là été respectées par la CENI. A priori, nous atteignons la vitesse critique où il ne sera plus possible d’arrêter en douceur la machine. Tenant compte de ces paramètres techniques, nous avons l’impression que tout est mis en œuvre. Il y aura effectivement élections.
Ne voyez-vous pas des manifestations dites pacifiques du CLC se réaliser le jour même des élections?
Ce serait un point de vue assez contradictoire. Le CLC est de la société civile. Si on veut des élections, pourquoi manifester le jour des élections?
Parce qu’il n’y a pas des préalables qui ne sont pas respectés…
C’est alors un autre problème qu’on pose qui n’est pas politique. La résolution de cette problématique repose sur la prise de confiance des uns et des autres, du rapport des forces et aussi de la nécessité de mettre par terre les égos pour qu’on se mette autour d’une table sans triomphalisme d’un camp ni obstination belliqueuse de l’autre.
Croyez-vous aux élections transparentes et apaisées s’il n’y a pas cette table ronde?
Si non, on n’insisterait pas. Nous pensons effectivement qu’il est possible d’interrompre la répétition après 2006 et 2011. C’est un choix que les politiques doivent faire au-delà de toute hypocrisie et de tout populisme.
Et votre réponse à ceux qui accusent Kabila de n’avoir pas l’intention d’organiser les élections?
Je crois aux élections parce que j’ai intérêt, en tant que groupe politique, à ce que ces élections aient lieu le plus tôt possible. L’espace que nous sommes en train de conquérir doit être confirmé par le fait, c’est-à-dire avec des élus, des représentants, donc avec une force supplémentaire pour imposer nos idées dans la marche de la nation.
Que vous inspire ce débat autour du troisième mandat du Président Kabila?
J’ai toujours été convaincu qu’au-delà des postures et de débat de principe, la victoire est d’abord une question d’organisation. Même dans l’hypothèse où Joseph Kabila pourrait être candidat. Qu’est-ce qui a permis à MackySall de battre Wade qui était dans une situation quasi-similaire et a forcé sa candidature par une victoire juridique à la Cour constitutionnelle? Il s’est retrouvé dans l’impossibilité de gagner face à une organisation minutieuse de l’opposition d’outre passer la volonté populaire. Au-delà des postures de principe que prennent les différents campspolitique, il n’est pas possible, si vous êtes bien organisé, d’être mis en minorité dans une élection. Le jour où l’opposition congolaise alignera un candidat capable de mobiliser 300 ou 400 mille témoins. Le jour où l’opposition congolaise aura suffisamment de crédibilité pour demander aux votants de rester sur le lieu de vote jusqu’à la publication. Le jour où dans le dernier bureau de vote il y aura des témoins et des représentants de l’opposition en nombres. Ce jour-là, quelles que soient les hypothèses, il n’y aura pas débat sur la crédibilité du processus. Nous, on s’arrête sur des principes, désignant Kabila comme le problème. Kabila est un politicien. Il dirige un camp. Moi, je suis un démocrate éclectique. Pour moi, il y a certes des principes mais il y a aussi la réalité. Je reste convaincu que la volonté de conservation est consubstantielle à tous les camps politiques. Aucun camp politique n’abandonne par principe. Les camps politiques perdent parce que le rapport des forces est modifié.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que Le Centre est l’excroissance de la MP?
Le Centre n’est pas l’excroissance de la Majorité. Le Centre est un groupe indépendant qui a vocation à se déterminer de façon indépendante. Je n’ai pas fait tout ce parcours pour être une excroissance de qui que ce soit. Sinon, je serai de la Majorité simplement. Quelque soit le camp que nous déciderons d’appuyer, ce sera dans une logique de collaboration, d’alignement et non de ralliement. Nous n’allons jamais capituler sur la question de notre indépendance mais nous pouvons collaborer. Nous sommes un jeune groupe en terme de primogéniture. Il ne sera pas facile pour nous de révolutionner la pensée politique congolaise en systématisant le consensus. Je ne suis pas un homme de chemin facile. Je suis un adepte de ce qui est difficile mais qui est porteur d’innovation et de perspective.
Avez-vous un message particulier?
Nous n’avons qu’un seul pays. Au-delà des égos et des ambitions, ce que le Congo attend de nous c’est une vraie politique publique de développement. C’est que nous soyons en phase avec notre hymne national, avec le rêve des Pères de l’indépendance. C’est le travail de chacun. Le Congo de demain est un Congo de l’unité, de la conjugaison, de l’addition et non de la soustraction.
Propos recueillis par AKM et Laurent OMBA

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