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Revoici Shadary secrétaire permanent du PPRD

Il s’est appliqué aux deux cadres du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD-, cet adage qui dit: «déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul». Ce que d’aucuns ont qualifié de blanc bonnet et bonnet blanc. Entre Emmanuel Ramazani Shadary et Henri Mova Sakanyi, le jeu s’est joué à la compensation des postes et au maintien au pouvoir. Le premier quitte le gouvernement pour remplacer le second au parti et vice-versa. Ils ont tout faux, ceux qui croyaient que le remplacement de Shadary du gouvernement était une punition à son encontre. Loin de là, l’homme est appelé à jouer le rôle clé dans la redynamisation du PPRD restructuré en ce moment où les élections pointent à l’horizon pendant que son successeur Mova au sein du gouvernement pourra poursuivre l’œuvre entreprise. Bien attendu, l’annonce faite par Evariste Boshab, sur la nomination de Ramazani Shadary au secrétariat permanant du PPRD, a fait l’effet d’une bombe, démontrant ainsi la détermination du PPRD de se battre aux prochains scrutins. Portrait d’un animal politique qui a la maitrise des méandres de la politique RD-congolaise.
 
Lorsque le mardi 20 février, deux Ordonnances présidentielles, l’une relevant Emmanuel Shadary de ses fonctions de vice Premier ministre en charge de l’Intérieur et sécurité et l’autre nommant Henri Mova à ce poste, les commentaires sont allés bon train. Certains ont cherché à savoir les fautes commises par Shadary et ayant entrainé son remplacement du gouvernement Tshibala étant donné qu’il est le seul à être relevé de ses fonctions. Erreur monumentale! Comme l’avait annoncé «AfricaNews» dans ses colonnes, le départ de Shadary du gouvernement n’est pas une sanction à son encontre, mais plutôt un choix dicté par la révision des statuts du PPRD en vue de redynamiser les structures à la base et se préparer aux prochaines élections que le PPRD entendrait gagner pour conserver le pouvoir. Pour preuve, 7 jours son départ du gouvernement, Shadary a été nommé secrétaire permanent du PPRD. Un poste clé dans l’administration du parti présidentiel.
Natif du Maniema
Le 29 novembre 1960, soit 5 mois après l’accession du Congo Belge à la souveraineté nationale et internationale, un bébé est nait de l’union matrimoniale de feus Bakali Ramazani et Sifa Tabu, dans les savanes herbeuses et minières de Kasongo. Nous sommes dans le groupement de Kilunguyi, secteur de Bangubangu, territoire de Kabambare, province du Maniema. Tout joyeux, le couple Bakali décide de donner au bébé mal le nom d’Emmanuel Ramazani Shadary. A en croire les proches du nouveau-né, à observer ses réflexes et gestes aussitôt après sa naissance, une sage-femme qui assistait sa maman Sifa Tabu s’écria: «il sera très éveillé et très intelligent». Et de poursuivre: «l’oracle de la sagefemme s’est réalisé lorsqu’à la fin de ses études primaires en 1974, il réalise 86.4% pour obtenir son certificat qui lui sert de visa pour entamer les études secondaires. Là encore, Emmanuel Ramazani Shadary confirme la prophétie de la sagefemme de Kasongo en achevant ses humanités pédagogiques avec 73%». Sorti lauréat de son école, Shadary est immédiatement admis à l’Université de Lubumbashi à la faculté des Sciences sociales, administrative et politiques. A l’époque, le pays ne compte que trois universités, à savoir celle de Kinshasa appartenant à l’Eglise catholique, de Lubumbashi appartenant à l’Etat et de Kisangani appartenant aux Protestants.
Le camarade coup sur coup
A Kasapa, à Lubumbashi Wantashi, Shadary crée le miracle académique. Du premier au deuxième cycle, il en sort en 1987 avec cinq distinctions. Il est de ce fait surnommé «coup sur coup» par ses contemporains. C’est avec la mention la plus grande distinction qu’il termine son troisième cycle en Sciences politiques et administratives à l’Université de Kinshasa où il est doctorant depuis 2015. Le français, le lingala, le swahili et l’anglais -moyen- figurent au nombre de ses langues de prédilection. En responsable, Shadary est marié à Madame Wivine Paipo Ngweli et père de 8 enfants traînant derrière lui une longue expérience. Notamment assistant et directeur général d’Enseignement supérieur et universitaire, acteur de la Société civile au Maniema et à la Conférence nationale souveraine -CNS- , administrateur de territoire assistant, puis administrateur de territoire titulaire, vice-gouverneur puis gouverneur du Maniema entre 1998-2001 sous Mzee Laurent-Désiré Kabila. Il va se trouver refuge à Kinshasa lorsque les troupes rebelles du Rassemblement congolais pour la démocratie -RCD- soutenus par le Rwanda occupent les villes de l’Est du pays. Il est membre co-fondateur du PPRD en 2002 dont il devient secrétaire exécutif national en charge du processus électoral et de la discipline de 2005 à 2015.
Deux fois élu député national
En 2006 et 2011, il est deux fois élu député national dans la circonscription de Kabambare. Pendant la même période, il est directeur de campagne du candidat Président Joseph Kabila au Maniema. Vice-président -2006-2011- puis président de la Commission PAJ de l’Assemblée nationale, il assumera par la suite les fonctions du vice-président et président du groupe parlementaire PPRD, de coordonnateur de la majorité parlementaire à la chambre basse du Parlement RDcongolais. Le 17 mai 2015, en récompense pour ses mérites et succès dans des crises politiques, celui qu’on surnomme encore «l’homme des situations diffciles» est désigné secrétaire général adjoint du PPRD par son Joseph Kabila Kabila.
Le bad boy au dialogue de la CENCO
Aux dialogues de la Cité de l’Union africaine et de la CENCO, il est désigné chef de la délégation de la Majorité présidentielle et joue un rôle de premier plan avec le concourt d’autres de ses camarades pour arriver à la formation du gouvernement de l’union nationale. A la CENCO, il est le bras radical de la MP et met en mal la poursuite des négociations refusant toute concession avec l’Opposition. Il est surnommé par la presse «le bad boy». Ce qui fait que l’autorité morale lui retire la parole. Il va assister aux travaux sans parler jusqu’à la signature de l’Accord de la CENCO. Notons qu’à la faveur du gouvernement, il est nommé, sous Samy Badibanga et reconduit sous Bruno Tshibala, comme vice Premier ministre, ministre de l’Intérieur et sécurité. Fonction qu’il assumera jusqu’au 20 février 2018 avant d’être remplacé par Henri Mova Sakanyi. 14 mois après sa prise des fonctions à ce ministère, il laisse un bilan élogieux sur le plan sécuritaire en réduisant les foyers de tension ou en les éliminant totalement. Et sur le plan politique, il a le mérite d’avoir défendu la loi électorale au Parlement RD-congolais, loi qui devra amener, dans quelques mois, le pays aux élections libres, démocratiques et transparentes. Ladite loi est contestée par l’Opposition à cause de l’insertion du seuil de la représentativité et l’augmentation de la caution à payer par les candidats aux différents scrutins. Shadary est un manipulateur de l’opinion, il sait comment jouer sa carte et surtout défendre son camp. Depuis lundi 26 février 2018, l’initiateur du parti Joseph Kabila Kabange l’a nommé sur sa décision au poste de Secrétaire permanent du PPRD chargé de gérer le parti au quotidien et de préparer les élections à venir. Le défi qui l’attend est celui de faire gagner son parti aux prochains scrutins.

Octave MUKENDI

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