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Oly Ilunga: fuite en avant

La maladie à virus Ebola tue à l’Est du pays et plus particulièrement dans la région de Beni et Butembo. Plus de 1.600 morts sont déjà enregistrés depuis que cette épidémie s’est déclarée. Préoccupé par la santé de sa population, le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a pris la résolution de prendre à bras le corps ce dossier et de conduire personnellement les activités de la riposte. Il a ainsi confié la direction à une équipe d’experts sous la conduite d’un secrétariat technique avec, à la tête, le Dr. Muyembe Tamfum, une référence mondiale en la         matière. Curieusement, la décision du Chef de l’Etat a provoqué le courroux du ministre de la Santé publique, Oly Ilunga Kalenga au point d’entrer aussitôt en rébellion avec à la clé le dépôt de sa démission.  «Il ne peut pas y avoir plusieurs centres de décision au risque de créer une confusion et une cacophonie préjudiciable pour la riposte. L’unicité dans la gestion d’une telle riposte répond ainsi au triple impératif de l’efficacité, de la cohérence des décisions et de la redevabilité», a-t-il écrit au Chef de l’Etat. Puis: «Tirant ainsi les conséquences de votre décision de placer la conduite de la riposte à l’épidémie de la maladie à virus Ebola sous votre supervision directe et anticipant la cacophonie préjudiciable à la riposte qui découlera inévitablement de cette décision, je viens, par la présente, vous présenter ma démission de mes fonctions de ministre de la Santé».

Fuite de responsabilités

Dans sa lettre de démission du 22 juillet 2019, le ministre de la Santé évoque ce qu’il qualifie de confusion, le fait que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, ait placé sous sa supervision directe la conduite de la riposte à l’épidémie de la maladie à virus Ebola. Il ne supporte pas non plus le fait qu’un secrétariat technique ait reçu la mission de coordonner l’ensemble des activités de la riposte. Aussi sa colère monte à la gorge quand il déplore également le fait que ce secrétariat technique du comité multisectoriel de la riposte à la MVE ait été mis en place par un décret du Premier ministre antidaté au 18 mai 2019 et contresigné à son insu par le ministre qui assurait son intérim alors qu’il était en mission de supervision de la riposte à Goma le 18 juillet 2019. Des déclarations qui, aux yeux des observateurs, prouveraient que le ministre Oly Ilunga n’avait pas de pouvoir réel sur la gestion du ministère de la Santé. Sinon, il aurait agi en ce temps-là.

Pour des observateurs avertis, la démission de Oly Ilunga, qui est déjà démissionnaire car expédiant les affaires courantes en attendant la formation du nouveau gouvernement, est une preuve que son travail n’a pas été apprécié par le Chef de l’Etat qui en a marre avec la persistance de virus Ebola à l’Est du pays.

«Si le ministre de la Santé, et non pas d’Ebola, était à la hauteur de sa tâche, il ne se sentirait pas humilié par la décision du Chef de l’Etat car on sait partout au monde que, quand la situation perdure, le Président de la République s’y implique», a confié un observateur. Et de souligner: «Oly Ilunga n’a pas su digérer sa mise à l’écart dans la riposte contre Ebola».Déjà des langues exigeraient un audit de la gestion du ministre démissionnaire de la Santé publique. Cette fuite en avant masquerait beaucoup de zones d’ombre. Pour le commun des observateurs qui se sont exprimés sur le sujet, nombreux sont ceux qui laissent entendre que les vraies raisons de la démission de Dr Oly Ilunga seraient à chercher ailleurs. L’opinion se souviendra de la manière dont cet ancien médecin personnel de feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba avait défrayé la chronique. C’est connu de tous que depuis belle lurette le ministre démissionnaire ne serait pas en odeur de sainteté avec la famille tant biologique que politique du sphinx. En creusant de ce côté, on ne serait surpris de découvrir des cadavres dans le placard.  Godet-Paradis MUSHIYA

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